Société

Percée du scrabble en Afrique francophone

A l'instar du Sénégal, fou de scrabble, les pays africains, qui forment la majorité des membres de la Fédération internationale de scrabble francophone (FISF), tentent une percée dans cette discipline mais des problèmes matériels limitent leurs performances. "Il y a un fantastique engouement des Africains pour le scrabble mais dans le domaine des structures et des moyens, le scrabble africain a encore un grand chemin à parcourir", déclare Patrice Jeanneret, le président de la FISF formée de quelque 25 pays dont une quinzaine d'africains.

Selon M. Jeanneret, "il n'y a pas de compétitions interafricaines" et pas de fédération au niveau continental dans cette discipline où plusieurs pays africains ont pourtant remporté des succès remarqués. Le Sénégal, présenté comme un des pays phares en Afrique, a par exemple, remporté quatre titres lors des 36e championnats du monde de scrabble francophone organisés au Québec (Canada) en 2007.

Entamée le 18 juillet, la 37e édition s'achève vendredi à Dakar en présence d'une vingtaine de pays réunissant plus de 400 participants. C'est la troisième fois que la compétition est organisée en Afrique après Dakar en 1990 et Marrakech (Maroc) en 2004.

"Les fédérations africaines ne sont pas structurées et n'ont pas le matériel qu'il faut. Pour organiser ces championnats du monde, on a dû bricoler des choses, installer des chapiteaux pour que ça marche", se lamente Ndongo Matar Sylla, président du comité d'organisation de cette 37e édition.

Le scrabble, "c'est une énorme logistique avec des logiciels, une documentation, des ordinateurs...", ajoute M. Sylla.

Dans un pays comme le Congo-Brazzaville, "il n'existe plus de club de scrabble depuis quelques années" en raison des troubles civils ces dernières années, selon une source proche de la Fédération congolaise de scrabble.

"Comment voulez-vous que je participe à un championnat du monde au Québec avec un billet d'avion de plus d'un million de FCFA (environ 1.500 euros) et sans aide de mon pays?", se demande Kitoko Joseph, un joueur congolais, présent à Dakar.

"Pour avoir un grand jeu de scrabble, il faut 52.000 FCFA (près de 80 euros) au Congo. C'est un salaire (mensuel) en Afrique. Le petit jeu (de scrabble) n'existe même pas sur le marché" congolais, poursuit-il.

Pour faire face à cette situation, la FISF a organisé en 2007 "le rallye des mots", une initiative visant à "amener du matériel en Afrique" et à aider les Fédérations africaines à mieux s'organiser.

Mais si les passionnés africains sont confrontés à de nombreuses difficultés matérielles, ils peuvent avoir la satisfaction de voir que l'Officiel du scrabble (ODS), le dictionnaire de la discipline, s'est enrichi depuis quelques années de nouveaux mots africains.

Florian Lévy, président du Comité de rédaction de l'ODS, relève que "sur les 390.000 mots jouables en scrabble, il y a actuellement une cinquantaine de mots africains".

Des termes issus du wolof, une des langues du Sénégal, comme "thiof" désignant à la fois une espèce de poisson très prisée et un homme séducteur et séduisant, ou d'autres langues africaines comme "atiéke" (plat ivoirien), "akassa" (mets à base de farine de maïs au Bénin et au Togo), "bamiléké" (ethnie du Cameroun) sont ainsi entrés dans l'édition 2007 de l'ODS.

"Il y a une volonté d'ouverture vers l'Afrique. Les mots africains étaient sous-représentés (dans l'ODS) par rapport à la population francophone d'Afrique et à des pays moins peuplés comme la Belgique et la Suisse qui ont plus de mots en proportion", estime M. Lévy.

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