Santé

Vers une ère post-antibiotiques

«Propagation mondiale de la résistance aux antimicrobiens», tel est le thème de la Journée mondiale de la Santé qui se déroule jeudi au Togo et à travers le monde.
Dans son intervention, le ministre de la Santé, Komlan Mally (photo), à l’instar de l’Organisation mondiale de la santé (OMS, a tiré la sonnette d'alarme face à l'augmentation de la résistance aux antibiotiques, un mal qui s'explique en partie par une surconsommation de ces médicaments.

De plus en plus de médicaments essentiels deviennent inefficaces", souligne pour sa part la directrice générale de l'OMS, Margaret Chan, qui met en garde. « "Si nous ne prenons pas d’urgence des mesures pour corriger cette situation et en protéger les acquis, nous allons vers une ère post-antibiotiques, dans laquelle de nombreuses infections courantes ne pourront plus être soignées et recommenceront à tuer", a-t-elle averti.

M. Mally a également pointé du doigt un autre facteur, celui de la consommation de faux médicaments et de contrefaçons, totalement inefficaces contre les microbes

« Le gouvernement togolais a élaboré et a mis en œuvre des politiques et des stratégies qui prennent en compte la menace de la pharmacorésistance afin de limiter l’évolution et la propagation éventuelle des germes résistants », a-t-il indiqué.

Voici l’intervention de Komlan Mally à l’occasion de la Journée mondiale de la Santé
Le 7 avril de chaque année dans le monde est célébrée la Journée Mondiale de la Santé. La célébration de cette année 2011 a pour thème: « Propagation mondiale de la résistance aux antimicrobiens ».  Il insiste sur le fait que la surveillance de la pharmacorésistance contribue de façon cruciale au traitement efficace des diverses maladies infectieuses et aux résultats positifs obtenus en la matière.
Nous utilisons les antibiotiques depuis plus de 70 ans avec succès auprès des patients. En raison de l’utilisation prolongée et parfois sous-optimale de ces médicaments, les germes ciblées ont développé la résistance.
Au nombre des autres causes de la pharmaco résistance figurent :
•    l’utilisation de médicaments faux et contrefaits,
•    les mauvaises habitudes de prescription et
•     le non respect du traitement prescrit.
 S’ils ne sont pas gérés comme il faut, les germes résistants peuvent se propager et provoquer des maladies graves.
Toutefois, des efforts ont été déployés pour vaincre la pharmacorésistance en mettant au point de nouveaux médicaments et en combinant plusieurs médicaments pour le traitement des germes simples.
Dans notre région, la surveillance de la pharmacorésistance est limitée à quelques pays, si bien que nous ne disposons que de données incomplètes sur l’ampleur réelle de ce problème.
Malgré la capacité de laboratoire limitée destinée à surveiller cette résistance, les données disponibles laissent supposer que l’accroissement continu de la pharmacorésistance partout dans le monde n’a pas épargné la Région africaine.
Une résistance importante a été signalée pour des maladies telles que la diarrhée sanglante due à la dysenterie, la tuberculose, le paludisme et le SIDA.
Entre 2008 et 2009, sur les 451 isolats de germes de Shigella causant la diarrhée sanglante, identifiés par 18 pays de la Région, 78% étaient résistants aux médicaments principaux utilisés pour traiter cette affection.
Il a donc fallu utiliser de nouveaux médicaments qui coûtent relativement chers.
En ce qui concerne la tuberculose, plus de 35 000 cas de résistance à plusieurs médicaments efficaces utilisés ont été notifiés par plus de 35 pays de la Région depuis 2007. Même si le mode principal de transmission de ces souches est connu, la cause la plus importante de cette résistance, c’est le respect insuffisant ou médiocre du traitement de la tuberculose.
Au début des années 1990, la résistance généralisée à la chloroquine a été détectée dans les pays en voie de développement. Cela a entraîné un changement des politiques de traitement du paludisme menant à l’adoption de nouvelles combinaisons thérapeutiques.
A ce jour, on n’a pas constaté de résistance confirmée à ces nouveaux antipaludiques dans la Région. Toutefois, nous devons rester vigilants et contrôler régulièrement l’émergence de la résistance à ces médicaments.
Par rapport au SIDA, une enquête récente, menée dans des cliniques anténatales de plusieurs pays de la Région, a estimé que la résistance à toutes les catégories de médicaments contre le SIDA se chiffrait à moins de 5%. Ce pourcentage augmentera probablement, étant donné que de plus en plus de patients sont traités par ces médicaments.
La surveillance est la principale stratégie qui permet de détecter la résistance émergente au sein de la population ; elle permet de prendre rapidement les mesures appropriées. Par conséquent, les pays doivent renforcer leur capacité de détecter et d’identifier rapidement les germes résistants qui provoquent des maladies importantes pour la santé publique.
De plus, les laboratoires nationaux chargés de la surveillance de la pharmacorésistance doivent être dotés d’effectifs suffisants et entièrement équipés afin d’être capables de produire des données significatives pour appuyer cette surveillance.
Si nous ne la maîtrisons pas, la montée incontrôlée des germes résistants menacera nos vies et gâchera nos ressources limitées. Il faut mener une action urgente et coordonnée à tous les niveaux pour réellement préserver ces médicaments d’importance vitale à l’intention des générations futures.
Le gouvernement togolais a élaboré et a mis en œuvre des politiques et des stratégies qui prennent en compte la menace de la pharmacorésistance afin de limiter l’évolution et la propagation éventuelle des germes résistants.
La découverte des antibiotiques et autres médicaments antimicrobiens est l’une des plus grandes avancées de la médecine humaine. L’avènement de ces médicaments dans les années 40 a permis de faire reculer le fléau des maladies infectieuses, qui faisait périr alors des dizaines de millions de personnes chaque année.
Cette avancée a d’abord profité aux habitants des pays à haut revenu et aux populations aisées des pays pauvres. Mais au cours de ces 20 dernières années, grâce à de nouvelles stratégies de santé publique et à de nouveaux moyens de financement, les populations démunies ont pu avoir accès à des médicaments qui permettent de lutter contre les maladies les plus meurtrières, notamment la tuberculose, le VIH, le paludisme, les pneumonies et les maladies diarrhéiques. Les ventes de médicaments à usage humain et vétérinaire ont également connu une évolution considérable.
La découverte des antibiotiques a eu des répercussions profondes, mais l’apparition d’organismes pharmaco résistants vient aujourd’hui remettre en question l’efficacité des médicaments.
Phénomène naturel, la résistance aux antimicrobiens est cependant exacerbée par l’utilisation généralisée, abusive et irrationnelle de l’antibiothérapie et par la diffusion de bactéries résistantes dans les domaines de la santé et de l’agriculture. Les échanges commerciaux, les voyages et les flux migratoires accélèrent la propagation de ces organismes au sein des populations et à travers les frontières.
Certains des médicaments utilisés pour soigner nos parents ou nos grands-parents sont désormais inefficaces. La pharmaco résistance a un coût énorme en termes de santé publique et un nombre croissant de personnes meurt aujourd’hui inutilement, au risque d’anéantir la plupart des progrès que nous avons accomplis dans la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement relatifs à la santé.
La résistance aux médicaments pourrait également remettre en cause l’efficacité d’autres médicaments et techniques modernes employés pour lutter contre certaines maladies  transmissibles.
 « Lutter contre la résistance aux antimicrobiens : agir aujourd’hui, pour pouvoir continuer à soigner demain » est le leitmotiv. Il faut agir vite et énergiquement en suivant une démarche globale faisant intervenir tous les secteurs et tous les pays du monde.
Aujourd’hui, l’OMS appelle à agir pour inciter à plus de responsabilité et porter un coup d’arrêt à la résistance aux médicaments grâce à une politique articulée autour de six axes : planification commune; surveillance; réglementation des médicaments; rationalisation de la consommation des médicaments; prévention et maîtrise des infections; innovation et recherche.
Il faut que les pouvoirs publics, le secteur privé et tous les autres acteurs concernés répondent à cet appel. La santé du monde et la vie de millions de personnes sont en jeu.

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