Idées

La mort d'un géant

Jimi Hope et Charles Debbasch en duo à Lomé

Avec la mort de Jimi Hope dans la nuit du 4 août 2019, le Togo perd un immense  artiste multicartes reconnu comme le pape du rock and roll africain, un cardinal  de la  chanson populaire, un sculpteur de palais et de rue aussi  à l'aise dans les arts plastiques que dans les créations musicales. 

L'art de Jimi Hope est entré dans l'histoire. C'est elle qui le jugera. Plutôt que de  soumettre sa dimension à  la  cour d'assises des créateurs, je  préfère par quelques  flashs et souvenirs illustrer  la  dimension de l'artiste. 

Jimi Hope de son vrai nom  Senaya Koffi était né  le 12 octobre  1956 à  Lomé. 

Ce sont  les  hasards  d'une  rencontre dans un club le mandingué  où  je m'exercais au piano qui  marque  ma première  rencontre  avec  l'artiste. Notre  dénominateur   commun  est  l'amour  de  la  musique et  le désir d'imprimer  l'art dans la culture populaire.  Nous  ne  cesserons dès  lors de nous rencontrer parfois  plusieurs  fois par jour  sinon  par semaines. 

Jimi  Hope se sent isolé et  a pourtant  le profond  désir  de  contribuer à  la  diffusion  de l'art dans la rue. Il rêve  de   concerts populaires  et de foules enthousiastes. 

S'il  n'atteindra jamais  cet objectif, il deviendra  l'artisan de nouvelles chansons populaires.  Il faut voir dès qu'il apparaît dans une fête  à  Baguida la ferveur avec  laquelle le public l'accompagne dans ses refrains comme  Agbebavi.

Il fallait une nouvelle poussée pour permettre à cette rose mal éclose de diffuser ses parfums. 

La période  des années 1990-2000 sera  particulièrement  fertile  avec la réalisation  d'oeuvres  considérables comme  la réalisation  de la place de la Colombe  de la  paix à Lomé,  la Cour Constitutionnelle du Gabon et  avec la consécration,  l'illustration d'un  mur à  l'entrée  de  la  nouvelle  Présidence togolaise.  

Plutôt  que d'attendre la consécration d'un musée, Jimi créera à  Baguida une grande case destinée à habiter ses propres créations. 

Dans ces dernières  semaines, Jimi qui  sentait  la mort se rapprocher  - comme  elle lui avait  fauché son fils préféré -  était mu par une boulimie créatrice comme  si le temps lui était  compté. 

Tous les artistes ont une période faste où l'inspiration  créatrice  rencontre  leur destin. 

Ma dernière  image de Jimi Hope est celle d'un créateur inspiré.  

C'est  sans doute  celle que les générations  futures  retiendront.

Charles Debbasch

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