Santé

Une pratique qui se globalise

Plus de 50% des médicaments vendus au Togo sont des faux

La vente des faux médicaments ne cesse de prendre de l’ampleur en Afrique subsaharienne.

Une étude menée au Togo par Afèignindou Gnassingbé, Antoine Flahault, Kossi Blewussi Kounou et Dominique Sprumont, examine les facteurs expli- catifs de la persistance du trafic et de la consommation de faux médicaments au Togo et propose des stratégies de renforcement de la lutte contre ces pratiques. 

Le trafic et la vente des médicaments de qualité inférieure et falsifiés, ou tout simplement ‘faux médicaments’ constituent un enjeu mondial de santé publique. 

Cette pratique se globalise et se pérennise en Afrique subsaharienne où malgré les discours officiels, peu d’actions concrètes sont entreprises pour la contrecarrer, soulignent les auteurs du rapport.

Les saisies réalisées ces dernières années au Togo témoignent de l’ampleur de la situation. 

Un faisceau d’obstacles explique la faible performance de la lutte contre les faux médicaments. 

Il y a la pauvreté et l’ignorance des risques sanitaires des faux médicaments, la corruption, la faiblesse du cadre législatif et réglementaire.

Les auteurs de l’étude rappellent que le commerce de faux médicaments est très lucratif avec des filières très organisées. 

Simple délit au Togo

Au Togo, le trafic et la vente des faux médicaments ne sont qu’un simple délit passible de peines légères. Il importe de suggérer la ratification de la Convention Médicrime du Conseil de l’Europe. 

Celle-ci érige en infraction pénale la fabrication de produits médicaux de contrefaçon, la fourniture, l’offre de fourniture et le trafic des produits médicaux contrefaits, la falsification des documents, la fabrication et fourniture non autorisées de médicaments et la commercialisation de dispositifs médicaux ne satisfaisant pas aux exigences de conformité.

Le rapport recommande également la multiplication des actions des équipes de contrôle et de saisie des médicaments vendus dans la rue pour dissuader les vendeurs du secteur informel et les contraindre à abandonner cette activité, 

L’analyse des dispositifs juridique, institutionnel et organisationnel de lutte contre les faux médicaments au Togo a relevé l’inefficacité de cette mission essentiellement juridique et répressive, dans un contexte de pauvreté et de précarité des populations.

Cette étude a été publiée dans la Revue internationale de criminologie et de police technique et scientifique.

Les autorités togolaises ont lancé, il y a un an, l’’Initiative de Lomé’, en partenariat avec la Fondation Brazzaville, afin de mobiliser l’Afrique autour de la thématique de la lutte contre les faux médicaments. Plusieurs chefs d’Etat du continent ont adhéré à ce projet.

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Afèignindou Gnassingbé travaille à l'Institut de santé globale, Faculté de médecine, Université de Genève (Suisse) 

Antoine Flahault travaille dans la même université 

Kossi Blewussi Kounou travaille à l’Université de Lomé, Faculté des Sciences de l’Homme et de la Santé, Département de Psychologie appliquée

Dominique Sprumont travaille à l’Institut de droit de la santé, Université de Neuchâtel (Suisse) et à la Swiss School of Public Health, Zurich (Suisse)

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