Il existe deux types de politiques. Les gestionnaires se contentent d'administrer le quotidien. Les visionnaires pressentent à l'avance les mutations nécessaires et se projettent dans l'avenir. Lorsque, au lendemain de la seconde guerre mondiale des hommes d'Etat au premier rang desquels figurait Robert Schuman lancèrent l'idée de dépasser la rivalité franco-allemande en réalisant l'Union européenne, ils furent pris pour des utopistes. Patiemment, ils édifièrent la coopération dans le cadre du charbon et de l'acier puis ouvrirent l'Union à d'autres champs.
Aujourd'hui, l'Union européenne est une réalité. Lorsque Mouammar Khaddafi lança voilà quelques années le projet d'Union africaine, il fut souvent considéré comme déraisonnable pour ne pas dire plus. Avec obstination et patience, il réussit à faire transformer l'inefficace OUA en Union africaine.
L'instrument est encore imparfait mais il existe. Voici qu'aujourd'hui, au sommet d'Accra, le bouillant leader libyen propose la formation d'un gouvernement africain.
Peut être est-ce prématuré, peut être cela effraie-t-il les timides. Mais la proposition montre la voie vers laquelle il faut aller.
Il y a deux façons de voir l'Afrique. Une Afrique divisée, appauvrie et en proie aux conflits. Une Afrique dynamique, ingénieuse, aux ressources humaines et physiques incomparables. La construction de l'unité africaine permettra de valoriser la seconde et d'effacer progressivement l'image d'une Afrique malade et en proie au doute
Koffi SOUZA
Koffi Souza est éditorialiste à l'hebdomadaire L'Union, publié au Togo