Société

Le poisson a quitté la piste

Poisson d’avril. La tradition a été respectée en publiant dimanche un article relatif à une supposée fermeture de l’aéroport de Lomé. Evidemment il n’en est rien et la plateforme fonctionne tout à fait normalement.

Si quelques rares lecteurs ont cru à cette histoire abracadabra, ils peuvent être totalement rassurés. A l'année prochaine.

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La coopération sino-togolaise a du bon, mais elle a aussi ses contraintes.

Dans la nuit de samedi à dimanche, un fâcheux incident s’est produit sur le chantier du futur aéroport de Lomé, dont les travaux sont assurés par China Airport Group. 

Un contremaître chinois persuadé de parler le Mina (l’un des dialectes du Togo) a donné l’ordre à un conducteur de tractopelle togolais de déblayer un tas de sable situé à proximité du Taxiway.

Incompréhension évidente entre les deux hommes, le pilote du bulldozer a commencé à labourer une vingtaine de mètres du couloir le rendant de fait inutilisable.

Or, le Taxiway est la voie de circulation qui permet aux avions de rejoindre la piste de décollage. L’aéroport de Lomé n’en possède qu’un.

Résultat, aucun avion ne peut rejoindre le terminal ou le quitter. 

Deux Boeing 737 d’Asky, plusieurs avions de fret et des jets d’affaires sont pris au piège sur le tarmac.

Les autorités ont été contraintes de fermer l’aéroport à tout trafic.

La remise en état pourrait durer 3 semaines car le Taxiway nécessite la pose d’un revêtement en béton très spécial et la présence de techniciens venus d’Europe pour le réaliser.

Dans l’urgence, la Société aéroportuaire du Togo (SAP-Togo) a pris des dispositions afin d’éviter de couper le Togo du reste du monde.

Tout le trafic est détourné depuis dimanche matin vers l’aéroport international de Niamtougou au nord du Togo, indique un communiqué de la SAP.

Certes, la plateforme dispose d’une piste capable d’accueillir les gros porteurs, mais le terminal n’est pas adapté.

« Nous allons faire le maximum pour gérer au mieux cette situation exceptionnelle. Tout le matériel qui sert à l’assistance au sol des appareils est actuellement envoyé Niamtougou », explique Gnama Latta, le directeur de l’aviation civile et ministre de la Sécurité.

A leur arrivée à l’aéroport de Niamtogou, les passagers seront acheminés par bus vers Lomé ; un trajet d’au moins 6 heures. Pour ceux en correspondance, ils seront pris en charge à l’hôtel Kara et chez l’habitant.

Air France, Asky, Ethiopian, Brussels Airlines, notamment, ont informé les passagers par SMS et s’adaptent tant bien que mal.

Dès la nouvelle connue, Manal Al Nammari, la chef d’escale d’Air France au Togo, s’est rendue à l’aéroport de Niamtougou pour préparer l’arrivée du vol de dimanche. « Nous devons nous adapter à toutes les situations et nous sommes réactifs », explique-t-elle le visage creusé par la fatigue d’une nuit passée au volant.

Une flotte amputée de deux Boeing

Au siège d'Asky à Lomé, c’est également le branle bas de combat. Tout le staff technique et les pilotes organisent les prochains vols avec une flotte amputée de deux avions coincés à Lomé. « Nous traversons cette épreuve avec sérénité », confie le directeur général de la compagnie panafricaine.

Cette affaire s’est également déplacée sur le terrain politique. Jean-Pierre Fabre, le leader de l’ANC (opposition), qui devait se rendre en Europe dimanche, a accusé le pouvoir d’être à l’origine de l’incident.

« Les dégâts occasionnés au Taxiway ne sont pas le fruit du hasard ou d’un problème de compréhension entre ouvriers chinois et togolais, il y a une volonté évidente de m’empêcher de quitter le territoire », assure l’opposant.  Mais alors pourquoi Jean-Pierre Fabre ne prend pas la route pour Niamtougou comme les autres passagers ? « J’ai mal au cœur en voiture », concède-t-il.

Réponse acerbe de l’UFC dimanche matin: « Si M. Fabre a mal au cœur en voiture, eh bien qu’il prenne de la Dramamine ! », 

Pour protester contre la fermeture de l’aéroport de Lomé, Jean-Pierre Fabre prévoit d’organiser une manifestation mercredi prochain et demande à ses militants de s’habiller en tenue de pilote ou d’hôtesses.

Quant à Agbéyomé Kodjo,le président d’Obuts, il a annoncé avoir créé le collectif « Non à la mainmise du pouvoir sur le Taxiway » ; il préconise désormais d’utiliser le bateau plutôt que l’avion.

Les organisations des droits de l’homme, donnent également dans la polémique. « On ne peut pas accabler l’ouvrier togolais à l’origine de la méprise. Il faut plutôt se demander pourquoi le personnel chinois parle le Mandarin et non le Cantonais que beaucoup de Togolais comprennent assez bien », déclare le porte-parole des ODDH qui entend saisir dès lundi le Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

Ce n’est pas la première fois que l’aéroport de Lomé est confronté à ce genre de problème. En 1983, un conducteur passablement imbibé avait défoncé la clôture nord avant d’endommager le balisage de la piste.

Cet incident survient quelques semaines après le lancement des travaux de construction d’une nouvelle aérogare de 21.000 m2 pour un investissement de 150 millions de dollars.

Information additionnelle

SAP COMMUNIQUE.pdf

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