La lettre qui pique

Pour ses 59 ans, le président du Conseil Faure Gnassingbé a reçu un cadeau inattendu : une "rose noire pleine d’épines", offerte non pas par un admirateur, mais par Brigitte Adjamagbo-Johnson, opposante historique et secrétaire générale de la CDPA.

Dans une lettre ouverte au vitriol, publiée ce vendredi, la députée a transformé ce qui aurait pu être un message de bon anniversaire en une déclaration de guerre symbolique. "Ce n’est pas un hommage. Ce n’est pas une bénédiction. Ce sont des funérailles politiques à peine déguisées," écrit-elle avec emphase, dans une prose plus lyrique que stratégique.

Chaque épine de la rose, selon elle, incarne les noms de victimes de répression, d’exil ou d’humiliation. Mais au-delà du florilège poétique, pas un mot sur un projet politique alternatif, ni sur une proposition concrète pour sortir de ce qu’elle qualifie de "crise constitutionnelle".

Une opposition en mode incantatoire ?

Ce type de sortie, devenu presque rituel à chaque anniversaire ou discours de M. Gnassingbé, semble aujourd’hui moins mobiliser que souligner l’impasse dans laquelle se trouve une partie de l’opposition. 

Très active sur les réseaux sociaux, la DMP, coalition que Mme Adjamagbo-Johnson coordonne, peine pourtant à créer un rapport de force réel sur le terrain électoral ou institutionnel.

Depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution le 6 mai dernier, la députée déclare que Faure Gnassingbé n’a "plus ni légitimité, ni légalité", et qu’il gouverne désormais "hors Constitution, hors peuple, hors temps… bientôt hors Histoire."

Des formules qui claquent, certes, mais dont l’efficacité politique reste à démontrer. En attendant, le chef de l’État souffle bel et bien sa 59e bougie... toujours en poste.