Idées

Coopération sereine dans une Afrique déstabilisée

La France est le premier bailleur bilatéral du Togo

Les relations entre la France et le Togo sont au beau fixe et c’est dans ce contexte apaisé que se déroule la visite officielle du Premier ministre Manuel Valls vendredi à Lomé.

Les réformes politiques et économiques en cours au Togo ont rassuré les partenaires au développement dont la plupart avaient pris leur distance en raison des incertitudes que créait un processus de démocratisation particulièrement difficile.

La France qui n’avait jamais rompu complètement a été la première à reprendre sa coopération avec le Togo.

Cette  coopération qui s’est diversifiée au fil des ans s’effectue aujourd’hui le long de trois axes majeurs, l’appui au développement et le social, la défense et la sécurité.

PROGRES DEMOCRATIQUES AU TOGO

Les progrès démocratiques du Togo ont rouvert les portes d’une coopération franche et sereine entre les deux Etats amis

Le succès des élections législatives et présidentielles de 2013 et de 2015, organisées dans un climat consensuel et de totale transparence  est sans doute l’une des manifestations les plus récentes de l’évolution positive  que connaît la démocratie au Togo. 

L’apaisement du climat politique est le fruit du processus de réconciliation nationale qui a pris un tournant décisif avec la création le 29 mai 2009 d’une Commission Vérité Justice et Réconciliation. 

Le président Faure Gnassingbé avait donné d’énormes chances de succès à cette Commission en portant à sa tête un prélat, Mgr Barrigah, évêque d’Atakpamé.

Aujourd’hui, la mise en œuvre des recommandations formulées par la CVJR suit activement son cours. 

L’apaisement politique dont jouit aujourd’hui le pays, n’aurait pas été possible sans une politique active de ‘main tendue’ visant à transcender les clivages politiques pour mobiliser tous les Togolais dans l’œuvre de réconciliation et de reconstruction nationale.

L’ouverture politique amorcée en 2005 a pris un relief particulier en 2010, notamment avec la signature d’un accord de gouvernement qui a permis au principal parti d’opposition, l’Union des forces de changement (UFC) ainsi qu’à d’autres formations politiques de faire leur entrée au Gouvernement.

L’ouverture politique s’est également manifestée par une série de réformes institutionnelles engagées dans le droit fil de l’Accord politique global (APG) signé en 2006. 

Cet accord avait jeté les bases d’une refondation profonde de la vie politique au Togo.

Les grandes institutions de la République ont été ou sont en voie de réaménagement pour permettre aux représentants des différents courants de la vie politique d’y siéger et d’y faire valoir la diversité des opinions.

Il en va ainsi de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication, de la Commission nationale des droits de l’homme, de la Cour constitutionnelle, etc., etc.

En matière électorale, le Togo a organisé depuis 2007, avec un succès unanimement reconnu, quatre scrutins de grande envergure. Il s’agit des élections législatives de 2007, de l’élection présidentielle de 2010, des élections législatives de 2013 et de la présidentielle de 2015.

Ces grands rendez-vous électoraux se sont déroulés sans violence et dans un climat consensuel même si certaines formations usent systématiquement de leur droit de contester les résultats. Ce droit s’exerce au demeurant dans l’indifférence générale.

Le Togo est entrée depuis 2007 dans une ère d’élections apaisées qui développe un climat propice à la poursuite de la coopération franco-togolaise.

LES RELATIONS ECONOMIQUES TOGO-FRANCE

La France est l’un des principaux partenaires commerciaux du Togo.

Les exportations françaises se concentrent sur les catégories de produits suivantes : produits pharmaceutiques, produits pétroliers raffinés et coke, équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique, produits des industries agroalimentaires, matériels de transport, produits agricoles, sylvicoles, de la pêche et de l’aquaculture. 

Depuis quelques années déjà la progression est due essentiellement aux produits agricoles et aux produits des industries agroalimentaires.

Une vingtaine de filiales de sociétés françaises ainsi que plusieurs entreprises à intérêts français sont présentes sur le territoire togolais - en particulier dans les secteurs bancaire, de l’hôtellerie, des transports et de la manutention portuaire, des hydrocarbures, du BTP, des communications et de l’agroalimentaire.

LE DEVELOPPEMENT DE LA COOPERATION

La France est le premier bailleur bilatéral du Togo.

La coopération au développement a pour principal canal d’intervention l’Agence française de développement.

La France est au 6e rang du classement des principaux partenaires au développement. Il s’agit par ordre d’importance de la Chine, la Cédéao, la Banque mondiale, le Système des nations Unies, l’Union européenne, la France, le Groupe de la Banque africaine de développement, les ONG internationales, la Banque islamique de développement et les Etats Unis.

Il faut noter que l’aide française au développement prend généralement la forme de dons de l’AFD alors que la Chine et la BIDC, par exemple, interviennent en priorité à travers les prêts concessionnels.

Au-delà de l’Aide publique au développement, il faut signaler que depuis 1996, la France appuie la société civile togolaise à travers le Fonds Social de Développement  devenu Fonds d’appui aux sociétés civiles du Sud (FASCS).

LA  PRIORITE DE LA SECURITE ET DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME

La visite de Manuel Valls à Lomé intervient  à un moment où l’Afrique est touchée par le terrorisme et la piraterie.

C’est l’occasion pour les partenaires de développer leur communauté de vues. 

Au cours des derniers mois, la sécurité régionale et continentale a été au cœur des relations entre les deux Etats. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, était au Togo mi-octobre à l’occasion du sommet de l’Union africaine sur la sécurité maritime.

Le Togo souhaite développer une stratégie maritime nationale de lutte contre la piraterie, avec l'appui de la France et s’intégrant dans un contexte régional. 

En mars 2009, le Togo avait été le tout premier pays africain à réviser son accord de défense avec la France, conformément aux nouvelles orientations définies par Paris. Désormais, les relations entre les deux pays dans le domaine de la défense sont guidées par les principes de base que sont la transparence, la réciprocité, la concertation, le respect mutuel et la sécurité collective.

C’est à travers ce  cadre rénové et  adapté au nouveau contexte international que le Togo et la France effectuent périodiquement des exercices mutuels d’entrainement à la manœuvre dans les eaux togolaises ainsi que des échanges d’expériences professionnelles. 

Des exercices de simulation de lutte contre la piraterie maritime sont régulièrement menés au large des côtes togolaises.

La lutte contre le trafic des stupéfiants est devenue un domaine de prédilection pour la coopération entre la France et le Togo.

Le service de sécurité de l’Ambassade de France au Togo s’est ainsi beaucoup investi pour le renforcement des capacités des gendarmes, policiers, douaniers et autres auxiliaires de justice togolais, en matière de conduite des auditions des trafiquants présumés. 

Compte tenu des proportions importantes que prend la cybercriminalité, la Cellule cybercriminalité de la Direction centrale de la Police judiciaire bénéficie régulièrement de modules de formation dispensés par des experts français.

Le Togo et la France, dans le cadre  de leur spécificité et de leurs intérêts nationaux développent ainsi une coopération sereine dans une Afrique déstabilisée.

Koffi SOUZA

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