Idées

Chute des financements privés extérieurs

Les déficits pourraient se creuser, selon l'OCDE

Aucun pays n’est épargné par le choc de la pandémie. Beaucoup de pays en développement (90 sur 122 États à revenus faibles et moyens) sont entrés en récession, note un rapport de l’OCDE, mettant en avant l’impact sur le tourisme, les matières premières et l’industrie.

Surtout, s’inquiète l’organisation internationale, cela va nuire au développement, ralentir la trajectoire fixée en 2015 par les Nations unies pour atteindre les dix-sept objectifs de développement durable d’ici à 2030 (pauvreté, climat, santé, éducation...), avec même un risque de retour en arrière. 

Pour la première fois depuis vingt ans, la pauvreté repart à la hausse : plus de 100 millions de personnes supplémentaires risquent de tomber dans l’extrême pauvreté. 

Les inégalités se creusent, pas seulement en termes de revenus mais aussi liées à la fracture numérique. Les populations vulnérables, en particulier les jeunes et les femmes, n’ont plus accès aux services de base comme la santé et l’éducation. 

Les destructions d’emplois pourraient atteindre 200 millions, alors que beaucoup de travailleurs sont dans le secteur informel, sans filet de sécurité. 

Il y a aussi un risque pour la croissance de long terme car le climat d’incertitude freine les investissements en infrastructures et innovation. 

Effet collatéral, le manque de financement des pays les moins avancés va encore s’aggraver. 

Ils sont confrontés d’un côté à des besoins plus importants en dépenses publiques pour faire face aux effets de la pandémie et de l’autre à un assèchement des res- sources. 

L’OCDE évalue les besoins additionnels à 1 000 milliards de dollars en même temps qu’une chute des financements privés extérieurs à 700 milliards de dollars cette année par rapport à 2019.

La baisse est 60 % plus importante qu’après la crise de 2008. Toutes les sources de revenus sont affectées : investissements de portefeuilles (avec un recul de 80 % des entrées nettes), investissements directs étrangers et envois de fonds des travailleurs à l’étranger (- 20 %). 

La pandémie risque par ailleurs de peser sur les montants d’aide publique au développement. Sans compter que l’endettement, tant public que privé, va se creuser. 

La dette des États les moins avancés va progresser de 20 % en moyenne. Or, déjà avant la pandémie, le déficit de financement annuel des objectifs de développement durable de l’ONU atteignait 2 500 milliards de dollars. 

Les pays pauvres souffrent d’un déficit structurel de recettes fis- cales : elles sont inférieures à 15 % du PIB pour un tiers des pays et à 20% pour les deux tiers, soit bien en dessous des seuils requis.

À des systèmes d’impôt souvent inefficients s’ajoutent l’évasion fiscale des fortunes africaines et les pratiques d’optimisation des grandes entreprises. « 

Pourtant, l’argent ne manque pas. 

À 379 000 milliards de dollars, la valeur des actifs financiers dans le monde n’a jamais été aussi élevée depuis la crise financière mondiale, mais 80 % sont détenus dans les économies avancées. 

Alors que plus de quatre habitants sur cinq vivent dans les pays en développement. Il suffirait de transférer 1,1 % de ces actifs détenus par les banques, les investisseurs institutionnels ou les gestionnaires d’actifs (soit 4 200 mil- liards de dollars) pour combler le déficit. 

Les pays en développement pâtissent des faibles réserves des banques centrales, du déficit d’attractivité pour les investisseurs, de l’insuffisance des marchés de capitaux. 

Le rapport recommande « de renforcer la transparence, la redevabilité des flux financiers, et d’élaborer une solution systémique à la dette des pays». 

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Anne Cheyvialle/Le Figaro ©

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