Idées

Masculinité positive

La Journée internationale consacrée à la lutte contre toutes les formes de violence basée sur le genre se déroule ce jeudi.

Moussa Faki Mahamat © republicoftogo.com

Chères Africaines, chers Africains

Comme les années précédentes, nous célébrons ce 25 novembre, la journée internationale consacrée à la lutte contre toutes les formes de violence basée sur le genre, c’est-à-dire des violences dont sont régulièrement victimes les femmes et les filles qui sont par ailleurs nos mamans, nos épouses, nos sœurs et nos enfants.

Conformément à une tradition déjà bien établie, cette célébration va se poursuivre à travers une campagne mondiale de sensibilisation à ce fléau. Elle s’étendra jusqu’au 10 décembre 2021, autre date symbole dédiée à la célébration des droits de l’homme.

Ces 16 jours d’intense activisme vont se dérouler sous le thème mondial suivant : « Rendre le monde orange : mettre fin dès maintenant à la violence à l’égard des femmes » L’Union africaine, en raison de sa posture avant-gardiste dans cette lutte, a repris ce thème sous une formulation plus opératoire et spécifiquement interpellative à l’endroit de la gent masculine : « Rendre l’Afrique orange : les leaders masculins africains explorent les approches de la masculinité positive pour mettre fin au fléau de la violence contre les femmes et les filles en Afrique »

Cette reformulation est à mettre à l’actif de S.E. Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, Président de la République Démocratique du Congo et Président en exercice de l’Union africaine qui a pris la bonne décision d’ouvrir la campagne de sensibilisation par l’organisation d’une conférence prévue précisément le 25 novembre 2021 à Kinshasa sur le thème visé ci-dessus.

Organisée en étroite collaboration avec certains de ses pairs au titre de leurs fonctions au sein de l’Union, elle est ouverte aux chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union, aux hautes personnalités du monde politique, économique et universitaire et aux leaders d’opinion.

Cette conférence répond à un constat auquel le Président de l’Union a bien voulu conférer le statut d’un défi à affronter. Malgré les efforts multidirectionnels déployés en faveur de la lutte contre la violence basée sur le genre, ce phénomène continue malheureusement de faire de la résistance. Pire, il s’est renforcé et amplifié dans la conjoncture particulière marquée par la survenance de la pandémie de la covid-19 dont le corollaire physique a été le confinement.

L’inventaire des violences faites aux femmes, sous toutes ses affreuses formes, au titre des périodes de confinement liées à la pandémie, tel que confirmé par les données disponibles, révèle une courbe ascendante avec le temps. Ce qui indique en contrepartie l’émergence d’un profil masculin structuré par les antivaleurs d’agressivité et de barbarie, défiant de ce fait la règle éthique minimale imposant à tous la reconnaissance de la dignité de chaque être humain, qui ne peut sous aucun prétexte, être transformé en objet de jouissance ou instrumentalisé à des fins qui lui sont étrangères.

La montée en intensité des violences faites aux femmes dans ce contexte de confinement est venue se greffer sur des pratiques plus anciennes, non moins caractérisées par la même condescendance blâmable à l’égard des femmes et des filles et ce, en vertu de schèmes culturels durablement inscrits dans l’inconscient collectif masculin.

La prévalence des normes de comportement établies sur le fondement d’un mode de vie, dont la configuration et l’organisation, sont fortement influencées par la primauté du patriarcat a eu pour effet de banaliser les violences basées sur le genre et même de les inscrire dans une sorte de « normalité » sociale à tout le moins coupable.

La conférence convoquée par le Président de l’Union africaine ambitionne, à travers une réflexion participative associant les leaders masculins, de créer les conditions objectives d’une déconstruction du socle anthropologique de toutes ces croyances et pratiques rétrogrades qui constituent un redoutable frein à l’émancipation de la femme et de la jeune fille, gage de l’édification inclusive de l’Afrique que nous voulons.

Cette réflexion va transcender sa sphère théorique pour se transcrire dans des actions concrètes ordonnées dans la cohérence d’un plan d’action adossé à une feuille de route qui fixe le cap des efforts à faire.

Dans la logique de ces efforts et dès maintenant, chaque homme, chaque garçon, devrait s’envisager comme vecteur privilégié de cette lutte contre la violence faite aux femmes et aux filles en adoptant un comportement éthique centré sur la conviction que la relation homme-femme est complémentaire dans la différenciation de ses éléments constitutifs.

Cette complémentarité mutuelle, expression de ce nouveau paradigme fort pertinemment labellisé « masculinité positive », est la force motrice qui propulsera l’Afrique dans la triple sphère du développement, de la paix et du bien-être, individuel et collectif.

Bonne célébration à toutes et à tous.

Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine

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