Idées

Une solution pour financer la transition écologique

Une taxe sur la spéculation constituerait une étape décisive dans le financement de la transition écologique qui permettrait de relancer une dynamique forte et pérenne, en Europe et dans les pays du Sud.

Kako Nubukpo est l'un des signataires © Emmanuel Pita/republicoftogo.com

Une taxe sur la spéculation constituerait une étape décisive dans le financement de la transition écologique qui permettrait de relancer une dynamique forte et pérenne, en Europe et dans les pays du Sud, en créant un grand nombre d’emplois durables, estime dans une tribune au quotidien français Le Monde un collectif de parlementaires et de spécialistes internationaux, parmi lesquels Laurence Tubiana, Karim Darwish, Jean Jouzel et Pierre Larrouturou. 

Partout dans le monde, l’été 2022 a été meurtrier : canicules à répétition, feux de forêts, inondations d’une ampleur sans précédent... Plus personne ne peut douter que le dérèglement climatique s’accélère et risque de devenir incontrôlable. 

Pour rattraper le temps perdu, le nerf de la guerre, c’est l’argent. Il faut trouver des sommes considérables pour faire face à la crise alimentaire actuelle, mais aussi pour financer l’isolation des bâtiments, les transports publics et les énergies renouvelables, aider les pays du Sud à faire face aux pertes et aux préjudices liés au dérèglement climatique, aider les pays qui acceptent de stopper la déforestation et ceux qui renoncent à exploiter leurs réserves de gaz ou de pétrole... 

Si cette question du financement est absolument cruciale, elle a déjà suscité beaucoup de déceptions à cause de nombreuses promesses non tenues. Comment créer une dynamique nouvelle ? Comment trouver de nouvelles ressources ? 

Depuis le mouvement des « gilets jaunes », nombreux sont ceux qui pensent qu’il serait à la fois difficile et injuste de mettre en place une taxe carbone tant que des investissements massifs dans des alternatives pour les transports n’auront pas été réalisés. 

De plus, à la suite de l’accord de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur un taux minimum d’imposition de 15 % sur les bénéfices des entreprises multinationales, l’idée d’une taxe sur les grandes entreprises du numérique pour financer les politiques climatiques a été abandonnée. C’est dans ce contexte, et alors que les marchés financiers sont à des niveaux très élevés, que revient le débat autour de la taxe sur les transactions financières. 

Cette taxe, soutenue par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) depuis 2011, a aussi le soutien de Joe Biden aux Etats-Unis et du Parlement européen. Ce dernier rappelait fin 2020 dans son rapport sur le financement du plan climat que, rien qu’à l’échelle européenne (et malgré le Brexit), une taxe de 0,1 % sur les transactions financières pourrait rapporter jusqu’à 57 milliards d’euros par an, sans toucher au portefeuille du plus grand nombre. 

En décembre 2020, la Commission européenne rappelait qu’un accord sur la taxe sur les transactions financières était possible en coopération renforcée (l’unanimité n’est pas requise sur ce sujet), et affirmait qu’elle espérait un accord avant la fin 2022. 

Or aucun accord n’a encore été conclu. La pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine ont bien sûr été au centre de l’attention des chefs d’Etat européens ces deux dernières années, mais il est maintenant plus urgent que jamais de parvenir à un accord pour créer cette taxe sur les transactions financières. 

Cinquante-sept milliards d’euros par an pourraient avoir un effet catalyseur sur les négociations climat en cours à la COP27. 

Créer une taxe sur la spéculation peut se faire en un an. Une telle création ne constituerait qu’une étape dans le financement de la transition écologique, mais une étape décisive qui permettrait de relancer une dynamique forte et pérenne, en Europe et dans les pays du Sud, en créant partout un grand nombre d’emplois durables. 

C’est pourquoi les signataires de cet appel demandent instamment aux dirigeants européens de conclure au plus vite les négociations sur la création d’une taxe sur les transactions financières dont l’essentiel des revenus serait directement fléché en faveur de l’action climatique en Europe et dans les pays du Sud, notamment les plus affectés. Les signataires demandent aussi aux dirigeants des autres pays signataires des accords de Paris de coopérer pour mettre en place des taxes semblables. 

Premiers signataires de la tribune: Patrick Ten Brink, secrétaire général du Bureau européen environnemental ; Fortune Charumbira, président du Parlement panafricain ; Karim Darwish, député d’Egypte, président de la Commission des affaires étrangères ; Bantu Bonke Harrington Holomisa, député d’Afrique du Sud, ancien ministre de Nelson Mandela ; Dr Sanjay Jaiswal, député d’Inde (Lok Sabha) ; Jean Jouzel, climatologue, ancien vice-président du GIEC ; Pierre Larrouturou, député européen, rapporteur général du budget de l’UE 2021 ; Kako Nubukpo, ancien ministre du Togo, commissaire chargé de l’agriculture, des ressources en eau et de l’environnement de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) ; José Ramos-Horta, président de la République démocratique du Timor oriental ; Nahim Razzaq, député du Bangladesh ; Laurence Tubiana, présidente de la Fondation européenne pour le climat, négociatrice des accords de Paris. 

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