Le processus en vue des prochaines élections législatives au Togo, théoriquement prévues le 5 août, rencontre d'énormes difficultés pratiques depuis quelques semaines, ce qui commence à inquiéter sérieusement la classe politique.
Chargée d'organiser ce scrutin, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) semble elle-même avoir beaucoup de mal à arrêter un calendrier qui permette de tenir les délais.Le recensement électoral, initialement prévu le 8 juin, a été annulé.
Conséquence, la date proposée pour le scrutin pourrait être une nouvelle fois modifiée, selon des sources proches de la Céni, qui proposé dans un premier temps la date 24 juin.
De fait, aucun calendrier électoral n'est disponible, à moins de deux mois de la date théorique pour renouveler le parlement dont le mandat expire en octobre.
Le 14 juin, le président Faure Gnassingbé s'est lui-même inquiété des "retards accumulés", invitant le Premier ministre, l'opposant Yawovi Agboyibo, à "prendre d'urgence les mesures nécessaires", selon un communiqué de la présidence.
Au siège de la Commission électorale, l'ambiance est pourtant à l'optimisme jeudi. La plupart de ses membres mettent surtout en avant "les tâches déjà accomplies".
"Les agents recenseurs sont formés, les kits électoraux sont reconditionnés et nous ne tarderons pas à publier le calendrier de ce processus électoral", affirme un responsable de la Céni sous couvert de l'anonymat.
Environ 3.000 kits de recensement ayant servi aux dernières élections présidentielles en République démocratique du Congo (RDC) ont été mis à la disposition du Togo pour une meilleure organisation du scrutin.
"Le souci de la Céni est d'organiser des élections propres et apaisées en fonction de la logistique mise à sa disposition", affirme le même responsable de la Céni.
Ces législatives sont considérées par les observateurs comme un scrutin test pour les principaux partis politiques, notamment l'UFC et le Rassemblement du peuple togolais (RPT, au pouvoir) de M.Gnassingbé.
"Les poids lourds de la scène politique vont jauger leur cote de popularité et le Togo disposera d'une assemblée nationale représentative", estime un expert de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (CEDEAO) à Lomé.
Les dernières législatives d'octobre 2002 avaient été boycottées par les principaux partis d'opposition et remportées sans problèmes donc par le RPT avec 72 sièges sur 81.
Des législatives "libres" et "transparentes" amèneraient l'Union européenne (UE) à normaliser ses relations avec Lomé, rompues depuis 1993 pour "déficit démocratique".
"C'est un scrutin de la dernière chance pour le Togo. Pour cela, tous les acteurs politiques ont intérêt à s'investir à fond en accompagnant la Céni dans sa lourde mission", avertit un diplomate en poste à Lomé.