Politique

Haro sur la corruption !

Le Premier Ministre Gilbert Houngbo a présidé mardi au Palais des congrès de Lomé, les cérémonies marquant la commémoration de la Journée internationale de lutte contre la corruption. On notait la présence du président de l'Assemblée Nationale, des membres du gouvernement, du représentant de la Banque Mondiale et celui de l'office des Nations Unies contre la drogue et le crime.

Le Premier Ministre a souligné la nécessité pour le Togo de disposer d'une administration fiable, performante, professionnelle et efficace pour lutter contre la corruption. Il a également souligné la nécessité de disposer d'une justice exemplaire pour lutter contre ce fléau.

Pour sa part, le ministre de la Justice, Kokou Tozoun, a indiqué que tout était mis en Œuvre pour éradiquer la corruption qui pénalise durablement le programme de relance économique dans lequel le Togo est engagé.

Voici le discours du Premier ministre

Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale,

Messieurs les Présidents des Institutions de la République,

Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement,

Honorables Députés,

Excellences, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Représentants des Organisations Internationales,

Monsieur le Représentant Régional de l'Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC),

Monsieur le Représentant Résident de la Banque Mondiale,

Autorités Administratives, Politiques et Militaires,

Chefs Traditionnels et Autorités Religieuses,

Messieurs les Directeurs Généraux et Chefs de Service,

Mesdames et Messieurs les Représentants de la Société Civile,

Mesdames et Messieurs,

Chers Invités

Au nom du Chef de l'Etat et de tout le Gouvernement, l'honneur m'échoit de prendre la parole devant cette auguste audience et je vous en remercie.

La présence parmi nous d'une délégation de l'ONUDC, est une belle démonstration de la synergie internationale que nous devons mettre au service de la Journée Internationale contre la Corruption, par laquelle nous commémorons la date anniversaire de la signature de la Convention des Nations Unies contre la Corruption, le 09 décembre 2003 à Mérida au Mexique.

La participation de l'ONUDC à cette Journée n'est-elle pas aussi une parfaite illustration des excellentes relations de partenariat que notre pays entretient avec cette institution du système des Nations Unies en charge entre autres, de la question de la corruption ?

A Son Représentant Régional et à tous ses experts venus de Dakar et de Vienne, je voudrais formuler mes cordiaux souhaits de bienvenue chez nous et leur exprimer notre appréciation ainsi que notre gratitude pour avoir fait le déplacement de Lomé afin qu'ensemble, dans la même communion, nous disions « NON » à la corruption, « NON » au trafic de drogue, « NON » au blanchiment d'agent sale, « NON » à toutes les dépravations qui entravent le développement et l'épanouissement de nos nations.

L'expertise qu'elle nous apporte dans la mise en place d'un programme intégré sur la drogue et le crime ainsi que d'un plan stratégique sur la lutte contre la corruption, après son concours remarquable à l'élaboration d'un avant projet de loi contre la corruption, me permet d'apprécier à juste titre la noblesse de sa mission.

Qu'il me soit permis de dire notre satisfaction aux autres partenaires qui cheminent avec nous sur la voie de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption : l'Union africaine dont nous avons adhéré au Mécanisme d'Auto Evaluation par les Pairs (MAEP) le 25 juin dernier, la CEDEAO qui vient d'organiser à Lomé un séminaire sur le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, les institutions de Bretton Woods et l'UEMOA.

J'ai bon espoir qu'avec l'adhésion et l'implication effectives de nos populations à cette culture de bonne gouvernance, la mission de salubrité internationale à laquelle ces organisations s'attellent, finira par porter un coup sévère aux visées malsaines des puissances occultes qui ont pris pour cible nos nations.

Comme chacun le sait, ces puissances sans foi ni loi veulent dominer le monde en installant dans nos sociétés, le venin de la corruption, de la fraude, des trafics qui ont pour seul dénominateur commun, la recherche obstinée de l'argent facile par tous les moyens.

Après avoir subi des déconvenues sous d'autres cieux, elles s'attaquent à notre sous région pour en faire leur principale plaque tournante du trafic de drogue.

Leur entreprise est d'avance vouée à l'échec. Car elles trouveront toujours en face d'eux, non seulement nos forces de sécurité et nos populations mobilisées, mais également nos partenaires et la communauté internationale engagés avec nous dans des actions déterminées et coordonnées contre la drogue, la corruption etc.

Lorsque le Comité Spécial chargé d'élaborer un instrument juridique international contre la corruption, après deux années de difficiles négociations, est parvenu, en octobre 2003, à un consensus sur le texte d'une Convention, peu d'observateurs, pouvaient en mesurer la portée historique.

Au delà de cet acte, s'écrivait une nouvelle page de la lutte anti-corruption pour des milliards d'hommes et de femmes confrontés au jour le jour à un phénomène tentaculaire auquel aucun pays ne peut faire face, de façon isolée.

Mesdames et Messieurs,

Distingués invités,

Aujourd'hui, dans sa volonté de moraliser la société togolaise, de promouvoir une meilleure gouvernance de la vie publique, notre pays a choisi de se laisser inspirer par cet instrument international et de faire siens, les principes d'intégrité, de transparence et de justice qu'il porte.

Notre politique de renouveau ne peut que gagner en efficacité et en crédibilité si nous nous laissons guider par les normes et les préconisations édictées par la communauté internationale en matière de bonne gouvernance.

Je me félicite de voir que les Togolais ont compris l'importance de ces nouveaux enjeux et se mobilisent en conséquence.

Un exemple éloquent en est le rôle que la société civile joue de plus en plus dans l'affirmation de la stratégie de lutte contre la corruption. Au cours des deux ateliers organisés par la Commission Nationale de Lutte contre la Corruption et le Sabotage Economique, sa contribution a permis de déboucher sur l'adoption d'une liste de recommandations qui a servi de canevas à l'avant-projet de loi contre la corruption.

J'adresse donc mes plus vifs compliments aux représentants de l'administration, de la société civile, des collectivités locales, des autorités traditionnelles, des confessions religieuses, des médias, du secteur privé ainsi que les experts étrangers qui, pour la première fois dans notre pays, ont débattu sans aucune concession sur la corruption et sur les voies et moyens de l'éradiquer.

Mesdames et Messieurs,

La nécessité de passer de la prévention de la corruption à sa répression avait déjà amené le gouvernement à créer une Commission anti-corruption en 2001. La même préoccupation inspire aujourd'hui le projet de création d'une nouvelle Commission composée en majorité de représentants de la société civile, du secteur privé, des médias avec une compétence plus étendue et des capacités consolidées.

Mesdames et Messieurs,

La lutte contre la corruption ne doit pas se limiter à l'indignation ou à la dénonciation outrée. Une des conditions pour la vaincre, sinon pour la réduire significativement est de disposer d'une Administration efficace et performante, avec des agents vertueux, des conditions décentes de vie et de travail, des règles transparentes de recrutement, de promotion, de sanction des fautes et de récompense du mérite. En somme, une Administration apte à impulser le développement, une Administration au service des citoyens.

La corruption est un phénomène complexe, aux formes de plus en plus sophistiquées, mais surtout elle implique la loi du silence : corrupteur et corrompu sont des complices. Aussi, chaque pas fait dans le sens de réduire la corruption, si minime soit-il, doit être salué à sa juste mesure. Chaque acquis doit être renforcé et intensifié.

La lutte contre la corruption est une lutte de longue haleine qui nécessite l'adaptation constante des principes de gestion des ressources publiques, des normes, des procédures, des mécanismes de contrôle et d'évaluation des structures en charge de la prévention et de la répression. Il ne suffit pas ce pendant de mettre en branle l'arsenal répressif. Il faut également enclencher le levier préventif.

La Cour des Comptes qui sera fonctionnelle l'année prochaine, l'adoption récente par le gouvernement de la Convention de l'Union Africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption et le Protocole de la CEDEAO sur la lutte contre la corruption, l'élaboration d'un nouveau code des marchés publics, viennent compléter l'arsenal juridique adéquat qui accompagnera la politique de bonne gouvernance au Togo.

Mesdames et Messieurs,

Notre monde est à la croisée d'importants défis. Les crises se succèdent mais ne se ressemblent pas nécessairement.

Après la hausse des prix des produits alimentaires, l'onde de choc de la crise financière internationale ne tardera pas à fragiliser les pays en voie de développement.

Cette nouvelle donne nous impose d'accentuer encore plus nos efforts de bonne gouvernance afin que notre pays consacre l'intégralité de ses ressources à la lutte contre la pauvreté et à la réalisation des objectifs du troisième millénaire.

C'est un truisme d'affirmer que l'un des goulots d'étranglement qui empêche l'émergence des nations en voie de développement, c'est la mauvaise gestion, le détournement des deniers de l'Etat, les infractions au code des marchés publics, les surfacturations des commandes, l'enrichissement illicite, la confusion entre biens publics et privés etc.

Un Etat doté de peu de potentialités peut néanmoins parvenir à garantir un minimum de bien être à son peuple si la gestion de ces ressources est bonne et que celles ci profitent à toutes les couches de sa population.

Il est évident que c'est cette même orthodoxie et des pratiques saines et vertueuses qui pourront attirer les investisseurs très sourcilleux sur le climat de confiance, de sécurité, de droit et de transparence qui règne dans le pays où ils se rendent.

Vous comprenez pourquoi, le gouvernement qui met tout en Œuvre en vue de la mise en place urgente de la Cour des Comptes et de la nouvelle Commission anti-corruption, ne transigera pas sur le respect scrupuleux des règles d'orthodoxie financière dans tous les domaines.

Dans cette perspective, je voudrais insister sur la contribution capitale de la justice à la croisade dans laquelle nous sommes engagés. En effet, la lutte contre l'impunité en matière de corruption, de drogue et de criminalité doit être fondée sur une justice indépendante, compétente, intègre qui ne se laisse pas dicter ses décisions par qui que ce soit mais plutôt qui garde constamment à l'esprit sa déontologie et sa rigueur.

Le projet de modernisation en cours d'exécution, a précisément pour vocation de renforcer la justice dans ses valeurs fondamentales d'impartialité, d'améliorer les conditions de vie et le cadre de travail des magistrats, afin de leur permettre de remplir leur mission avec honnêteté, probité, et professionnalisme.

Mesdames et Messieurs,

L'ONUDC a choisi comme mot d'ordre pour cette Journée Internationale contre la Corruption « VOTRE NON COMPTE ».

Notre ambition étant de bâtir un Togo intègre, juste et digne, je demande à chacun d'apprendre à dire « NON » quand on l'invite ou on l'oblige à donner ou à recevoir un pot de vin pour prix de sa conscience.

Le « NON » de chacun compte. Celui de l'homme de la rue, du chauffeur de taxi, du comptable, du chef chantier, du fonctionnaire, de l'agent de police, du douanier, du directeur général de société, du député et du membre du gouvernement, compte !

Mesdames et Messieurs,

VOTRE NON COMPTE

Je vous remercie !

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