Eco & Finance

Fin de la crise énergétique dans deux ans

La crise énergétique au Togo se poursuivra jusqu'en 2010. C'est ce qu'a indiqué vendredi la direction de la CEET.

C'est seulement à cette échéance que le pays pourra disposer d'une capacité suffisante pour alimenter particuliers et entreprises de façon régulière et sans délestages. C'est à dire lorsque la société privée « Contour Global » aura achevé l'installation de deux turbines à gaz d'une capacité de 100 Mégawatts.Suffisant pour couvrir pleinement les besoins du Togo, affirme la compagnie électrique qui ne répond actuellement qu'à  50% de la demande.

Au cours d'une conférence de presse, la CEET a annoncé qu'elle avait fait l'acquisition de 20 groupes électrogènes qui seront opérationnels fin juillet (photo). Pas de quoi régler le problème national, mais de soulager un peu la population.

Par ailleurs, la société publique a entrepris de réhabiliter les anciennes turbines de la CEET ; les travaux devraient durer 5 mois.

Enfin si la météo le permet et que les pluies sont au rendez-vous, le barrage de Nangbéto sera réactivé, à condition bien sûr, que le niveau d'eau soit suffisant.

POINT DE PRESSE DU 4 JUILLET 2008

par Pedassouu Kodjo, Directeur général de la CEET

L'importance des délestages que connaît actuellement le Togo résulte de la conjonction de plusieurs facteurs liés essentiellement à la conjoncture internationale ainsi qu'aux conditions climatiques. Aussi, le pays ne dispose-t-il pas aujourd'hui de suffisamment d'énergie pour répondre à ses besoins. La CEET met tout en Œuvre pour que la situation revienne progressivement à la normale.

1 - UNE SITUATION ENERGETIQUE DEGRADEE QUI PERTURBE LA VIE QUOTIDIENNE DES HABITANTS ET LA VIE ECONOMIQUE DU PAYS

J'aurais souhaité vous rencontrer dans un contexte plus favorable. En effet, à notre dernier point de presse du 31 mars dernier, nous vous avions parlé des groupes commandés et qui devraient être livrés à fin juin début juillet. Nous nous apprêtions à faire un point de presse sur l'état d'avancement des travaux. Malheureusement, depuis deux semaines, la crise énergétique n'a fait que s'aggraver. Tous nos clients sont aujourd'hui confrontés à des délestages répétés.

Je connais et je comprends cette situation et je tiens à informer les Togolais que la CEET met en Œuvre toutes ses ressources pour limiter les dérangements liés à ces délestages.

Je suis conscient qu'aujourd'hui, la vie quotidienne des Togolais est devenue plus difficile. Parce que l'électricité manque, lorsqu'il revient à la maison après sa journée de travail, un togolais ne peut plus regarder la télévision le soir. Parce que son frigidaire ne fonctionne pas. Il n'a pas d'eau fraîche. Enfin, il se couche dans l'obscurité et sans ventilateur.

Les commerçants ont des difficultés à joindre leurs clients et à être joint. Les photocopieuses sont inutilisables, de même que les fax. L'utilisation des ordinateurs ou la simple consultation des mails sur internet devient de plus en plus difficile.

Quand aux entreprises comme CIMTOGO, la Brasserie ou encore les banques, elles utilisent leurs groupes mais ces groupes ne peuvent pas fonctionner continuellement. Ces entreprises connaissent des difficultés de production.

Il arrive également que les feux de signalisation ne fonctionnent plus ; rendant la circulation de plus en plus difficile.

2- LE   RESULTAT   D'UNE   CONJONCTURE   INTERNATIONALE   DEGRADEE   ET   DE CONDITIONS CLIMATIQUES

Cette situation dégradée provient de la conjonction de plusieurs facteurs relatifs à la conjoncture internationale et aux conditions climatiques de la sous-région. C'est l'ensemble de nos sources d'approvisionnement et de production qui est touché. Nos fournisseurs d'énergie ont diminué leurs exportations, le carburant a manqué pour alimenter la turbine à gaz de la CEB, et le barrage de Nangbéto n'a pas encore atteint un niveau suffisant pour reprendre sa production.

Comme vous le savez, une partie importante (80%) de notre électricité provient d'importation de la Côte d'Ivoire, du Ghana et du Nigeria. Or, depuis 2007, la Côte d'Ivoire ne garantit plus aucune fourniture, le Ghana a réduit sa fourniture d'électricité aux valeurs contractuelles soit 60 MW et depuis la mi-juin le Nigeria ne fournit que 30 MW au lieu de 80 MW.

A cela s'est ajoutée la pénurie de carburant JET Al nécessaire pour faire fonctionner la turbine à gaz de la CEB au Togo.

Enfin, alors que la saison des pluies a commencé, le niveau d'eau au barrage de Nangbéto demeure encore insuffisant pour reprendre la production.

3- LA CEET MET TOUT EN ŒUVRE POUR AMELIORER LA SITUATION LE PLUS RAPIDEMENT POSSIBLE ET FAIRE EN SORTE QUE LA PENURIE ACTUELLE NE SE REPRODUISE PAS   

   

Plusieurs mesures ont été prises afin d'améliorer rapidement la situation et de gérer au mieux la pénurie.

La CEB fournit à la CEET entre 20 % à 45% des besoins qui sont évalués à 100 MW. La CEET, en tant qu'une entreprise citoyenne, fait également fonctionner ses centrales thermiques afin que le pays continue à disposer du maximum d'électricité. Malgré tous ces efforts, nous arrivons à couvrir à peine la moitié des besoins ; ce qui se traduit par la situation de délestage tournant. La priorité est donnée aux industries, à l'administration et au commerce dans la journée. Les ménages sont surtout alimentés les nuits.

Il faut que vous sachiez que le prix de vente de l'électricité que nous produisons par nos centrales thermiques ne couvre pas son coût de production.

En effet, il nous faut 1/3 de litre de gasoil pour produire un kWh, ce qui nous revient, en ne prenant que le coût du combustible, à environ 200 F CFA et nous le revendons en moyenne à 85 F CFA. Nous sommes dans une situation identique à celle d'une commerçante qui achèterait un bol de maïs à 700 F CFA et le revendrait 300 F CFA. Mais l'électricité n'est pas seulement un produit, c'est également un bien commun dont chaque togolais a besoin. Nous vendons à perte afin que les togolais disposent d'un minimum d'électricité ; nous menons cette politique en concertation et avec l'aide du gouvernement.

Dès septembre 2007, nous avons commandé des groupes diesel afin de pouvoir faire face à la crise. Sur les 20 containers attendus, 16 sont arrivés et nous attendons les 4 autres avant la mi juillet. Aussi ces groupes devraient-ils être opérationnels dès la fin de ce mois et fourniront 14% de nos besoins.

En fonction des pluies, le barrage devrait reprendre sa production progressivement dans le cours du mois d'août.

Par ailleurs, nous avions passé commande pour la réhabilitation des deux groupes qui sont au siège de la CEET. Les travaux sont en cours et seront terminés à la fin de 2008. Les groupes fourniront 14 MW soit environ 14% de nos besoins.

Nous travaillons également pour qu'une telle situation ne se reproduise pas.

Nous avions également signé un contrat avec un producteur indépendant (IPP) qui devait installer une centrale de 100 MW, avec deux turbines à gaz fonctionnant avec du gaz naturel en provenance du Nigeria. Mais l'approvisionnement en gaz naturel devenant difficile nous sommes actuellement en négociation pour que cet IPP remplace les turbines à gaz par des groupes diesel pouvant fonctionner à la fois au diesel, au gaz naturel et fuel lourd. La durée prévue des travaux est d'environ 18 mois.

Ainsi, dès l'année 2010 nous disposerons de plus de moyens pour assurer un meilleur service et éviter que la situation ne se reproduise. Nous pourrons alors dire adieu aux délestages.

La question que vous vous posez tous reste « est ce que ça va aller mieux »?

La situation actuelle devrait s'améliorer dès la fin du mois. Les groupes dont je viens de parler seront alors en service. Quant au barrage, sa production devrait reprendre au cours du mois d'août.

C'est le lieu de remercier vivement les autorités pour l'aide qu'elles nous apportent dans la résolution de la crise. Elles sont fortement impliquées dans la recherche d'une solution pérenne en même temps qu'elles nous apportent leurs contributions aux solutions à court terme notamment par la subvention pour l'achat de combustible.

Nous ne pouvons pas terminer ce point de presse sans présenter nos excuses à notre aimable clientèle pour tous les désagréments que causent les délestages. Nous vous exhortons à utiliser à bon escient le peu d'énergie que nous avons. Nous vous rassurons que nous travaillons avec nos autorités pour qu'une solution pérenne soit trouvée. Nous sommes presque au bout du tunnel.

Quelques questions complémentaires

Pourquoi le niveau d'eau du barrage est-il encore insuffisant pour assurer la production alors qu'il pleut beaucoup ?

Quand il commence à pleuvoir, les barrages se remplissent progressivement et le niveau maximal est atteint vers le mois d'octobre. Quand les pluies cessent, en fonction de la production d'énergie, le niveau d'eau baisse ainsi pour arriver à son niveau minimal en février/mars avant de remonter progressivement quand les pluies reprennent. Actuellement, le niveau remonte mais il demeure encore insuffisant pour faire tourner les turbines.

Pourquoi y a-t-il des délestages encore à 19h, alors que les entreprises ont terminé leurs activités et que les togolais ont le plus besoin d'électricité ?

Vers 19 h, la consommation du pays est maximale parce que tout le monde a la lumière allumée, regarde la télévision, met le ventilateur ou la climatisation. La consommation du pays explose à ce moment là. Elle passe de 70 ou 80 MW à 100 MW. C'est à ce moment qu'il nous est le plus difficile de répondre à la demande,

L'électricité n'étant pas un produit-que l'on-peut-stocker facilement en quantité importante. La production ne peut plus faire face à la demande.

Pourquoi la facture d'électricité ne baisse-t-elle dans la même proportion que la durée de fourniture ?

Malgré le délestage les clients consomment presque autant d'énergie qu'en situation normale. Nous avons identifié un phénomène de rattrapage qui fait qu'en période de délestage, lorsqu'il y a de l'électricité, les clients se rattrapent. Les frigos consomment beaucoup d'énergie pour parvenir à refroidir, les climatisations fonctionnent au maximum, les batteries des ordinateurs portables ainsi que les lampes rechargeables se rechargent ... et chacun fait ce qu'il n'a pas pu faire lorsqu'il n'avait pas d'électricité. La consommation ne diminue pas mais elle se déplace dans le temps.

Comment la CEET répartit les délestages entre les différents quartiers de Lomé ?

Notre préoccupation centrale est de permettre à un maximum de professionnels de travailler le jour et à un maximum de ménages de passer des soirées agréables. Aussi avons-nous divisé la clientèle en 4 groupes dont 3 groupes de ménages.

Le groupe 1 est composé des industries, des administrations et des commerces. Il s'agit de la zone portuaire et de l'intérieur du boulevard du 13 janvier. Cette zone est généralement alimentée entre 8 et 16 h. Si possible, l'un des 3 groupes des ménages est alimenté dans la même période.

Les deux autres groupes, qui sont des zones essentiellement résidentielles, sont alimentés après 16 h.

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