
Le covid-19 frappe l’Afrique. La propagation de la pandémie est aggravée par le sous-équipement sanitaire et un recours croissant aux faux médicaments, aux faux tests et demain aux faux vaccins.
La criminalité organisée contrôle ce commerce, valorise ses profits et finance le terrorisme.
Sous la plume de son président Jean-Yves Ollivier, et de Jean-Louis Bruguière, membre de son conseil, la Fondation Brazzaville appelle de nouveaux états africains à s’engager dans l’'Initiative de Lomé' pour agir contre ce commerce criminel.
Des millions d'Africains, confinés dans les capitales et les grandes villes, ont été confrontés à un choix : rester ou partir. Beaucoup ont choisi de rejoindre leurs villages où se nourrir semble plus facile, provoquant un exode momentané, un manque de main d’œuvre et un risque de propagation accélérée de l’épidémie.
De nombreux gouvernements africains font face à une équation insoluble : alors que la pandémie ne peut pas être freinée par les seuls gestes barrières, comment identifier les plus vulnérables dans des économies affaiblies et dominées par le secteur informel, où l’assurance santé et l’assurance chômage font défaut presque partout, et où les systèmes d’accès aux soins sont défaillants, en particulier dans les zones les plus pauvres ?
L’alliance entre les trafiquants de médicaments contrefaits et les organisations terroristes
Les agents de santé gouvernementaux, les ONG spécialisées et l’OMS(1) craignent une aggravation de la pandémie du fait de la mise sur le marché de faux médicaments, de faux tests et demain de faux vaccins, un fléau qui condamne une grande partie de la population africaine à être mal soignée ou à ne pas l’être du tout.
L’OMS considère que dans certaines régions, 60% des médicaments vendus seraient falsifiés. Ils tuent chaque année des centaines de milliers de personnes.
Les antipaludéens comme la chloroquine (Nivaquine) et l'hydroxychloroquine (Plaquenil) sont les produits les plus demandés ces derniers temps pour soigner le Covid-19. Falsifiées, ces deux molécules enrichissent le crime organisé qui prospère en Afrique, alors qu’elles sont tombées dans le domaine public et qu’elles sont produites pour un faible coût de fabrication. Ce trafic est plus lucratif que celui de la cocaïne.
Ailleurs qu’en Afrique, l’apparition et la propagation du Covid-19 voit aussi prospérer le trafic illicite de médicaments, de tests et de masques.
Fin mars, Europol alertait l’opinion publique européenne quant à la diffusion de faux produits. Le marché européen est toutefois protégé par l’application drastique des normes, et le commerce des faussaires y est très difficile.
Mêlant lutte contre le terrorisme, contre les stupéfiants et contre le Covid-19, le président Trump a lancé, début avril, une vaste opération contre les cartels de la drogue en Amérique Latine.
Dans un rapport récent, l’OCDE(2) et l’EUOPI(3) montrent que le trafic et la vente de médicaments contrefaits ou défectueux enrichissent des groupes criminels et mettent en danger des vies humaines tout en absorbant des recettes vitales pour le secteur pharmaceutique et les états.
Mêmes circuits, mêmes pratiques : à l’appel de l’État islamique, les organisations terroristes tirent profit de la crise sanitaire pour multiplier des actions sur l’ensemble du continent africain où les trafiquants sont d’autant plus actifs qu’ils peuvent se lier à leurs réseaux. La menace a progressé de façon sensible depuis la survenue de la crise, dégradant encore plus la situation sécuritaire des états, les exposant à des déstabilisations majeures.
Le règlement de ces problèmes ne peut être qu'africain
En Libye, où la Fondation Brazzaville est impliquée dans une approche de résolution de la crise, la situation humanitaire et la violence résultant du conflit a laissé des milliers de personnes dans le besoin de soins médicaux, créant une demande de médicaments de contrebande. Dans un rapport récent, le projet ENACT(4) de l’Institut d'études de sécurité de l’Union européenne et Interpol observe que le trafic de médicaments de contrebande, impliquant de nouveaux groupes armés.
Le règlement de ces problèmes ne peut être qu’africain, à l’instar de la criminalisation du trafic des faux médicaments qui a trouvé sa dynamique au mois de janvier, à l’initiative de la Fondation Brazzaville et à l’invitation du Président Faure Gnassingbé, lors d’un sommet au Togo, où six chefs d’État(5) et leurs représentants se sont engagés, en présence du directeur général de l’OMS, à lutter effectivement contre le trafic de faux médicaments, en lançant l’'Initiative de Lomé'.
Au-delà d’une condamnation commune, ils ont pris la décision d’introduire de nouvelles législations pour criminaliser le trafic de produits médicaux de qualité inférieures et falsifiée, et de coopérer en mettant en place les mécanismes permettant de réaliser leur accord. Notre fondation agit à leurs côtés.
Alors que des réseaux criminels et terroristes mettent à profit la crise sanitaire pour faire prospérer leurs affaires et soumettre des populations sur leurs zones d’influence, il est urgent d’élargir le nombre de signataire de l’« Initiative de Lomé », pour agir efficacement contre ce trafic mortifère de médicaments contrefaits qui finance le terrorisme.
Au-delà de l’aide financière internationale concernant la réduction ou l’annulation de la dette, des états africains démontreront ainsi qu’ils peuvent prendre en main leur destin de manière concrète.
Jean-Yves Ollivier, président de la Fondation Brazzaville
Jean-Louis Bruguière, membre du Conseil
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(1) OMS – Organisation mondiale de la santé.
(2) OCDE - Organisation de coopération et de développement économique.
(3) UEIPO - Office de l'Union européenne pour la propriété intellectuelle
(4) ENACT - Enhancing Africa’s response to transnational organised crime
(5) Congo-Brazzaville, Ghana, Niger, Ouganda, Sénégal, Togo
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