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Le PAL pourrait bénéficier de l'asphyxie au port de Lagos

Infrastructures inadéquates, lourdeurs administratives, tarifs élevés et corruption : le gigantesque port de Lagos croule sous les retards et des centaines de cargos attendent de pouvoir accoster depuis des semaines. Une situation qui pourrait conduire armateurs et transitaires à choisir le Togo et le Port de Lomé. En phase de modernisation et d'extension, la plate forme est l'une des plus performantes en Afrique de l'Ouest et la bureaucratie y est relativement légère.

Tous les mois, en moyenne 70 navires arrivent dans la capitale commerciale du Nigeria, chargés de pétrole ou de marchandises.Le pays le plus peuplé d'Afrique (140 millions d'habitants), important producteur de brut mais dépourvu de capacités de raffinement suffisantes, dépend largement des importations. "Pour chaque conteneur qui sort, douze entrent", résume une source du secteur du transport maritime.

Les cargos, selon leurs propriétaires, patientent actuellement deux semaines et demi en moyenne, au prix de 16.000 euros par jour, avant de pouvoir entrer dans le port, qui engloutit à lui seul 85% des importations maritimes du pays.

Lorsqu'ils parviennent enfin à décharger, leurs marchandises s'ajoutent aux milliers de conteneurs non traités qui encombrent déjà les quais.

"A l'heure actuelle, il y a sans doute autour de 50.000 conteneurs au sol, qui attendent. Quelques milliers ont été abandonnés", estime la source du secteur ayant requis l'anonymat.

Plusieurs raisons sont invoquées pour expliquer cette congestion depuis octobre 2008.

"Les infrastructures du port sont vieilles et ne suffisent pas face au volume de transactions actuel", estime Dayo Azeez, agent des douanes travaillant au port.

Selon Naccima, une organisation représentant le secteur privé, le manquement à certaines règles d'importation par les agents d'armateurs, le nombre trop élevé d'agences officielles impliquées dans le processus de dédouanement ainsi que des procédures administratives lourdes, y sont pour beaucoup.

"Il faut en moyenne 20 signatures pour faire entrer quelque chose au Nigeria", selon la source du secteur.

De plus, le document référençant les tarifs douaniers fait 750 pages, contre une vingtaine dans la plupart des autres pays. "Cela encourage le versement de pots de vin aux douaniers", note cette source, estimant que la corruption joue un rôle majeur dans les dysfonctionnements du port.

"Actuellement, au Nigeria il faut entre 35 et 50 jours entre la date d'arrivée d'un conteneur et son dédouanement, contre en moyenne 14 jours en Afrique de l'Ouest. Au Ghana, il faut 9 jours", poursuit-elle.

Face à ces difficultés, le président nigérian Umaru Yar'Adua a ordonné en janvier la création d'une unité spéciale pour lutter contre la congestion.

Une initiative déjà fructueuse selon le directeur général de l'Autorité portuaire du Nigeria (NPA), Abdulsalam Mohammed, qui assure que ces deux derniers mois "nous avons été capables de traiter plus que ce qui n'arrive".

"Nous sommes déterminés à maintenir la cadence", a-t-il poursuivi, indiquant que les conteneurs ayant dépassé leur temps limite sur les quais étaient désormais évacués à l'extérieur du port.

De leur côté, importateurs et agents de fret ont averti qu'ils continueraient à abandonner des marchandises tant que les tarifs portuaires seraient aussi élevés.

En février, un grève des agents de fret, rejoints par les dockers, avait paralysé le port de Lagos pendant deux jours. Ils protestaient notamment contre les tarifs jugés exorbitants pratiqués par les opérateurs privés qui contrôlent les ports du pays.

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