Politique

Agboyibo ne veut pas céder sur le CPDC

Depuis son départ de la Primature, Me Yaovi Madji Agboyibo est resté silencieux. Il a cédé son poste de député à son suppléant, et la présidence du CAR, le parti qu'il a fondé, à Me Apévon Dodji. L'homme se consacre davantage à son métier d'avocat, mais ne reste jamais très éloigné de la chose politique. Son influence au sein du Comité d'action pour le renouveau demeure très importante.

Dans un entretien accordé à republicoftogo.com, Me Agboyibo revient, notamment, sur le contentieux relatif à la composition du Cadre permanent de dialogue et de concertation (CPDC). « Le CAR n'admettra pas l'idée d'ouvrir le CPDC à des partis extraparlementaires et à la société civile » explique ce vieux routier de la politique togolaise. S'agissant de la Céni, l'opposant estime que celle de 2007 n'est plus représentative de la réalité politique du Togo d'aujourd'hui. Republicoftogo.com : Vous avez décidé, lors de la dernière convention du CAR d'abandonner la présidence du parti au profit de Me Apévon  Dodji. Qu'est-ce qui a motivé cette décision ? Une volonté d'alternance ?

Me Yaovi Madji Agboyibo :

Non. Je l'ai fait uniquement par respect des statuts que notre parti s'est donné à sa création et qui sont clairs sur point. Le mandat du président est limité dans le temps. J'ai simplement décidé  de me conformer à cette limitation.

Republicoftogo.com : L'UFC et le CAR menacent  de boycotter les travaux du Cadre Permanent de Dialogue et de Concertation (CPDC) si le gouvernement ouvre les portes à d'autres partis extra parlementaires et à la société civile. En quoi cette mesure vous gène-t-elle?

Me Yaovi Madji Agboyibo :

Les travaux piétinent depuis quelques temps dans la mise en Œuvre des engagements en suspend liés à l'Accord Politique Global (APG). Je pense qu'il faut s'en tenir fondamentalement à l'esprit de cet accord.

Par ce document signé le 20 Août 2006, la classe politique togolaise entendait passer d'un paysage politique à un autre. Le premier paysage, était celui caractérisé par un face-à-face entre la mouvance présidentielle et l'opposition dite traditionnelle dont les composantes résultaient d'un arrangement entre les acteurs politiques.

De ce premier paysage, nous devions évoluer, à la suite des élections législatives, à une nouvelle configuration issue du suffrage universel et qui reflète les partis politiques habilités par le peuple à parler et à agir en son nom.

C'est dans cette logique que le gouvernement d'union nationale a décidé, en mai 2007, lors d'un Conseil des ministres comprenant les partis signataires de l'APG (à l'exception de l'UFC) que seuls devaient siéger au CPDC, les partis qui obtiendraient au moins 5% des voix aux législatives d'octobre 2007.

Une fois les résultats du scrutin connus, tout démocrate devait s'y plier.

Il est donc dommage que certains cherchent aujourd'hui à se dérober à ce qui a été convenu ensemble. Ce type de comportement ne peut qu'engendrer des polémiques stériles comme celles qui enveniment actuellement la situation politique.

Repblicoftogo.com : Vous maintenez donc votre menace de boycott si le gouvernement ouvre le CPDC à d'autres composantes de la vie politique et sociale ?

Me Yaovi Madji Agboyibo :

Oui car cela signifierait que le gouvernement ne respecte pas la volonté populaire issue des législatives de 2007. Le CAR ne pourra nullement accepter une telle régression du processus démocratique.

Republicoftogo.com : Un tel boycott ne risque-t-il pas de retarder l'organisation de l'élection présidentielle de 2010 ?

Me Yaovi Madji Agboybo :

Pas du tout ! L'essentiel de ce qu'il faut faire pour débuter les préparatifs de l'élection présidentielle a été déjà fait. Les discussions sont terminées, des points d'accords sont dégagés, il revient au chef de l'Etat d'oeuvrer au règlement des désaccords qui persistent pour faire adopter la nouvelle version du Code électoral par l'Assemblée Nationale.

Republicoftogo.com : Qu'est-ce que le CAR pense de l'éventualité de la remise en scelle de l'ancienne CENI pour conduire les opérations électorales ?

Me Yaovi Madji Agboyibo :

La Commission électorale indépendante qui a organisé les élections législatives de 2007, s'inscrivait dans un contexte politique particulier qui, aujourd'hui, n'est plus le même. A l'époque on avait bâti un équilibre entre la mouvance présidentielle et les cinq  partis de l'opposition dite traditionnelle.

Et c'est cet équilibre qui avait servi de base à la composition de la CENI et de ses démembrements. 

Le CAR ne peut pas admettre que les mêmes critères soient retenus pour 2010. Depuis les dernières législatives, il s'est dégagé une nouvelle configuration politique composée d'une majorité gouvernementale et d'une opposition parlementaire.

C'est du reste à partir de ce nouveau paysage politique que la composition de la CENI et de ses démembrements a été définie par les participants au dialogue au sein du CPDC.

Republicoftogo.com : En janvier dernier votre parti a noué un accord avec l'UFC pour la présidentielle de 2010. Envisagez-vous de présenter un candidat unique, et si oui, qui ? Un membre de votre parti ou de l'UFC ? On se rappelle toutefois que dans le passé vos relations avec l'UFC avaient été parfois ombrageuses.

Me Yaovi Madji Agboyibo :

L'idée d'avoir un candidat commun à l'élection présidentielle de 2010 a été clairement exprimée par le CAR et l'UFC dans leur communiqué conjoint du 28 janvier 2009.

Je pense que cette idée correspond à une profonde attente de tous les Togolais qui aspirent à l'alternance en 2010. S'agissant du choix du candidat commun, le CAR s'est prononcé sans équivoque dans le communiqué conjoint. Nous attendons de la part de l'UFC, le retour de l'ascenseur.

Republicoftogo.com : Comment jugez-vous l'action gouvernementale ?

Me Yaovi Madji Agboyibo :

La situation actuelle n'est pas ce qu'on aurait voulu. Je pense que le manque de volonté politique des dirigeants en est pour quelque chose. Il faut aussi souligner que le désir de nos populations à l'alternance politique est encore complexe.

Republicoftogo.com : Vous venez d'organiser une conférence dont le thème était « Rôle de l'entrepreneur dans l'économie sociale de marché ». Au cours de votre intervention, vous avez beaucoup insisté sur la nécessité d'instaurer une stabilité politique durable et des institutions crédibles pour favoriser le retour des investisseurs au Togo. Pensez-vous que ces conditions soient réunies ?

MeYaovi Madji Agboyibo :

La classe politique togolaise doit faire encore beaucoup d'efforts pour parvenir à une stabilité politique susceptible de rassurer les investisseurs et les milieux financiers. Pour cela, il faut, bien entendu, renforcer les dispositions visant à garantir la régularité, la transparence et la fiabilité des élections ; mais il est surtout de la responsabilité de l'élite politique et civile du Togo de se pencher sur la manière d'articuler les légitimités issues des élections afin d'instaurer un climat politique serein qui favorise la stabilité et change définitivement l'image de notre pays.

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