Un Togolais parmi les prisonniers de guerre en Ukraine

Parmi les visages fatigués et les récits poignants des soldats russes capturés en Ukraine, un profil étonnant émerge : celui d’un prisonnier de guerre togolais, arrêté sur le front et actuellement détenu dans un centre secret à l’ouest de l’Ukraine.

Ce détenu, dont l’identité n’a pas été rendue publique pour des raisons de sécurité, aurait été enrôlé dans l’armée russe dans des conditions obscures, comme plusieurs ressortissants africains ayant été incités à s’engager en échange de promesses d'argent, de régularisation ou d'annulation de peines de prison.

Arrêté il y a plusieurs mois, le soldat togolais partage le sort de dizaines d'autres prisonniers retenus dans ce centre géré par les autorités ukrainiennes. Selon Iryna Krynina, citoyenne russe en rupture avec le Kremlin et collaboratrice des services ukrainiens, le détenu togolais a récemment pu parler brièvement à sa famille restée au Togo, dans un appel émouvant où il a exprimé ses regrets, sa peur et son profond désarroi.

« Je voulais sortir de la galère, je ne savais pas ce que j’allais vivre. Maintenant je suis ici, loin de tout, et je ne sais pas ce que l’avenir me réserve », aurait-il confié, la voix brisée par l’émotion.

Le témoignage de ce prisonnier met en lumière la présence de ressortissants étrangers enrôlés dans l’armée russe, souvent à leur insu ou sous la pression. Beaucoup d’entre eux, comme lui, n’avaient aucune conscience de la brutalité du conflit ou de l’impossibilité réelle de quitter l’armée une fois engagés.

Iryna Krynina, qui rencontre chaque semaine plus de soixante prisonniers, souligne que la majorité des soldats capturés ne veulent plus rentrer chez eux, car cela signifierait un retour automatique sur le front. Cette réalité s’applique également au Togolais, aujourd’hui coincé entre deux impasses : l’enfermement ou la guerre.

En diffusant ces témoignages, Iryna espère alerter les familles, briser le silence et révéler l’ampleur des mensonges du Kremlin. Les vidéos publiées sur internet constituent des preuves précieuses pour des proches restés sans nouvelles depuis des mois.

Ce témoignage togolais jette une lumière crue sur les ramifications internationales d’un conflit qui semble lointain, mais qui engloutit des vies venues d’Afrique, d’Asie ou d’ailleurs, attirées par de fausses promesses et prises au piège d’une guerre qui n’est pas la leur.

Alors que les échanges de prisonniers se poursuivent lentement, l’histoire de ce jeune homme soulève des questions urgentes : Comment a-t-il été recruté ? Peut-il espérer une protection internationale ? Et surtout, comment éviter que d’autres ne subissent le même sort ?

Le Togo, pour l’heure, n’a pas officiellement réagi à cette situation.

Voir le reportage diffusé par France 2