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L'essence baisse, le reste ne suit pas

Le gouvernement a annoncé il y a quelques jours une baisse du prix des carburants au grand bonheur des automobilistes. Les autorités ont également demandé aux transporteurs (bus et camions) de répercuter cette baisse sur leurs prestations. Mais ça coince, observe l'hebdomadaire L'Union publié vendredi. La profession est réticente à faire un geste et avance comme argument l'attente de l'annonce d'une décision gouvernementale. Or, il n'appartient pas à l'Etat de règlementer le secteur privé mais à ce dernier à faire preuve de bon sens et d'un certain civisme.

##S_B##Voici une sélection d'articles publiés par L'Union

Nouvelle flambée des prix du maïs

Deux sociétés sollicitées par le PAM en cause

On peut être tenté de croire qu'au-delà du discours officiel à la sortie des audiences, le représentant du Programme alimentaire mondial (PAM) au Togo a été convoqué à la primature pour revoir l'autorisation d'achats locaux de denrées sur le marché togolais. Alors même qu'on tente de sortir d'une crise de flambée des prix des céréales. Il s'agit de corriger une faute officielle ou une Œuvre humaine.

Depuis trois semaines, le prix du maïs connaît de nouveau une augmentation spectaculaire. A l'analyse, rien ne peut justifier un tel phénomène, même si des femmes commerçantes doigtent, contre tout bon sens, les tracasseries dans le transport voire l'effet des récentes inondations. Des arguties qui avaient pourtant maintenu le prix à 350 F Cfa le bol de 2,5 kg, avec la chute du coût du pétrole sur le marché mondial. Autrement, on a de la peine à expliquer une flambée subite du prix du maïs plutôt envisageable en temps de soudure. Ce que reconnaît le directeur de l'Agence nationale de sécurité alimentaire du Togo (ANSAT) : «Au mois de décembre, nous avons relevé sur l'ensemble du territoire national un pic des prix au niveau de tous les marchés de consommation. Le bol de maïs était monté jusqu'à 700 F, ce qui est anormal ; on n'a jamais vécu cela au Togo. Nous avons eu des flambées qu'on peut comprendre, mais avoir une telle flambée en période de récolte qui coïncide en plus avec les fêtes de fin d'année où généralement on constate une certaine abondance de l'offre tant sur les marchés de production que de consommation veut dire que les mobiles sont ailleurs».

L'erreur du ministère qui profite au PAM

Interrogé par L'Union, le Colonel Ouro-Koura Agadazi, directeur de l'ANSAT, retrouve les mobiles d'un phénomène incompréhensible par les foyers déjà affaiblis. «Maintenant, les faits sont clairement établis. L'ANSAT a relevé un certain nombre de réseaux qui écument nos marchés de consommation, depuis le début décembre. Et selon les recoupements de nos services techniques et des infos données par les paysans et la société civile, il y a une intrusion des organisations de renom sur le territoire. Au bout de 2 semaines, tout est dirigé vers le PAM». Et de poursuivre : «Malheureusement, je pense que c'est un oubli, le ministre a eu lui-même à glisser le 21 octobre une autorisation au PAM qui lui permet de mobiliser les stocks sur le plan local. Fort de cet appui, le PAM s'est investi à travers des collectes au niveau des marchés de consommation.

C'est là le problème, car en matière de collecte si vous voulez faire des collectes qui ne perturbent pas les prix, vous êtes tenu d'aller sur les marchés de production. Pour être sûr que les montants que vous engloutissez vont à l'endroit des paysans». Autrement dit, il s'agit d'une façon de lutter contre la pauvreté et stabiliser les prix sur les marchés de consommation qui sont souvent dans les grandes villes.

Ainsi, l'organisation onusienne a mobilisé plus de 15 millions de dollars US en faveur du Togo pour l'achat des céréales en vue de constituer ses stocks communautaires. Ces stocks seront ensuite destinés aux multiples interventions d'assistance en temps de crise alimentaire, soit en direction du Togo ou d'autres pays. Dans la pratique, le Programme alimentaire mondial a simplement donné un marché acquis à des bandes de spéculateurs. Sans le savoir, peut-être. Aisément, les commerçants mis au devant ont trouvé motif pour jouer sur le prix, ce qui a eu pour conséquence directe la flambée des prix dans les grandes villes. Alors qu'un bilan prévisionnel de la production pour l'année 2008-2009, établi par la direction de la statistique agricole, relève un excédent de céréales, malgré les inondations. Un volume théorique excédent de céréales de 32.556 tonnes a été relevé, ce qui veut dire qu'au niveau du territoire on peut envisager une suffisance alimentaire.

Selon la lettre d'autorisation, tout s'est donc joué entre le ministre de l'agriculture et le secrétaire général du ministère d'une part et les autorités locales du PAM d'autre part.

Le maïs togolais exporté

En réunion de crise cette semaine, le ministre en charge du Commerce a tout de go reconnu qu'il y a des sorties de denrées du Togo vers les pays voisins. Conformément à l'autorisation à lui donnée, le PAM a coopté deux sociétés étrangères (béninoise et burkinabé) pour organiser la collecte du maïs togolais sur le marché local. Ce qui est regrettable, nous confie-t-on, le ministère de l'Agriculture a mis gracieusement à la disposition de ces sociétés un magasin dans les locaux de la SOCOSA (Société cotonnière des Savanes). Ainsi, les deux sociétés achètent le maïs surtout dans les Plateaux et le convoient sur Dapaong qui n'est que la première destination avant l'extérieur. Le second canal utilisé consiste en des achats directs avec sortie vers la frontière du Bénin.

Aujourd'hui, après intervention du ministre Guy Lorenzo du Commerce, le PAM a dû faire une marche arrière ; ce qui est déjà formalisé par une nouvelle lettre adressée au PAM par le ministre Kossi Ewovor de l'Agriculture lui demandant de surseoir à cette activité. Qu'à cela ne tienne, la plaie est déjà ouverte avec le maïs à 700 F en décembre. Une situation inquiétante à court terme si rien n'est fait, alerte le Colonel Agadazi avant de préciser : «avec la cessation provisoire de cette activité du PAM, on a un petit fléchissement des prix au niveau de la Maritime (entre 600 et 550)».

La solution

Selon les explications du directeur de l'ANSAT, c'est au cours d'une réunion que le ministre du Commerce a réclamé une cessation de la pratique de collecte du maïs par le PAM dont le représentant au Togo a reconnu par ailleurs que ce sont les fournisseurs dans les centres villes au détriment des producteurs qui ont eu le marché. Ce qui a amené le ministre de l'Agriculture à saisir le PAM par lettre en date du 5 décembre 2008 pour la suspension de l'activité. Désormais, la précision est faite que si davantage le PAM doit retrouver l'opération de collecte du maïs sur le marché local, il doit composer non seulement avec les paysans mais rester dans le cadre traditionnel de collecte organisé par l'ANSAT. Jusque-là, l'ANSAT qui est une structure technique qui joue un rôle dans la mobilisation des stocks, n'a point été associé.

Voilà qui doit redresser une faute du ministre de l'Agriculture qui a continué par réclamer à l'ANSAT des «preuves matérielles» des pratiques du PAM pour agir et permettre au gouvernement de sanctionner et préserver la stabilité alimentaire.

En terme de dispositions, le Colonel Ouro-Koura Agadazi précise : «elles sont prises à une échelle beaucoup plus réduite pour cause de moyens limités par l'absence de toute subvention de l'Etat depuis 3 ans». Au regard des contraintes liées à la conservation du maïs qui nécessite des moyens colossaux, contrairement au soja ou le coton, l'Agence attend le décaissement des fonds pour mobiliser le stock de 12.000 tonnes annoncé par le conseil des ministres du 1er octobre. Car sans fonds, il est difficile de collecter. Et les paysans ont commencé par se décourager et lâcher les stocks ; ceci a favorisé l'engrenage dans lequel ils ont été pris par les réseaux de spéculateurs tissés sur l'action du PAM.

Déjà, le patron de l'ANSAT annonce qu'avec la nouvelle donne les kiosques devront rouvrir courant janvier-février, si on engrange le maximum de stocks. Avec les crédits des 100 millions accordés aux paysans à la veille de la rentrée scolaire, l'heure est à la collecte du maïs sur le terrain.

Circulation urbaine et interurbaine

Une réticence à diminuer les prix de transport

En début septembre 2008, les nouveaux tarifs dans les transports urbains et interurbains sont entrés en vigueur, en remplacement des taux appliqués depuis le 13 octobre 2005. Ce fut la conséquence directe de l'augmentation des prix des produits pétroliers au Togo le 13 août 2008. Par arrêté interministériel, le ministre du Commerce et celui des Transports avaient ainsi décidé de mettre fin aux tarifs exagérés pratiqués par les conducteurs au lendemain du réaménagement de la structure des prix de vente des carburants. Même s'il faut admettre que par moments, les chauffeurs acceptent les faveurs des passagers en terme de diminution des prix.

A compter du 18 décembre dernier, le gouvernement prend la décision de baisser le prix du carburant à la pompe. Ainsi le super sans plomb est ramené à 500F, le gaz oil à 495F, le mélange 2 temps à 500F ; le gaz butane 12,5kg et le pétrole lampant sont respectivement maintenus à 3500F et 370F le litre.

Et depuis, c'est l'échange d'arguments entre chauffeurs et passagers sur les différentes artères de Lomé. Pendant que les seconds brandissent une simple déduction qui veut que les prix de transport diminuent lorsque le prix du carburant subit une baisse à la pompe –le lien de causalité étant accepté de tous–, les premiers (du moins pour certains) disent n'attendre que le gouvernement pour revoir les prix de transport à la baisse. En clair, c'est seule une nouvelle décision de l'Exécutif qui doit donner raison aux passagers puisqu'il avait fallu un arrêté gouvernemental pour réglementer le domaine.

Voilà qui permet de voir une limite dans l'arrêté du 17 décembre fixant les nouveaux prix des produits pétroliers au Togo. Car il fallait anticiper et agir au même moment sur les tarifs de transports. Pour l'heure, il n'est pas trop tard pour calmer tout le monde sur la route.

Application des statuts des FAT

Faure fait sien l'ordre militaire

Il est fréquent, ces images de corps habillés qui prennent la rue pour des revendications corporatistes. Et, très souvent, sans être seulement un gêne pour le pouvoir en place, elles se payent son renversement. Il est évident que ces mutineries et leurs corollaires ont pour seule raison : l'absence de dialogue au sein des garnisons. Le statut des Forces armées togolaises (FAT) adopté au premier trimestre 2007 trouve là tout son sens.

«L'état militaire exige en toute circonstance, discipline, loyalisme et esprit de sacrifice», dispose le statut des FAT en son article 3. Mais il précise, juste après : «Le présent statut assure à ceux qui ont choisi cet état les garanties répondant aux obligations particulières imposées par la loi». Comme disait le chef d'Etat-major général des FAT, Zakari Nandja, lundi, le militaire n'est  pas syndiqué, mais cela ne veut  pas dire qu'il n'a pas de revendications, des droits à faire valoir. C'était à l'ouverture à Lomé de la première session du Conseil supérieur de la fonction militaire (CSFM).

Cet organe est prévu par l'article 4 du statut des FAT. Crée par décret le 27 janvier dernier, il est le cadre dans lequel sont examinés les problèmes de la fonction militaire, est consulté sur les projets de texte d'application de la présente loi ayant une portée générale. Le CSFM est présidé par le ministre de la Défense. Donc par le chef de l'Etat, actuel ministre de la Défense. A l'ouverture de sa première session, celui-ci n'y est pas allé par quatre chemins. «J'ai tenu à présider personnellement cette session pour marquer l'importance particulière que j'accorde à cette instance de dialogue qui se veut le cadre institutionnel de référence au sein duquel seront désormais examinés les problèmes spécifiques à la fonction militaire», a déclaré Faure Gnassingbé.

Au moment où il nous est prescrit l'apaisement, au sortir des violentes échéances d'avril 2005 et à l'approche de celles de 2010, il est clair qu'un cadre militaire réglementé et discipliné doit être le souci majeur de son chef suprême. Rappelons que la mise en place du Conseil supérieur de la fonction militaire répond aux exigences du programme général de modernisation de notre armée. Et de l'Accord politique global d'août 2006.

Relance économique

Un PIB optimiste en 2009

Aux dires des autorités, la crise financière internationale qui secoue le monde est plus ressentie par les pays développés. Les Etats-Unis en tête. Tout au plus, dans nos pays, la crainte est pour le moment de voir les exportations et l'aide  publique au développement se réduire. Mais aucune donnée réelle n'est encore disponible sur les conséquences que cette crise peut avoir sur les économies africaines.

En revanche, bien avant la crise financière internationale, l'économie togolaise a connu des hauts et des bas. On évoque les difficultés des secteurs des phosphates et du coton, ainsi que les pénuries répétées d'électricité et les inondations. Résultats : une croissance en dents de scie. Le Produit intérieur brut (PIB) –qui forme l'ensemble des richesses intérieures du pays–, estimé à ce jour à 1251,067 milliards de francs Cfa, a augmenté de 3,6% en 2006, puis de 1,9% en 2007, et de 0,8% en 2008. On lui prédit une croissance de 3,3% l'année prochaine.

L'optimisme d'un redécollage de la croissance se fonde sur les réformes engagées dans le domaine de l'assainissement des finances publiques, l'appui aux secteurs porteurs de croissance notamment l'agriculture, les phosphates, l'énergie… Au plan agricole, la vente d'une dotation de 11,425 milliards de francs d'engrais, cette année, permettra de répéter l'opération très souvent en faveur des paysans. Il est par ailleurs prévu la dotation substantielle de 500 millions de francs pour le compte de la sécurité alimentaire (achat de céréales auprès des paysans).

Bien malheureusement, pour le compte des phosphates, il faut encore attendre l'aboutissement de nombre de programmes de réhabilitation des équipements de production. Leur état de vétusté ne permet plus que de produire 600.000 tonnes, contre près de 4 millions de tonnes dans les années phares. On soutient néanmoins qu'entre 300 et 400 dollars la tonne sur les marchés, cette production, bien que faible, pourrait constituer une source non négligeable de revenu pour la Société nationale des phosphates du Togo (SNPT), entrée en activité le 1er août dernier. Avec l'espoir que, cette fois, une comptabilité normale sera tenue par les responsables de cette boîte. Sous l'impulsion du gouvernement.

Situation similaire pour l'énergie électrique pour laquelle les regards sont tournés vers l'horizon 2010. Les espoirs reposent ainsi sur l'opérateur privé américain Contour Global attendu pour produire 100 MGW. D'ici là, il faudra faire avec l'énergie disponible. Contre une demande nationale de 133 MGW, la Communauté électrique du Bénin (CEB, 35%) et la Compagnie énergie électrique du Togo (CEET, 15%) ne produisent ensemble que la moitié des besoins. Encore que pour la compagnie publique, le carburant nécessaire au fonctionnement des groupes thermiques est subventionné par l'Etat, afin d'amortir les pertes entre les coûts de production (150F/Kwh) et de vente (95F/Kwh).

Dans tous les cas, les autorités misent sur une relance de l'appareil économique du Togo. Inspirées qu'elles sont par le retour des bailleurs de fonds –la Banque mondiale et le Fonds monétaire en tête– et les résultats des différentes réformes engagées.

Politique céréalière

Vers une bourse de matières agricoles au Togo

Beaucoup de secteurs à l'instar de l'agriculture togolaise ne peuvent plus longtemps évoluer en marge de la mondialisation. Très prochainement, le Togo disposera d'une bourse des matières agricoles. L'information a été révélée à L'Union, la semaine dernière, par des sources proches de l'Agence nationale pour la sécurité alimentaire au Togo (ANSAT), organe chargé de la mise en Œuvre du projet.

Aidée par un cabinet d'expertise comptable, l'ANSAT prévoit installer un système d'informations efficace autour du marché agricole togolais de production et de consommation. «C'est pour mettre en contact tous les acteurs du secteur au Togo», a indiqué le directeur général de l'Agence, Ouro-Koura Agadazi, au cours d'un entretien avec L'Union. «Dans chaque région, les paysans organisés en groupement pourront à travers un site Internet qui sera créé, communiquer leur disponibilité en produits agricoles. Le même site servira à des  groupes de consommateurs à exprimer leurs besoins. Ainsi un véritable marché moderne sera créé», explique Agadazi visiblement très optimiste. «Si par exemple quelqu'un as besoin de 10 tonnes  d'ignames en Europe, en Amérique, en Asie ou même en Afrique, il lui suffit de visiter le site pour consulter la disponibilité en ignames du Togo et de faire sa commande. On peut également en fonction des potentialités faire des commandes par avance auprès des producteurs ou encore signer des contrats avec ceux-ci  sur plusieurs années», ajoute le directeur de l'ANSAT.  

Sur le plan national, Ouro-Koura Agadazi, rappelle qu'il existait dans les tiroirs un projet qui consiste à recueillir des commandes auprès des sociétés publiques et privés togolaises et de les approvisionner en temps réel, pour leurs employés et les ménages de ces derniers. Ce qui devrait permettre à l'ANSAT d'être active sur toute l'année au lieu des périodes de crises uniquement. «La bourse des matières agricoles permettra de ressusciter ce projet  et aussi de créer un circuit de commercialisation prédéfini, ce qui pourrait rassurer les paysans en terme de  la disponibilité permanente de marchés d'écoulement de leurs produits ; ainsi ils ne seront  plus obligés de brader leurs récoltes aux spéculateurs véreux et la flambée des prix pourra être maîtrisée», a estimé le directeur de l'agence, bouillonnant d'autres  projets pour la sécurité alimentaire au Togo.

Déjà, beaucoup de sociétés se bousculent pour être partenaires de l'initiative de la bourse agricole, à en croire l'ANSAT. On cite parmi lesdites sociétés prêtes à investir la Société des Postes et Télécommunications du Togo et l'ONG Investir Dans l'Humain (IDH).

© L'Union du 26 décembre 2008

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