Les sentiments que l'Afrique francophone exprime à l'occasion de la présidentielle française sont mêlés.
L'impression dominante est l'indifférence. Les foules africaines et leurs élus n'imaginent plus que leur sort dépende du vote des électeurs français. On peut y voir une conséquence du déclin français. Il s'agit aussi, plus sûrement, de conséquences de l'intégration européenne qui donne plus de « lisibilité » à l'action du Commissaire européen au développement qu'à celle du Président français.Le second constat est la neutralité. Voilà quelques années, le choix français en faveur de la droite ou de la gauche mobilisait les cadres dans des sens opposés. Le « syndicat » des chefs d'Etat était favorable au maintien de la droite au pouvoir en France tandis que les opposants misaient sur un succès de la gauche.
Cette attitude n'a plus cours. Chacun s'ingénie à trouver dans chaque camp ses propres pions. Il est vrai qu'il n'existe plus de fracture véritable entre la droite et la gauche sur le dossier africain.
Chacun adhère au dogme de la démocratie et de l'Etat de droit, tout au moins dans les principes.
Reste alors un sentiment de fraternité : l'élection présidentielle et ses péripéties sont vécues comme la chronique d'une famille alliée dont les nouvelles apportées par les cartes postales périodiques nourrissent les conversations.
En une décennie, la France est passée du temps de l'influence à celui du verbe.
Koffi Souza
© L'Union
Editorial à paraître le 26 janvier 2007 dans l'Union