High-Tech

Nouveaux horizons

L'explosion de la téléphonie mobile au cours de la dernière décennie en Afrique aura révolutionné en profondeur des pans entiers du continent. Le taux de pénétration pour l’ensemble de l’Afrique est de l’ordre de 60%

Une croissance aussi forte trouve son explication dans une convergence de facteurs favorables ; les principaux étant une réglementation favorisant la concurrence, l’implantation de nouvelles technologies et un effort marketing adapté aux besoins des usagers. Dominés un temps par des monopoles d’État, les marchés des télécommunications africains comptent désormais parmi les plus concurrentiels du monde, les autorités de régulation ayant octroyé un nombre croissant de licences et poussé les opérateurs à étendre les services proposés. Cette concurrence accrue a incité les opérateurs à réduire progressivement leurs prix, développer les réseaux et proposer de nouvellesoffres afin de protéger leur part de marché et en obtenir de nouvelles. Un cercle vertueux dont les usagers africains auront été, comme ailleurs dans le monde, les grands gagnants.

Deux opérateurs se partagent actuellement le marché de la téléphonie mobile au Togo. Togo Cellulaire, filiale du Groupe public Togo Telecom, le pionnier et son concurrent frontal, Moov (Groupe Etisalat, Emirats arabes unis). 

Pour Djibril Ouattara (photo), le directeur général de Moov, le potentiel de croissance existe encore au Togo. Pas forcément avec la téléphonie classique, mais grâce aux nouveaux services proposés par les opérateurs comme l’accès à internet, le téléchargement et la banque mobile.

Republicoftogo.com : Moov, comme ses concurrents, tire encore l’essentiel de ses revenus des communications vocales et du SMS. Constatez-vous une évolution des autres services comme l’internet mobile, les téléchargements musicaux, etc…

Djibril Ouattara : Oui ! Nous sentons clairement une amélioration de nos revenus sur le data bien que nous n’ayons pas une vision adéquate pour cela.

Sur le premier semestre de cette année, nous avons vu nos revenus doubler sur ce secteur, comparé à l’année passée.

C’est la preuve qu’il y a un besoin de connectivité internet pour les usagers et nous avons élaboré à cet effet une stratégie adéquate qui devrait, si jamais nous obtenons une licence 3G, nous permettre de fournir de façon beaucoup plus efficiente les services de connectivité internet aux utilisateurs.

Les autres services fonctionnent bien également. Je pense en particulier au Blackberry et aux musiques d’attente.

Nous avons lancé de nouveaux produits comme le prêt de crédit, appelé « crédit secours » et prochainement le 'Vobolo', spécialement adapté aux jeunes. Ils pourront échanger avec leurs stars préférées. Une forme nouvelle d’interactivité.

Republicoftogo.com : Où en est Moov concernant le développement de son réseau 3G ?

Djibril Ouattara : Nous sommes en discussion avec le gouvernement et avec l’Autorité de régulation. La question n’est pas seulement le prix d’acquisition, mais aussi le volet technique. Enfin, la licence doit être la traduction d’une volonté politique d’un gouvernement ; il faut pouvoir trouver le juste équilibre avec les opérateurs privés.

Republicoftogo.com : Moov a-t-il l’intention de se lancer dans le mobile banking et le transfert d’argent ?

Djibril Ouattara : Bien sûr et très bientôt ! Nous avons une volonté d’y d’être opérationnel très rapidement. 

Republicoftogo.com : Le revenu marginal par abonné a été fortement réduit, atteignant moins de cinq dollars par mois sur de nombreux marchés. Comment Moov anticipe cette évolution du marché ?

Djibril Ouattara : Ah, ce n’est pas seulement d’ailleurs le revenu marginal ! C’est le revenu moyen par abonné qui est effectivement en baisse. En ce qui concerne le Togo, il est entre 5 et 6 dollars.

Ce qui est intéressant c’est que la baisse des revenus s’accompagne de la baisse des coûts des équipements et des terminaux.

La meilleure approche est donc d’augmenter en volume au lieu de se limiter à une élite de clients qui dépense 100 dollars par mois.

L’accumulation des petits revenus par abonné peut au final être profitable.

Republicoftogo.com : Le marché de l’Internet constitue la prochaine étape de l’expansion du secteur de la téléphonie mobile au Togo et sur le continent. Moov s’y prépare-t-il ?

Djibril Ouattara : Absolument ! Moov a cette conviction. Historiquement, les réseaux d’internet ont été bâtis sur des réseaux qui existaient, c’est-à-dire, les câbles de cuivre et la fibre optique.

Et singulièrement au Togo, on a un grand retard dans le développement de l’ADSL. L’alternative la plus crédible consiste à aller directement avec l’internet mobile.

Nous nous y  préparons et nous pensons que cela va permettre d’étendre de façon significative la couverture de l’internet aux populations et par conséquent avoir un impact significatif sur le PIB.

Republicoftogo.com : Que représente Moov en emplois directs et indirects au Togo ?

Djibril Ouattara : Environ 200 personnes en direct et près de 20.000 en indirect.

Republicoftogo.com : Le marché togolais est caractérisé par le fait que 95% des abonnés utilisent une formule prépayée. La fidélisation ne passe-t-elle pas par des abonnements classiques à tarifs réduits ?

Djibril Ouattara : En fait, ce n’est même pas, 95% mais 99%. Les abonnés pensent, à tort, que c’est la solution la plus économique, le moyen de gérer son budget. En réalité, ce sont les tarifs les plus chers.  Nous réfléchissons à mettre sur le marché de nouvelles offres.

Republicoftogo.com : Les marges des opérateurs sont de plus en plus faibles ; les tarifs sont à la baisse. Pourtant les clients se plaignent de la cherté.

Djibril Ouattara : Oui, les clients se plaignent, mais ils se plaignent du prix quel que soit le produit.

Il faut reconnaître que nos tarifs au Togo demeurent un peu plus élevés que la moyenne régionale. Mais sur ces trois dernières années, les tarifs ont été divisés par 2 ou 3. 

Republicoftogo.com :  Quels sont les prochains chantiers ?

Djibril Ouattara : Moov s’attèle en priorité à développer son réseau national avec de nouveaux relais. 80 nouvelles localités seront couvertes d’ici la fin de l’année. Et de nouvelles offres commerciales vont permettre aux clients de téléphoner moins cher et de faire beaucoup plus de choses avec leur mobile.

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