Idées

Contre l’indifférence militaire de la France en Afrique

En combattant la françafrique, la France croyait s’être débarrassée des problèmes de la gouvernance africaine et des critiques que son immixtion dans la politique africaine générait.

Terminées alors, du moins en principe, les interventions en faveur de la conclusion de contrats avec des entreprises françaises.

Condamnés les soutiens politiques accordés aux gouvernants en place.

Rayées les clauses des accords de défense permettant aux pouvoirs locaux d’appeler l’armée française à la rescousse.

Diminuée de façon drastique l’aide financière accordée aux pouvoirs locaux.

Banalisée dans un quai d’Orsay généraliste la diplomatie française dans le continent africain.

Cette nouvelle indifférence française à l’égard de l’Afrique a des conséquences catastrophiques.

L’influence culturelle de la France décroit.

Le vide laissé par la France est comblé par d’autres grandes puissances qui se précipitent en rangs serrés pour prendre la place laissée libre.

Les pouvoirs locaux encore fragiles sont à la merci des bandits armés qui s’infiltrent dans la place faible . D’autant plus faible que la démagogie pousse souvent  Paris à préférer soutenir les oppositions plutôt que les pouvoirs en place.

Rébellions régionalistes, alliances mafieuses, ambitions non assouvies forment un cocktail explosif qui est en voie de ruiner des Etats encore jeunes et fragiles. La Côte d’ivoire a mal pour son unité, le Tchad est fragilisé tandis que le Niger se remet avec peine, la Guinée cherche encore des fondements solides, la Centrafrique est en péril.

Et le Mali est, depuis des mois,  victime de bandes de soudards ou d’illuminés sans que personne ne s’interpose.

Jusqu’ici, la France s’en tenait à sa politique contemplative de non intervention.

Mais, devant la dislocation accentuée du pays, les choses commencent enfin à bouger.

Le président intérimaire du mali M.  Diocounda Traoré a demandé l’aide militaire de la France.

L’ambassadrice américaine à l’ONU, Susan Rice, a indiqué que Bamako avait « demandé un soutien extérieur, en particulier de la part de la France ». Décrivant la lettre du président Traoré à François Hhollande elle précisait que cette missive« …disait en résumé : ‘‘au secours la France !’«  il y a eu au sein du conseil un « consensus clair sur la gravité de la situation et le droit des autorités maliennes de rechercher toute l’assistance possible », a-t-elle ajouté.

Dans une déclaration adaptée  par ses 15 pays membres, le Conseil de sécurité a demandé un « déploiement rapide » de la force internationale au Mali devant la « grave détérioration de la situation » sur le terrain. Il a appelé les états membres « à aider les forces de défense et de sécurité maliennes à réduire la menace représentée par les organisations terroristes et les groupes affiliés » qui contrôlent le nord du pays.

Or , et c’est là un virage absolu et essentiel de la politique française  purement spectatrice, le président François Hollande (photo) a déclaré, vendredi 11 janvier, « j’ai décidé que la France répondra, aux côtés de nos partenaires africains, à la demande des autorités maliennes. Elle le fera strictement dans le cadre des résolutions du conseil de sécurité des nations unies et elle sera prête à arrêter l’offensive des terroristes si elle devait se poursuivre ».

« Je le dis ici avec la solennité nécessaire, nous sommes face à une agression caractérisée », a affirmé le chef de l’état lors des vœux au corps diplomatique à l’Elysée. « Les terroristes se sont regroupés ces derniers jours sur la ligne qui sépare artificiellement le nord et le sud du mali. Ils ont même avancé. Et ils cherchent à porter un coup fatal à l’existence même du mali ». « La France comme ses partenaires africains et l’ensemble de la communauté internationale ne pourra pas l’accepter », a affirmé le président Hollande.

Il faut se féliciter de cette prise de conscience.

 Certes deux conditions doivent être remplies pour justifier une intervention française : l’appel du pays en cause, le soutien du Conseil de sécurité. Mais un virage important est amorcé : la France n’abandonnera pas les Etats africains aux mains des profiteurs du désordre.

Ce n’est qu’un premier pas.

La France doit reconstruire une vraie politique africaine.

Il ne s’agit pas de revenir aux combinazioni du passé mais de reconstruire un socle moderne de coopération entre la France et l’Afrique

Koffi SOUZA

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