Développement

L'esclavage moderne se porte bien

Le nombre de personnes contraintes à des formes modernes d'esclavage en raison de la pauvreté et d'autres crises a considérablement augmenté ces cinq dernières années.

Guy Ryder © Crozet / Pouteau / Albouy / ILO

Le nombre de personnes contraintes à des formes modernes d'esclavage en raison de la pauvreté et d'autres crises a considérablement augmenté ces cinq dernières années pour atteindre quelque 50 millions, a indiqué l'Organisation internationale du travail (OIT).

Parmi ces personnes, 28 millions sont soumises au travail forcé et 22 millions contraintes à un mariage forcé, a précisé l'agence des Nations Unies dans un rapport publié avec l'Organisation internationale pour les migrations et l'ONG Walk Free.

Ces deux situations relèvent de l'esclavage moderne car elles renvoient à des situations d'exploitation qu'une personne ne peut refuser ou auxquelles elle ne peut échapper en raison de menaces, de violence, de coercition, de tromperie ou d'abus de pouvoir, a ajouté l'OIT.

La situation a été exacerbée par la pandémie de COVID-19, les conflits armés et le changement climatique, des crises qui ont laissé davantage de personnes dans l'extrême pauvreté et en ont forcées d'autres à migrer, a indiqué l'agence.

Le rapport précise que dix millions de personnes supplémentaires se trouvaient en esclavage moderne en 2021 par rapport aux estimations mondiales de 2016, les femmes et les enfants restant vulnérables de manière disproportionnée.

L'OIT a en outre constaté que plus de la moitié de tous les cas de travail forcé et un quart de tous les mariages forcés se trouvaient dans les pays à revenu moyen supérieur ou à revenu élevé et que les travailleurs migrants sont plus de trois fois plus susceptibles d'être soumis au travail forcé que les non migrants.

L'Asie et le Pacifique abritent plus de la moitié du total mondial (15,1 millions de personnes), suivis par l'Europe et l'Asie centrale (4,1 millions), l'Afrique (3,8 millions), les Amériques (3,6 millions) et les Etats arabes, (0,9 million). 

Avec 12 % du total, la part des enfants forcés de travailler est conséquente. Encore que l'OIT alerte : ‘ces chiffres, déjà alarmants, ne représentent sans doute que la partie émergée de l’iceberg’.

Adoptés en 2015, les Objectifs de développement durable (ODD) comprennent l'engagement de mettre fin à l'esclavage moderne des enfants d'ici 2025, et de toutes les personnes d'ici 2030. 

Les récentes tendances n'incitent guère à l'optimisme. « Nous savons ce qu'il faut faire, et nous savons que cela peut être fait (…). Mais les gouvernements ne peuvent y parvenir seuls. Les normes internationales constituent une base solide et une approche globale est nécessaire. Les syndicats, les organisations d'employeurs, la société civile et les gens ordinaires ont tous un rôle essentiel à jouer », a commenté Guy Ryder, le directeur général de l'OIT.

Gilbert Houngbo, le nouveau directeur général de l’organisation lui succèdera début octobre. C’est l’un des premiers dossiers qu’il aura à faire avancer. 

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