Diplomatie

La nouvelle stratégie des djihadistes

Maillon faible

L’enlèvement de deux Français début mai dans le nord du Bénin est une très mauvaise nouvelle que leur libération rapide, par les forces spéciales, n’atténue que bien peu.

Un tel rapt, que bien des spécialistes redoutaient, ne fait que confirmer l’ancrage toujours plus au sud des groupes islamistes. Partis des confins du Sahara au nord du Mali et du Niger, ils menacent et agissent dans le nord du Bénin donc, mais aussi du Togo et de la Côte d’Ivoire, écrit lundi le quotidien français Le Figaro.

Cette capacité à gagner du terrain signe le succès de la pour contrer les efforts des armées, à commencer par l’armée française, censée les éliminer. 

Évitant les confrontations directes, ils se sont infiltrés, s’appuyant sur des groupes locaux ralliés à leur cause autant par intérêts que par idéologie. Les prémices de cette stratégie se sont vues dans les villes de Gao et de Tombouctou, vite revenues sous l’influence des islamistes alors qu’ils en avaient été chassés en 2013 par l’opération militaire française « Serval ».

Elles ont été puissamment confirmées à la fin 2015 quand le centre du Mali, la région de Mopti jusqu’alors calme, a sombré dans la violence. Les actions terroristes ont été placées sous la direction d’un prêcheur peul bien connu localement, Amadou Koufa, et de son groupe, la katiba Macina, composée essentiellement de Peuls. 

L’homme a vu sa notoriété grandir. En mars 2017, il était comme consacré en apparaissant dans une vidéo aux côtés de plusieurs chefs islamistes sahéliens, notamment le Touareg malien Iyad Ag Ghaly, pour annoncer la création officielle d’une alliance : le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). La katiba Macina a dès lors largement miné le centre du Mali mais aussi, au travers des connexions tribales, tout le nord du Burkina Faso.

Ce pays est passé en deux ans du statut d’indemne de toute attaque à celui de maillon faible. Alors qu’un groupe local s’est monté, nommé Ansarul Islam, les attentats se sont multipliés, touchant, comme au Mali, aussi bien des militaires que des fonctionnaires ou des chefs religieux et tribaux « collaborateurs ».

Pour faire monter la tension, les églises, dans ce pays où musulmans et chrétiens cohabitent, sont attaquées. Dimanche, six personnes, dont un prêtre, ont été tuées dans l’attaque d’un lieu de culte près de Dablo. 

La capitale, Ouagadougou, a été ciblée trois fois. Et la majorité des enlèvements a désormais lieu au Burkina Faso : 12 depuis 2016. Au printemps dernier, l’est et le sud-est du pays étaient à leur tour contaminés. Dans ces zones peu peuplées et forestières, une fois de plus les djihadistes ont eu pour relais des micromouvements locaux. Et si cette nouvelle attaque est sans doute l’œuvre de l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) et non du GSIM, cela n’a guère d’impact. Contrairement à la Syrie, le Sahel voit les deux grandes filiales du djihad collaborer contre l’ennemi commun. Ils sont désormais en mesure du s’immiscer dans d’autres États.

Le pire, sans doute, tient à ce que cette stratégie n’a rien de nouveau, souligne Le Figaro. 

Les officiers de « Barkhane » la connaissent depuis longtemps. L’instauration du G5-Sahel, une coopération entre cinq armées régionales (Mali, Burkina Faso, Mauritanie, Niger et Tchad) visait précisément à fermer les frontières pour éviter le débordement du problème malien sur ses voisins. 

Mais la force, qui devait être opérationnelle à l’été 2016, ne l’est toujours pas. Les 4 500 soldats français sont, eux, trop peu nombreux pour être partout et les 10 000 Casques bleus trop peu formés pour être efficaces. Les djihadistes profitent de ces faiblesses.

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