La réunion de haut niveau sur les besoins de développement de l'Afrique s'est achevée lundi à New York en présidence du nouveau ministre des Affaires étrangères du Togo, Kofi Esaw. Les pays riches ont été appelés par l'ONU à honorer la promesse faite en 2005 de doubler leur aide à l'Afrique, alors que le cataclysme subi par les marchés financiers mondiaux suscite l'incertitude sur l'avenir économique du monde.
Dans une déclaration politique adoptée par consensus, l'Assemblée générale a demandé que "toutes les promesses" du sommet du G8 de Gleneagles (Royaume-Uni) soient honorées, "notamment l'engagement pris par beaucoup de pays développés de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut à l'aide au développement avant 2015".La déclaration, point d'orgue d'une journée de débats sur le développement de l'Afrique auxquels participaient les représentants de quelque 160 pays, dont le Togo, demande également aux pays développés "d'affecter une part de 0,15% à 0,20% de ce même revenu aux pays les moins avancés".
Le G8 - Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Russie - s'était engagé en juillet 2005 à Gleneagles à porter l'aide à l'Afrique à 50 milliards de dollars par an d'ici à 2010, soit un doublement par rapport à 2004.
Ce chiffre a été ramené depuis à 21,8 milliards de dollars et selon l'ONU et l'UA, l'aide publique au développement n'a augmenté que d'un quart de ce montant.
Par ailleurs, on peut craindre que le récent effondrement de l'industrie financière ayant amené l'administration américaine à demander un plan de sauvetage de 700 milliards de dollars, n'ait des répercussions mondiales dont résulterait une réduction de l'aide aux plus démunis.
En ouvrant ce sommet, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a déploré que selon les tendances actuelles, "aucun pays africain ne parviendra à tous les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) d'ici à 2015".
M. Ban a estimé que pour y parvenir en Afrique, l'ardoise représenterait "quelque 72 milliards de dollars par an en financement extérieur" jusqu'à 2015.
"Cette facture peut paraître impressionnante. Mais nous en avons les moyens et elle n'excède pas les engagements déjà pris en matière d'aide", a-t-il affirmé.
"S'ils ont la volonté d'aider, je suis sûr que les pays développés sauront le faire", tentait de se rassurer le chef de l'Etat tanzanien Jakaya Kikwete, président de l'Union africaine (UA).
"S'ils travaillent ensemble, les pays de l'OCDE (Organisation pour la coopération économique et le développement) peuvent facilement trouver 72 milliards", a-t-il estimé.
Donald Kaberuka, président de la Banque africaine de développement (BAD), a affirmé que si les problèmes économiques actuels "devaient se traduire par une réduction des efforts visant à aider les pays en voie de développement, ce serait très décevant". "Les demandes sont, franchement, très modestes", a-t-il dit.
Les huit OMD, approuvés par les dirigeants du monde en 2000, visent principalement la réduction de moitié de l'extrême pauvreté à l'horizon 2015 par rapport à ses niveaux de 1990.
Dans un rapport publié le 11 septembre, M. Ban déplorait que l'aide totale des pays de l'OCDE n'atteigne que 0,28% de leur produit intérieur brut (PIB) combiné, alors que l'ONU leur avait fixé un objectif de 0,7%.
Le Français Nicolas Sarkozy, président de l'Union européenne, a répété que celle-ci tiendrait ses promesses d'aide. Il a mis en garde contre les risques de réendettement de l'Afrique par de nouveaux bailleurs comme la Chine.
"Les Européens veulent s'engager aux côtés de l'Afrique", a-t-il assuré.
"Ensemble, évitons la répétition des erreurs du passé (...), ne préparons pas une nouvelle crise de la dette africaine pour 2030", a déclaré M. Sarkozy.
"Pourquoi voit-on de nouveaux bailleurs de l'Afrique, qui sont par ailleurs les bienvenus, multiplier l'aide sous forme de projets?", a-t-il demandé en visant, sans la nommer, la Chine.
Pékin a multiplié les financements à hauteur de plusieurs milliards de dollars de projets de construction d'infrastructures dans des pays africains, en échange d'un accès à leurs matières premières ou ressources minières.
La délégation togolaise présente à New York est composée du chef de la diplomatie, Kofi Esaw, du conseiller diplomatique du président Faure Gnassingbé, Robert Dussey et de l'ambassadeur du Togo à l'Onu, Roland Kpotsra.