Politique

Croissance démographique et développement économique

La ministre de la Planification, du Développement et de l'Aménagement du territoire, Dédé Ahoéfa Ekoué, a lancé lundi les manifestations marquant la Journée mondiale de la population. 

La cérémonie s'est déroulée en présence de plusieurs membres du gouvernement et de la coordonnatrice de l'UNFPA au Togo. 

Mme Ekué a rappelé les actions engagées par le gouvernement pour faire face à la croissance démographiques dont les conséquences sont lourdes sur l'économie.

En 20 ans, la population togolaise a plus que doublé avec aujourd’hui près de 6 millions d’habitants.

"Cet accroissement rapide, qui est lié au niveau élevé de la natalité et à la baisse constante du taux de mortalité, n'est pas sans conséquence sur le développement économique du Togo. C'est pour cela que le gouvernement a engagé de nombreuses actions en ligne avec sa politique de réduction de la pauvreté ", a déclaré la ministre. 

En 1989, le Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a recommandé de faire du 11 juillet la Journée mondiale de la population. 

Cette journée, issue de la Journée des cinq milliards, célébrée le 11 juillet 1987, a pour objet d’appeler l’attention sur l’urgence et l’importance des questions de population, notamment dans le cadre des plans et programmes généraux de développement et sur la nécessité de trouver des solutions. 
 

Voici le discours prononcé par Dédé Ahoéfa Ekoué

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Mesdames et Messieurs, 

A l’occasion du lancement officiel de la célébration  de la Journée Mondiale de la Population pour le compte de l’année 2011, je voudrais vous souhaiter à tous la cordiale bienvenue et vous exprimer ma profonde gratitude pour avoir répondu massivement à notre invitation, ce qui témoigne de l’importance que vous accordez aux questions de population et développement. 

Mesdames et Messieurs,

Comme vous le savez tous, l’Organisation des Nations Unies, à travers ses différentes Agences spécialisées, œuvrent inlassablement aux cotés des gouvernements pour le  bien-être des populations  dans le monde. Le Fonds des Nations Unies pour la Population qui  intervient dans les domaines de la Santé de la reproduction, de Population et Développement,   de Genre, de Droits humains, s’est donné pour mission de sensibiliser les peuples et les  dirigeants sur les problèmes  de population pour une réelle  prise de conscience et d’un engagement en vue de  leur résolution.

Ainsi, chaque année, notre pays, convaincu du bien fondé des questions de population dans le processus de développement s’associe à l’UNFPA pour commémorer  la  Journée  Mondiale de la  Population à la date du 11 Juillet. Cette célébration trouve son importance dans le fait qu’elle nous  offre l’opportunité de sensibiliser et d’appeler tous  les acteurs à une prise de conscience sur les questions de population et de développement et de les encourager à un engagement fort autour de la question.  

Honorable invités,

Les populations sont les acteurs et les bénéficiaires du développement. Il est important que les politiques de développement prennent en compte ces deux dimensions  et mettent en place des stratégies pour permettre aux populations de promouvoir le développement que nous souhaitons tous et de s’assurer que tous bénéficient d’une manière durable des retombées du développement. 

C’est dans ce contexte  que se situe l’enjeu de la croissance démographique : la croissance  démographique : un défi et une opportunité. Comment allons-nous ensemble gérer et utiliser cette croissance démographique pour offrir un meilleur monde à tous.

Le thème de cette journée mondiale de la population   « Un Monde de 7 Milliards d’habitants : Comptons l’un sur l’autre » est à cet effet très pertinent.  Il nous invite à repenser notre développement en nous posant des questions.  Quels sont les défis et  opportunités qui résultent des principales tendances démographiques de notre pays, de notre sous région, de notre continent et du monde ? Comment comptez l’un sur l’autre pour atteindre nos objectifs de développement humain durable en ligne avec les OMD ? Le rapport nous propose des réponses  adaptées aux différents groupes de population et aux défis de l’heure. Ses solutions doivent être adaptées aux différents contextes régionaux et nationaux. Chaque pays est donc appelé à définir des politiques de développement adaptées aux spécificités et besoins de la population. 

Le premier pas dans la formulation d’une politique de développement prenant en compte les spécificités démographiques est de connaitre l’évolution de cette population, sa croissance et sa répartition. Le Togo a fait ce pas en procédant au recensement de la population malgré l’environnement contraignant de ressources dans lequel il se trouvait en 2010. 

A l’instar de tous les pays en voie de développement, la population de notre pays a plus que doublé en 20 ans. Estimée à 2 719 600 d’habitants en 1981, cette population   est passée à 5 753 324 habitants selon les résultats préliminaires du Quatrième Recensement Général de la Population et de l’Habitat réalisé en 2010.

Cet accroissement rapide de la population togolaise qui   est lié  au niveau élevé de la natalité et à la baisse constante  du taux de mortalité n’est pas sans conséquence sur le développement économique du pays.  

Cette croissance démographique rapide résulte en une augmentation des besoins à couvrir dans un contexte marqué par une croissance économique  modeste. Cette situation peut entrainer une aggravation de  la pauvreté et de la vulnérabilité  surtout au sein des couches  les plus fragiles. 

Le défi des gouvernements et des autres acteurs (populations, société civile, secteur privé) est d’identifier et de mettre en œuvre des  stratégies  qui permettent d’exploiter les opportunités qui émergent de tendances démographiques et des créneaux économiques  porteurs pour promouvoir un développement accéléré, inclusif et respectueux de l’environnement. 

Il est vrai qu’avec l’accélération de la croissance démographique et une croissance modeste, il est difficile de  faire face aux grandes défis de l’heure tels que les grandes maladies, le chômage, la dégradation de l’environnement, et la pauvreté extrême. Mais il n’y a pas d’autres alternatives  que de  trouver des solutions à ces problèmes pour donner à chaque être humain la possibilité d’aspirer et d’avoir une vie saine où ses droits et besoins élémentaires sont respectés. La solution réside dans la formulation et la mise en œuvre de politiques et de stratégies adaptées capitalisant sur les dividendes de la croissance démographique et minimisant ses impacts négatifs. 

Il s’agit aussi de créer les conditions pour une croissance démographique maitrisée, une croissance économique forte et  une redistribution des fruits du développement économique en faveur des couches pauvres.

C’est dans cette optique que le gouvernement du Togo a pour sa part engagé un nombre d’actions stratégiques en ligne avec sa stratégie de réduction de la pauvreté et la déclaration de politique du gouvernement présentée à l’assemblée nationale le 4 juin 2010. 

Le premier message du rapport nous indique qu’il faut rompre avec le cycle de pauvreté et des inégalités qui induit une croissance démographique liée à un manque de maitrise de reproduction.   En ligne avec cet objectif, le gouvernement   a investi intensivement dans des programmes ciblant les pauvres. A travers des programmes de Développement à la base  tels que le projet de développement Communautaire (PDC) et le renforcement du secteur agricole ainsi que la promotion de la microfinance, le Togo permet aux pauvres de s’auto promouvoir économiquement et socialement. Ces actions couplées avec les programmes de santé  de la reproduction familiale permettent aux couches vulnérables d’améliorer leur situation économique, de mieux maitriser leur fécondité, d’investir dans le meilleur devenir de leurs enfants et de  contribuer  à la croissance économique. A travers les programmes sociaux et les programmes de protection sociale, le gouvernement œuvre à la protection des personnes vulnérables tels que les enfants, les personnes du troisième âge, et les personnes très pauvres. 

A titre d’exemples : le gouvernement a signé une  convention avec l’Union Européenne pour lutter contre la malnutrition des enfants. Par ailleurs le programme de communes millénaires dans la région des savanes vise à protéger les populations d’une des zones les plus pauvres du Togo.

Pour ceux qui est des femmes et des filles,  le Togo s’active pour la réduction des inégalités . Il faut souligner  qu’il a fait des grands bonds par rapport a l’OMD 3   pour réduire l’écart entre les filles et les garçons à l’école primaire et l’écart se réduit au niveau du secondaire.  Les programmes de pauvreté ciblent en priorité les femmes et cela a des répercussions importantes sur l’éducation des filles. 

Par ailleurs, la maitrise de la croissance démographique étant sujette à l’éducation et à la formation sur les méthodes de contraception et sur le genre, notre pays a élaboré des programmes intégrés de santé et une Politique Nationale d’Equité et d’Egalité de Genre dont la mise  en œuvre prend en compte l’éducation de la jeune fille et des femmes  en matière  de planification familiale.

Mesdames, Messieurs 

Distingues invites 

Le Togo est conscient que la jeunesse de notre population est un atout remarquable à capitaliser pour notre développement. Les politiques et les programmes pour la promotion de l’employabilité et l’emploi des jeunes tels  que le programme AIDE  et le Provonat sont lancés. Le dialogue est engagé comme le témoigne le forum national de jeunes  qui a eu lieu cette année et qui a permis de riches consultations entre les hautes autorités, les administrations, la société civile et les jeunes. Les résultats de ces consultations  qui sont entrain d’être exploités par le Ministère en charge de la jeunesse vont influencer la formulation de nouveaux programmes d’appui à la jeunesse Ces résultats vont influer aussi sur la manière dont les programmes actuels sont mis en œuvre.

Pour ce qui est de la santé reproductive et les droits, le gouvernement a enclenché la Campagne accélérée de réduction de la mortalité maternelle  sous le patronage du Président de la République. Dans ce cadre, des actions sont menées pour qu’aucune femme ne meure en donnant la vie. La santé des femmes et l’éducation sur la planification familiale sont ancrées dans le plan national de développement sanitaire.  

Pour ce qui est de l’environnement, des actions sont engagées pour protéger l’environnement : la lutte contre le changement climatique est engagée et un plan national d’adaptabilité aux changements climatiques a été élaboré, la table ronde sur l’eau et l’assainissement va permettre de donner un plus grand élan à la protection de l’environnement,  l’accès à l’eau et l’assainissement. Dans le cadre des projets urbains tels que le Programme d’aménagement urbain du Togo, des travaux d’assainissement sont faits dans dix villes. Il faut relever pour s’en féliciter les actions engagées par les jeunes pendant les vacances pour le reboisement.  Il est important aussi de noter les actions multiples engagées par le gouvernement pour promouvoir un développement durable et prendre en compte les questions de changement climatique. Un plan national d’adaptation au changement climatique a été formulé et des programmes de protection de l’environnement sont en cours. Plusieurs programmes visent à renforcer les capacités des acteurs à mieux protéger l’environnement. La décision du gouvernement d’interdire les sachets plastiques témoigne aussi de son engagement à tout mettre en œuvre pour que les populations soient dans un environnement sain. 

Pour ce qui  est de l’urbanisation, les données provisoires du recensement montrent que l’urbanisation est en forte croissance. Pour le gouvernement, comme le témoigne les chantiers en cours, il est question de mettre en place les infrastructures nécessaires afin de tirer tous les bénéfices économique de l’urbanisation et surtout de donner aux citadins un cadre de vie plus propice. Mais au-delà de cela,  nous utiliserons les données disponibles grâce au recensement et aux autres enquêtes en cours pour formuler la stratégie de développement urbain. En attendant cela, des efforts sont en cours pour renforcer la planification urbaine. En effet, des actions sont en voie de   réalisation pour l’élaboration des schémas d’aménagement urbains et des schémas d’aménagement du territoire afin de mieux accompagner le développement urbain sur le territoire national.

Ces actions louables ont des effets mais elles ne sont pas encore suffisantes  pour un renversement total de tendances. En réalité, elles sont bien conçues et le gouvernement s’y investi mais  il nous  faut  ensemble trouver les moyens de les porter à échelle pour un impact plus grand.

Pour ce faire, Il nous faut en premier lieu renforcer les capacités des acteurs nationaux  (tous les acteurs nationaux, administration, société civile, organisations de jeunes, organisations professionnelles)  afin de mieux mettre en œuvre et suivre ces programmes pour de plus grands résultats. 

Il est aussi important de  renforcer la communication autour des pratiques qui permettent de promouvoir un développement qui tire les dividendes de la croissance démographique pour un effet multiplicateur positif sur les populations. Il s’agit de s’assurer que tous les acteurs jouent un rôle dans la sensibilisation et l’information des solutions efficaces pour un développement harmonieux en faveur des populations afin que chacun soit acteur du  développement. Si par l’information et la sensibilisation nous pouvons amener des millions de gens à s’approprier la protection de l’environnement, la planification familiale, la promotion des filles et des femmes, la formation et le mentorat de jeunes, nous aurons des effets importants sur le développement. Ceci nous interpelle nous tous et les medias ont ici une responsabilité particulière  étant donné leur positionnement privilégié dans la communication vers les populations.

Le Gouvernement togolais reste résolument engagé à poursuivre les reformes engagés pour promouvoir une croissance plus rapide  et pour accroitre la mobilisation interne des ressources. A cet effet, il est crucial d’avoir le soutien financier, technique et stratégique de nos partenaires  pour améliorer le climat des affaires, attirer les investisseurs étrangers, améliorer notre accès aux marchés régionaux et internationaux et renforcer le secteur privé national. Ceci nous permettra d’avoir plus de ressources pour financer notre politique et nos programmes de promotion sociale. Et d’ores et déjà, il nous faut noter que le Togo a déjà pris les disposition avec l’UNFPA pour s’assurer que les questions de population soient mieux prises en compte dans le nouveau DSRP.

 Il nous faut aussi travailler ensemble à renforcer  l’administration togolaise pour l’aider à mieux jouer son rôle de moteur du développement économique et social.  Des actions sont déjà en cours avec l’appui des partenaires et nous en sommes reconnaissant. Il nous faut aller plus loin dans la mise en place d’une masse critique d’expertises et de systèmes de gestion efficaces pour aider l’administration à accompagner efficacement la croissance inclusive.

Porter à échelle la mise en œuvre des politiques et programmes sociaux nécessitera aussi des appuis financiers complémentaires des bailleurs pour le financement de programmes sociaux. A cet effet, je voudrais tout particulièrement en cette occasion, mettre l’accent sur le huitième objectif du Millénaire pour le Développement qui insiste sur le besoin du renforcement du partenariat et de la solidarité internationale en vue de résoudre les problèmes qui freinent le développement des pays les moins avancés.

C’est donc le lieu de remercier encore une fois la communauté internationale et plus particulièrement tous nos partenaires au développement  pour  leurs appuis techniques et financiers  et les inviter à les accroitre sensiblement pour  que nos efforts collectifs produisent des transformations positives profondes et durables sur le bien être de nos populations.

Je voudrais donc saisir cette occasion pour renouveler toute la gratitude du Gouvernement aux Agences du Système des Nations Unies et particulièrement à l’UNFPA  pour les multiples programmes réalisés en faveur des populations togolaises. Notre reconnaissance va également à l’Union Européenne, premier partenaire financier pour le recensement, le PNUD, l’UNICEF, l’UNFPA, la Chine et à tous les autres partenaires qui nous ont appuyés dans la réalisation du Quatrième Recensement Général de la Population et de l’Habitat qui nous a permis d’avoir les données qui nous permettent ce jour de discuter l’évolution de la population togolaise et des enjeux et opportunités que cette évolution comporte. 

Mesdames et Messieurs, Honorables invités 

Je souhaite qu’en ligne avec l’appel lancé à l’occasion de la journée mondiale de la population, « Comptons les uns sur les autres », la  célébration de ce jour  marque une étape décisive dans le renforcement du partenariat entre notre pays et tous ses partenaires. Je saisis cette opportunité pour encourager nos partenaires à renforcer sensiblement leur coopération avec le Togo dans cette nouvelle phase  pleine d’espoir et d’opportunités  afin  d’y promouvoir une croissance accélérée et inclusive pour le bien de toute la population togolaise.

 C’est avec la conviction que cette célébration contribuera à renforcer notre engagement commun à œuvrer en faveur de nos populations que  je lance officiellement la célébration  l’édition 2011 de la Journée Mondiale de la Population au Togo. 

   Je vous remercie.  

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