Diplomatie

Pas de quartier pour les terroristes

L’Azerbaïdjan, qui préside au mois de mai le Conseil de sécurité des Nations unies, organise vendredi un débat de haut niveau ayant pour thème : « Menaces contre la paix et la sécurité internationales résultant d’actes de terrorisme ». 

Le ministre des Affaires étrangères du Togo, Elliott Ohin (photo), participe à ce débat où il représente le chef de l’Etat.

Au mois de février, lors de la présidence tournante du Conseil assurée par le Togo, Faure Gnassingbé avait souhaité évoquer un thème similaire, celui de la criminalité transfrontalière, de l’insécurité au Sahel et de la piraterie maritime. 

L’insécurité au Sahel, depuis la chute du régime libyen, a eu comme première conséquence la partition du Mali dont le nord est désormais contrôlé par des groupes islamistes affiliés à des organisations terroristes.

Lors de son intervention à New York, M. Ohin a souligné que l’Afrique payait « un lourd tribut pour des actes criminels, comme ceux qui sont perpétrés, de plus en plus, au Nigeria et dans la région du Sahel par les sectes islamiques Boko Haram, Al Qaeda pour le Maghreb islamique (AQMI) et  d’autres groupes criminels », Sans oublier, a-t-il dit, les attentats en Somalie, au Kenya, en Tanzanie.

En Afrique, comme d’ailleurs dans le Monde arabe et en Asie, le terrorisme se nourrit souvent de l’intégrisme religieux et de l’ethnicité, a fait remarquer le ministre.

«  Le Togo a fait de la lutte contre le terrorisme une des priorités majeures de sa politique sécuritaire qui est en parfaite adéquation avec la stratégie mondiale anti-terrorisme. », a conclut Elliott Ohin tout en appelant à une plus large coopération régionale et internationale pour éradiquer le fléau.

On lira l’intervention du chef de la diplomatie togolaise lors du débat de haut niveau au Conseil de sécurité

Monsieur le Président,

Je voudrais tout d’abord vous souhaiter la plus cordiale bienvenue à New York et vous transmettre les chaleureuses salutations de votre Homologue du Togo, le Président Faure E. Gnassingbé.

Votre présence en ces lieux, ce jour, témoigne de l’intérêt que vous portez à la question de la lutte contre le terrorisme qui reste une préoccupation constante et un défi majeur pour tous les Etats. Je voudrais donc remercier votre pays, l’Azerbaïdjan, pour le choix de ce thème et le féliciter pour sa présidence du Conseil de sécurité pour le mois en cours.

J’aimerais ensuite réitérer nos vifs remerciements à la Délégation américaine pour l’excellent travail accompli au cours du mois d’avril qui a été très chargé.

J’adresse enfin au Secrétaire Général de l’ONU nos remerciements, non seulement pour son exposé sur la question sous examen, mais également pour les diverses actions initiées et menées, sous l’égide des Nations Unies, pour promouvoir la lutte antiterroriste.

Monsieur le Président,

Le terrorisme reste l’une des plus grandes menaces à la paix et à la sécurité des peuples et des nations.

Les attentats, les enlèvements, les prises d’otages, les détournements d’avions et les assassinats, que les terroristes commettent et revendiquent, constituent des atteintes graves aux droits humains fondamentaux, y compris le droit à la vie et à la liberté de vivre à l’abri de la peur. 

L’envie avérée des terroristes à se procurer des armes de destruction massive accentue même la gravité de la menace qui découle de ce fléau auquel tous les continents et pays sont exposés. 

Les terroristes s’adaptent aux mesures adoptées par les Etats visant à les contrer et utilisent, pour ce faire, les nouvelles technologies comme outils de formation, de recrutement, de financement et de planification d’attentats, mais aussi comme moyens de propagande pour montrer et justifier leurs actes.

Ces menaces deviennent ainsi de plus en plus complexes et obligent nos Etats à consacrer d’importants moyens pour la lutte contre le terrorisme, au moment où ils sont confrontés à de nombreux défis qui sont, à bien des égards, pressants parce que liés à la lutte contre la pauvreté et les inégalités.

Monsieur le Président,

L’Afrique connait et vit, comme les autres continents, le terrorisme. Elle paie un lourd tribut pour des actes criminels, comme ceux qui sont perpétrés, de plus en plus, au Nigeria et dans la région du Sahel par les sectes islamiques Boko Haram, Al Qaeda pour le Maghreb islamique (AQMI) et  d’autres groupes criminels.

Il en va de même des actes terroristes qui sont intervenus en Somalie, au Kenya, en Tanzanie, bref dans tous les pays où des groupes intégristes ont choisi ce mode d’action  pour se faire entendre.

Il est important d’observer que le terrorisme en Afrique, se nourrit souvent de l’intégrisme religieux et de l’ethnicité. Se fondant sur des croyances et Des dogmes d’une part, le sentiment d’appartenance à une descendance commune d’autre part, il est en tout état de cause, l’expression violente de l’intransigeance et de l’intolérance à l’égard du citoyen sur un contient pourtant caractérisé,  plus qu’ailleurs, par le syncrétisme religieux et culturel.

En Afrique, les groupes terroristes profitent parfois de l’une des vulnérabilités du continent, qui a trait à l’immensité de certains espaces étatiques, dont l’insuffisance de contrôle, favorise l’établissement de camps d’entrainement.              

Face à cette  réalité et devant la recrudescence de tels actes, le Togo avait attiré, lors de sa présidence du Conseil de sécurité en février dernier, l’attention de la communauté internationale sur les menaces que continuent de faire poser la criminalité transnationale organisée, de toute évidence liée au terrorisme, à l’Afrique de l’Ouest et à la région du Sahel.

NU

Elliott Ohin vendredi au Conseil de sécurité

Monsieur le Président,

Nous n’aurons de cesse de dire que, quelles que soient les raisons qui sont avancées par leurs auteurs, aucune justification ne saurait prévaloir s’agissant d’actes terroristes menés contre les populations, les biens publics et privés. Il y a donc lieu de combattre ce fléau par tous les moyens légaux.

Conscient de la menace qu’il fait planer sur tous les pays, le Togo a fait de la lutte contre le terrorisme une des priorités majeures de sa politique sécuritaire qui est en parfaite adéquation avec la stratégie mondiale anti-terrorisme. C’est ainsi que d’importantes mesures ont été prises visant à renforcer les mécanismes juridiques et institutionnels existants.

Il s’agit, entre autres, de l’adoption de la loi du 06 juillet 2007 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et de la loi du 07 septembre 2009 sur la lutte contre le financement du terrorisme qui permettent à mon pays de se conformer aux Conventions internationales pertinentes.

Toutefois, la mesure-phare porte sur la création,  en mars 2008, de  la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF) dont le rôle consiste notamment à détecter et à mettre fin aux activités liées au blanchiment d’argent et à coordonner les mécanismes nationaux de lutte contre le terrorisme.

Monsieur le Président,

Au plan sous-régional, le Togo fait partie du dispositif juridique adopté par la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour encadrer la lutte contre ce fléau. 

Nous citerons, par exemple : 

- le  Protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité, adopté en 1999, qui vise à renforcer la coopération sous-régionale dans plusieurs domaines, y compris celui du terrorisme international ;

- le Groupe d’Action Intergouvernementale contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA), créé en 1999, dont le mandat a été revu en 2006 pour intégrer le contre financement du terrorisme ;

- le Cadre de prévention des conflits de janvier 2008 qui a été adopté pour aider la sous-région à faire face aux défis interconnectés que sont la criminalité transfrontalière, la prolifération des armes légères et de petit calibre et la gouvernance politique, sécuritaire et économique ; 

- le Plan d’action régional de 2009 sur le trafic illicite de drogues et les crimes organisés.

Ces dispositifs sous-régionaux, qui illustrent l’engagement des dirigeants de l’Afrique de l’Ouest à s’attaquer au terrorisme, viennent compléter et renforcer les nombreux instruments juridiques et mécanismes que l’Union Africaine a adoptés pour faciliter et promouvoir une action concertée et efficace contre le terrorisme.

Au nombre de ces mesures figurent l’adoption de la Convention d’Alger de 1999 sur la prévention et la lutte contre le terrorisme et son Protocole additionnel de 2004 ainsi que la création du Centre Africain d’Etudes et de Recherche sur le Terrorisme qui se veulent un cadre pour promouvoir  l’interaction et la coopération entre les Etats africains et les mécanismes régionaux.

Monsieur le Président,

La lutte contre le terrorisme appelle à un important travail à la base qui repose, entre autres, sur la collecte et l’exploitation des renseignements afin de détecter et d’identifier les acteurs de la menace, de localiser leurs structures, de comprendre leurs stratégies et de déterminer leurs éventuels objectifs. Ce travail, qui requiert de nombreuses compétences et de moyens considérables, ne peut pas être mené de façon isolée.

L’action nationale doit donc être complémentaire de celle des autres pays et s’inscrire dans le cadre de la coopération bilatérale, régionale et internationale ainsi que de  l’échange d’expériences.

Il est heureux de constater que la communauté internationale dispose d’un riche répertoire de mécanismes et d’instruments juridiques de maintien de la paix et de la sécurité qui, pour la plupart, s’appliquent tout aussi bien à la lutte contre le terrorisme.

L’adoption des résolutions 1267, 1373 et 1540 par le Conseil de sécurité et des 16 Conventions des Nations Unies, de portée universelle, pour lutter contre des formes spécifiques de terrorisme, la Stratégie mondiale contre le terrorisme de 2006, qui appellent toutes à une action internationale pour prévenir et réprimer les actes terroristes, sont autant de preuves de la détermination des Etats à lutter contre le terrorisme, sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations.

Monsieur le Président,

En se dotant d’une Stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme, la communauté internationale a voulu renforcer sa capacité de surveillance, d’harmonisation, de coordination et de réglementation des politiques et pratiques des Etats en matière de prévention et de répression du terrorisme ; toutes les actions dans ce domaine devant se fonder sur cette stratégie.

Mais aujourd’hui, le principal défi de la communauté internationale n’est pas tant  d’adopter un cadre juridique de lutte contre le terrorisme. Ce défi réside plutôt dans sa capacité à mettre en œuvre, de façon coordonnée, efficace et efficiente, les nombreux instruments régionaux, continentaux et universels existants destinés à cette lutte.

Il importe donc de faire preuve d’un plus grand et constant engagement pour prévenir et combattre le terrorisme, dès lors qu’il est établi qu’il frappe les  pays sans discrimination aucune.

A cet égard, mon pays voudrait prendre à son compte le constat du Groupe de travail de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement, créé en 2003 par l’ancien Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi ANNAN, constat selon lequel ce qui menace la sécurité d’un Etat menace tous les Etats, qu’ils soient faibles ou forts.

Aucun Etat, si puissant soit-il, ne peut, par ses seuls efforts et moyens, faire face à cette menace qui défie les frontières. La coopération doit demeurer le maître-mot de cette lutte pour assurer la sécurité interne et internationale.

Une coopération soutenue a le mérite de pouvoir mettre à disposition des connaissances et des informations sur les modes d’attentats, permettre de couper les sources de financement des terroristes et d’affaiblir leurs réseaux.

La synergie dans les actions, le partage des informations entre les différentes institutions engagées dans la lutte, l’assistance technique et financière sont essentielles pour parvenir, à court ou à moyen termes, à éradiquer cette menace permanente sur tous les pays et tous les peuples.

Les pays les moins préparés, et disposant de moyens très limités, ont besoin de voir renforcer leurs capacités à surveiller et à contrôler efficacement les mouvements des personnes et des biens à travers leurs frontières, à détecter les articles prohibés, à saisir les matières dangereuses et à priver les terroristes de lieux de refuge.

Monsieur le Président,

Il est un triste constat  que l’un des atouts des terroristes reste la coopération agissante entre leurs différents réseaux alors même que les pays sont souvent lents à s’engager dans une coopération mutuellement  avantageuse. 

Le Togo estime que c’est à travers des actions conjuguées aux plans bilatéral, régional et international, ceci dans le respect de leur souveraineté, leur indépendance et l’intégrité de leur territoire, que nos Etats pourront espérer lutter efficacement contre le terrorisme. 

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