En 2008, Jacques Dupuydauby, annonçait officiellement à Lomé le lancement de la Fondation Progosa destinée, selon la brochure publiée à l'époque, à aider « partout en Afrique de l'Ouest et centrale, avec pour cible prioritaire les populations les plus vulnérables, enfants et personnes âgées en tête ». Dans la foulée, il nommait Brigitte Girardin, ex-ministre française de l'Outre-Mer puis de la Coopération, présidente de cette Fondation.
A l'époque, l'initiative du sulfureux patron de Progosa, semblait généreuse, même si, la finalité servait ses intérêts commerciaux.Depuis son départ précipité du Togo pour malversations, les informations commencent à filtrer sur l'activité réelle de cette Fondation et sur sa gestion pour le moins opaque. Etrange, en effet, que ces montants injustifiés dépensés par les responsables de cette structure ; encore plus suspect, l'évaporation de sommes très importantes censées venir en aide aux plus pauvres.
Le journal L'Union se fait mardi l'écho de curieuses pratiques au sein de cette structure.
Le 7 novembre 2007 est constituée une association dénommée « Fondation Progosa pour l'Afrique ». Ses membres fondateurs sont différentes sociétés fictives – des coquilles vides- constituées par Jacques Dupuydauby pour siphonner les ressources de SE2m et SE3M ( des pseudos-entreprises au Bénin, Burkina, Cameroun,Côte d'Ivoire, Guinée, Mali, Niger, Sénégal et Togo).
Avec son siège à Lomé, la Fondation affirme qu'elle sera dotée d'un capital de départ de 800 millions CFA.
Brigitte Girardin, qui a accepté de présider l'association, est grassement rémunérée pour une tache supposée bénévole. Que l'on en juge en lisant L'Union qui publie les émoluments de l'ex-ministre.
le 2 janvier 2009 2.545.844 FCFA
le 27 janvier 2009 5.08211 FCFA
le 18 février 2009 4.719384 FCFA
le 25 février 2009 3.883.931 FCFA
le 18 mars 2009 5.148.860 FCFA
le 29 avril 2009 4.856.818 FCFA
le 11 mai 2009 4.922.535 FCFA
De janvier à mai 2009 lui sont également remboursés plus de 17 millions de Fcfa de billets d'avion auxquels s'ajoutent des indemnités très importantes pour ses frais de séjour en Afrique.
Au bas mot Madame Girardin a donc touché 45 millions de Fcfa en cinq mois. Une somme à comparer avec celles investies au Togo sur la même période par la Fondation Progosa … 41 millions !
Lorsque éclate le scandale Dupuydauby, Brigitte Girardin prend peur et demande à ses collaborateurs de lui restituer toutes les pièces administratives et comptables, puis démissionne discrètement de la présidence.
Mais la gestion pour le moins douteuse ne s'arrête pas à ces faits, explique L'Union.
Pour assurer le secrétariat général de la Fondation, Dupuydauby recrute une certaine Elkaim Billah avec laquelle il se brouille rapidement.
L'intéressée est embauchée par SE2m et mise à la disposition de la Fondation en qualité de directrice exécutive. Elle est censée exercer au Maroc, pays dont elle est originaire, et n'effectuera au Togo que des séjours sporadiques puis se mettra en congé maladie à partir du 21 novembre 2008…
Ce recrutement aura coûté à l'association plusieurs millions de francs. D'autres emplois fictifs sont accordés à des personnalités politiques africaines.
L'Union décrit le système complexe de fausses factures mis en place par la Fondation Progosa pour l'Afrique.
Les sociétés SE2m et SE3m vidées par les détournements de Jacques Dupuydauby sont exsangues. Qu'à cela ne tienne. L'ex-pape du conteneur, véritable voltigeur des finances, conclut une convention d'ouverture de crédits entre la Banque Atlantique Togo et SE2M Togo en date du 27 août 2008.
Près d'un milliard de CFA est aussitôt viré sur des comptes à l'étranger à l'aide de factures bidon. Une partie de l'argent va approvisionner une société dénommée « Destra international » qui est censée alimenter au fur et à mesure les comptes de la Fondation, selon les besoins.
Un constat accablant, note L'Union.
A l'instar du groupe Progosa, la Fondation du même nom a cessé toute activité ; son site Web n'est même plus accessible comme si dupuydauby voulait cacher quelque chose. L'homme a en effet tout intérêt à se faire oublier, mais la justice togolaise a bonne mémoire.
A lire dans L'Union du 7 juillet 2009