Diplomatie

Pour une stratégie de l'action de l'Etat en mer

Le Togo est à la pointe de la mobilisation pour lutter contre la piraterie maritime

Selon le dernier rapport du Bureau maritime international (IBM), couvrant les neuf premiers mois de l'année 2014, le golfe de Guinée demeure la zone de l'Afrique la plus touchée par la piraterie maritime. Bien que les attaques y aient connu un léger recul, passant de 47 l'année dernière à 33, les pirates ont ouvert de nouveaux foyers dans la zone. Par exemple, le Ghana, qui n'avait pas enregistré d'attaque en 2013, a déjà connu son quatrième acte de piraterie et de vol à main armée.

En outre, depuis le début du mois d'octobre, des attaques dans les eaux nigérianes suggèrent que la piraterie pourrait être utilisée pour financer des activités politiques. Les attaques sont en effet devenues plus fréquentes et plus violentes à l'approche de l'élection présidentielle nigériane de février 2015. Si cette hypothèse se confirmait, il y aurait à craindre pour les autres pays (la Guinée, la Côte d'Ivoire, le Cameroun, le Togo et le Burkina Faso) qui se préparent à aller aux urnes en 2015, estime Barthélemy Blédé, chercheur en sécurité maritime à l’ISS Dakar.

La piraterie dans le golfe de Guinée inclue le vol de pétrole qui en fait une activité « rentable ». Le volume de pétrole volé au Nigéria sur les navires et dans les oléoducs se chiffre à 400 000 barils par jour et l'on estime à 7 000 dollars le gain journalier d'un groupe de pirates grâce au commerce du pétrole volé sur les navires, soit environ 3,5 millions de FCFA.

La pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) est un autre défi en Afrique de l'Ouest et du Centre, où 40% du poisson pêché l'est illégalement. L'Union européenne (UE), qui importe 65% de sa consommation de poisson, a commencé à hausser le ton devant l'immobilisme de certains gouvernements en matière de lutte contre la pêche INN. La Guinée est le premier pays de la zone à avoir été sanctionné en mars dernier par l'institution européenne. Le poisson pêché dans les eaux guinéennes est désormais interdit sur le marché européen et les navires battant pavillon des pays membres de l'Union n'ont pas le droit d'y pêcher.

Trouver une réponse adaptée à la menace que fait peser la piraterie maritime

Le golfe de Guinée est également un lieu de trafics illicites de drogue, d'armes et d'êtres humains ainsi que d'embarquement de passagers clandestins

Le Togo organisera en octobre 2015 à Lomé, en coopération avec l’Union africaine, un sommet international consacré à la sécurité maritime.

En prélude à cet évènement, un réunion informelle consacrée aux questions de paix, de sécurité et de défense sur l’ensemble du continent africain se déroule à Dakar du 14 au16 décembre, en s’inspirant des forums existants dans d’autres régions du monde. Cette initiative est une plateforme de dialogue et d’échanges sur les questions stratégiques entre experts des questions de défense et de sécurité, et permettra de consolider les relations entre les acteurs concernés par les crises, les conflits et l’instabilité dans ses dimensions multiples en Afrique.

Sur la question de la piraterie maritime et des trafics qu’elle engendre, Robert Dussey, le ministre togolais des Affaires étrangères, soulève plusieurs questions : La stratégie de l'action de l'Etat en mer doit-elle être généralisée dans tous les pays de l'Afrique de l'Ouest et du Centre ? Dans quelles mesures peut-elle régler les questions de la mauvaise gouvernance dans le domaine maritime ?

Quel système de financement doit-on mettre en place pour le fonctionnement des structures de gestion et de coordination de la sûreté/sécurité maritime en Afrique de l'Ouest et du Centre ?

Quelle est l'aide la mieux appropriée pour soutenir les structures de sûreté /sécurité maritime aux niveaux interrégional, régional et national ?

Quelles peuvent être les réponses non sécuritaires dans la lutte contre l'insécurité maritime dans le golfe de Guinée, en termes notamment d'emploi, d'éducation et de protection des droits de l’homme? Les populations riveraines ont-elles un rôle à jouer ?

Les réponses apportées à Dakar puis à Lomé permettront d’alimenter le débat et d’identifier des pistes pour une réponse globale aux menaces sécuritaires.

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