Culture

Oulégoh Kéhéwa : « Nous sommes en train d'assumer la culture française au détriment de la nôtre »

L'Assemblée Nationale a autorisé mardi dernier la ratification de la convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, par l'Unesco adopté le 17 octobre 2003 à Paris. Quels sont les avantages d'une telle convention  pour le Togo ? Quels sont les critères de sélection des sites inscrits ou à inscrire au patrimoine de l'Unesco et comment le gouvernement entend procéder pour la sélection de ces sites ? Autant de questions auxquelles répond Oulégoh Kéhéwa, le ministre de la Communication et de la Culture

##S_B##Republicoftogo.com : Quels sont les avantages que le Togo obtient en ratifiant cette convention ?

Oulégoh Kéhéwa :

Vous savez que depuis un certain temps, face aux effets de la mondialisation, nos cultures sont érodées au profit des images que colportent les médias à travers le monde. Ce qui induit une certaine dépravation et nos jeunes s'intéressent de moins en moins à nos cultures. Nos danses, nos chansons, nos comptes, nos proverbes  et même nos langues sont en train de perdre du terrain. Il s'avère donc nécessaire de les préserver et de les rendre vivants en prenant conscience et en effectuantt un retour aux sources. Cela dit la ratification de cette convention va permettre à notre pays de tirer des avantages réels. D'abord en terme de préservation contre la piraterie, et de l'autre côté, le Togo pourra désormais soumettre des projets de préservation de ces expressions de la culture pour obtenir des financements ; ce qui va générer suffisamment d'argent pour valoriser ces cultures, les entretenir et faire en sorte qu'elles fassent partie de notre être au sens ontologique du terme.

Republicoftogo.com : Avant de bénéficier de cet argent, le Togo doit remplir un certain nombre de conditions ?

Oulégoh Kéhéwa :

Bien sûr ! D'abord il nous revient d'inventorier ces expressions culturelles, ensuite de mettre à disposition des fonds pour commencer à entretenir ce patrimoine culturel avant de bénéficier du soutien des institutions internationales et des partenaires.

Republicoftogo.com : Justement où en est le Togo avec cet inventaire des expressions culturelles du pays ?

Oulégoh Kéhawa :

Il y a eu un inventaire en 1994 où une commission a fait des études et dénombré 40 sites et monuments ainsi que 75 danses traditionnelles à travers le pays. Mais cela reste insuffisant parce qu'il nous faut aller dans les contrées les plus reculées faire en sorte que les gens ne disparaissent pas avant que leur culture ne soit identifiée. Et retenez que lorsqu'on parle de patrimoine culturel immatériel c'est d'abord et avant tout la langue et lorsqu'une langue disparaît, c'est la culture qu'elle regorge qui s'en va. Et vous remarquez vous-même que nous parlons aujourd'hui plus le français que nos langues traditionnelles, ce qui signifie que d'une manière ou d'une autre nous sommes en train d'assumer la culture française au détriment des nôtres.

Republicoftogo.com : Quels sont les critères de sélection de ces expressions culturelles ?

Oulégoh Kéhéwa :

Ils sont de deux ordres : l'authenticité en ce sens qu'elle est unique et l'intégrité à moins que ces expressions culturelles ne soient transfrontalières.   Transfrontalières parce que la plupart de nos pays ont des frontières qui partent du littoral vers l'intérieur, ce qui fait que nos espaces culturels sont comme des couches sédimentées que la frontière vient trancher alors que ce sont les mêmes populations d'un côté comme de l'autre.

C'est pourquoi lorsque la culture est transfrontalière, il sera important de s'assurer qu'elle a un fondement identique et qu'elle exprime les mêmes attentes en même temps qu'elle participe au ciment et à l'harmonie sociale de la même manière des deux côtés.

    

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