Idées

Le désastre sahélien

La dramatique prise d’otages en Algérie vient rappeler à ceux qui en doutaient encore que le problème du Sahel dépasse le cas malien. La déstabilisation touche toute la région et elle est susceptible de s’étendre. L’aggravation des troubles a des causes multiples.

L’ERREUR LIBYENNE

Il ne faut pas craindre de l’affirmer. Le soutien apporté par les occidentaux aux sécessionnistes de Benghazi fut une erreur dont on n’a pas fini de payer les conséquences. Certes, il était nécessaire que le régime Kadhafi évoluât et que les droits de l’homme fussent mieux respectés en Libye. Mais la destruction aérienne des infrastructures et des structures de l’Etat libyen a crée une situation d’anarchie : armes sophistiquées à  la merci de la rapine, mercenaires sans emploi prêts à en découdre avec quiconque, morcellement du pays en baronnies locales. L’UA, la Russie et la Chine avaient attiré l’attention sur les risques de cet emballement français.

La facture de ces erreurs est lourde : dissémination des armes, errance de soldats perdus prêts à toutes les dérives.

LA DERIVE DU MALI

Depuis la chute du régime Traore, le Mali s’est donné le visage d’un modèle de démocratie. Aveuglés par les flagorneries de l’Occident, les dirigeants maliens ont enfoncé le pays dans un marasme politique et économique. Il  est confondant de constater que Alpha  Oumar Konaré était considéré comme un flambeau de la démocratie alors qu’il n’en  était que l’éteignoir .Les élections législatives qu’il organise en 1997 sont annulées par la cour constitutionnelle. L’élection présidentielle du 11 avril 1997 est boycottée par l’opposition  et seuls 18% des électeurs participent à l’élection de  Konaré. Son second mandat  est marqué par le refus de l’opposition de participer aux élections nationales et locales. Si bien que, lors de la présidentielle de juillet 2002, le candidat présenté par Konaré est battu par Amadou Toumani Toure. Celui-ci est considéré comme un homme intègre mais, trop faible, il laisse la corruption se répandre dans son entourage et les bandes prédatrices du Nord Mali rentrent progressivement en dissidence donnant l’occasion à l’armée de prendre le pouvoir. Mais, celle-ci est fragile et, sans l’intervention de la France, c’est l’ensemble du Mali qui serait tombé aux mains des rebelles.

LA NECESSAIRE MOBILISATION

L’objectif est de chasser les terroristes des zones qu’ils occupent et de rétablir l’unité du Mali. Mais , dans cette zone désertique immense, l’objectif sera difficile à atteindre.

La France a été amenée, sous le coup de l’urgence,  à agir seule et ce fut un acte de courage du Président Hollande  de prendre cette décision d’intervention. Mais, la France n ’a pas vocation à recoloniser l’Afrique. Le soutien des Etats Africains est essentiel mais leurs armées sont faibles. C’est pourquoi le concours des grandes puissances est nécessaire pour extirper les terroristes de leurs bases.

Il faudra surtout aider à la reconstruction d’un vrai pouvoir malien qui, pour l’instant, est quasiment inexistant. Tout en pourchassant les terroristes, il conviendra de favoriser l’union nationale notamment en prenant en compte les revendications des populations touaregs.

La tâche est aussi immense que les territoires désertiques qu’il faut reconquérir.

Koffi SOUZA

Pour que ce site Web fonctionne correctement et pour améliorer votre expérience d'utilisateur, nous utilisons des cookies. Retrouvez plus d'informations dans notre Gestion des cookies.

  • Les cookies nécessaires activent les fonctionnalités de base. Le site Web ne peut pas fonctionner correctement sans ces cookies et ne peut être désactivé qu'en modifiant les préférences de votre navigateur.