L'Union revient vendredi sur la fusillade qui s'est déroulée dans la nuit de dimanche à lundi à la résidence du Député Kpatcha Gnassingbé. Le journal publie le communiqué du Procureur de la république à propos de ces graves évènements et souligne que la première conséquence est l'annulation de la visite d'Etat que devait effectuer à partir de mardi le président Faure Gnassingbé en Chine.
L'Union revient également sur la décision de la Cour constitutionnelle relative à l'article 21 qui prévoit le maintien en l'état de la Commission électorale indépendante (Céni) pour les présidentielles de 2010. Le bi-hebdo souligne que l'UFC (opposition) a même complimenté la Cour : » elle a accepté d'Œuvrer dans le sens de la transparence des prochaines élections », explique Jean-Pierre Fabre. Voici une sélection d'articles publiés par L'Union
Modification du code électoral / La Cour constitutionnelle statue
Oui à l'article 21, Non à l'article 32
Dans sa décision n°C-001/09 du 9 avril 2009, la Cour constitutionnelle du Togo confirme la modification de l'article 21 et annule celle de l'article 32 du code électoral. En réponse à deux requêtes en date du 1er avril par lesquelles vingt deux députés de l'Union des forces de changement (UFC) demandent à la Cour de déclarer non conforme à la Constitution la loi du 31 mars 2009 portant modification du code électoral, d'une part, en son article 21 alinéa 3 en ce qu'il méconnaît le principe de la non-rétroactivité de la loi et, d'autre part, en son article 32 alinéa 2 adopté au cours de la session extraordinaire pour laquelle il n'est pas inscrit à l'ordre du jour déterminé par la demande de convocation du Président de la République. Il ne pouvait en être autrement, vu la surprise qui a accompagné l'annonce de la modification de l'article 32.
On n'en a pas parlé pendant la réunion de la conférence des présidents qui précède l'annonce d'une session plénière du parlement. Au moment d'affecter le projet de loi à la commission des lois, seul l'article 21 était publiquement évoqué conformément au souhait de l'Exécutif qui brandissait «la nécessité de procéder à temps à la réalisation des tâches techniques préliminaires telle que la mise à jour du fichier électoral qui représente un maillon essentiel de tout processus électoral».
Dans les couloirs du gouvernement, on veut plutôt se frotter les mains pour dire que ce qui est déjà qualifié de « faute juridico-politique » proviendrait des parlementaires de la majorité. Car ils ont manqué de recourir ou d'écouter les avis de spécialistes du droit pour savoir qu'une session extraordinaire du parlement ne peut en aucun cas outrepasser l'ordre du jour pour lequel elle est convoquée. Même si on s'en est rendu compte d'une incompatibilité née de la modification. La solution serait peut-être d'annuler la plénière ou de solliciter une nouvelle contribution du pouvoir exécutif…pour ne pas donner l'impression d'être trop pressé.
Le gouvernement ne veut pas voir une confusion
«C'est un rejet sur la procédure d'adoption de l'article 32. L'article 21 adopté par l'Assemblée nationale avait pour principal objet de régler une incohérence sur la permanence de la CENI et sur la fin du mandat de ses membres : c'est que la CENI est permanente mais les membres de la CENI finissaient leur mandat 45 jours après l'élection ou 30 jours après une révision de la liste électorale (...) C'est une confusion totale, la Cour a tranché en disant le droit», dixit sur une radio internationale le porte-parole du gouvernement, Pascal Akoussoulèlou Bodjona.
En clair, l'ordre est désormais rétabli avec ce verdict du juge constitutionnel. On ne doit plus parler de confusion surtout que, dans l'entendement du gouvernement, une clarté s'impose : il faut séparer la Commission électorale nationale indépendante (CENI) en tant qu'institution érigée par une loi de ses membres désignés sur la base d'un mandat. Ce qui revient à dire qu'il ne demeure aucun handicap à entamer les tâches techniques par la CENI. La Cour constitutionnelle ayant validé la modification de l'article 21 de la loi électorale. Le souhait, dit-on, c'est d'aller à un nouveau compromis sur une nouvelle composition de la structure d'organisation et de supervision de l'élection. A défaut, il faut conserver l'ancien consensus, c'est-à-dire appliquer le code électoral.
Ce que tentent de démonter certaines critiques qui voient une décision politique ou un refus de dire non à la modification de l'article 21. Pour cette opinion qui ne veut pas comprendre le distinguo du gouvernement, il est contradictoire de disposer dans un même code l'article 21 modifié et l'article 32. Selon la nouvelle lecture de l'article 21, «la CENI est permanente. Le mandat des membres de la CENI est renouvelable. Les membres de la CENI restent en fonction jusqu'à la mise en place d'une nouvelle CENI». Et l'article 32 dispose : «La CENI siège en période d'élections générales ou partielles et en période de révision des listes électorales. La session prend fin 45 jours après la proclamation des résultats définitifs des scrutins et 30 jours après la révision annuelle des listes électorales».
Au finish, autant créer un article particulier qui explique et définit le champ de la permanence de la CENI. La vraie formule reste donc à trouver car tout le monde au sein de l'appareil d'Etat n'arrive à comprendre l'imbroglio juridique. Vu que la Cour a été très claire dans son approche : «l'article 21 (nouveau) du Code électoral, qui dispose pour l'avenir, ne saurait concerner la CENI dans ses compositions antérieures, en vertu du principe de la non-rétroactivité de la loi».
L'opposition applaudit la Cour
Au-delà de tout ce lit de réserves, les requérants, eux, applaudissent le juge constitutionnel dans sa décision. Chose rare pour être mis en exergue. D'aucuns diront que dans le bon sens des politiciens, «dire le droit» dépend du verdict et non de la démarche du juge par rapport à la règle de droit applicable et de la demande introduite.
Aussi Jean-Pierre Fabre cherche-t-il compagnie pour jouir. «Il y a lieu de se féliciter que la Cour a dit le droit et nous a donné raison. Sur les deux points, nous avons obtenu gain de cause. Il y a lieu de se féliciter de ce que la Cour constitutionnelle accepte de dire le droit. Nous avons compris que, depuis un moment, elle a accepté d'Œuvrer dans le sens de la transparence des prochaines élections. Les recours que nous avons déposés auprès d'elle en invalidation de ces lois constituent pour nous un test sur sa bonne foi. Il faut encourager la Cour à continuer dans le même sens et nous verrons lors de la présidentielle de 2010 si la Cour maintient le cap», dit-il.
Le Comité d'action pour le renouveau (CAR) ne veut nullement rester en marge et parle de «victoire» ou de «reconversion des mentalités au niveau de la Cour constitutionnelle du Togo». Désormais, l'honorable Amégnona Kossi est très heureux d'avoir une Cour qui veille au grain.
Tentative d'atteinte contre la sûreté de l'Etat
Faure annule son voyage sur la Chine
*La maison de Kpatcha prise d'assaut
Une attaque des forces de défenses contre la résidence de Kpatcha Gnassingbé, demi-frère du chef de l'Etat togolais, a été justifiée hier après-midi par des soupçons de « l'imminence » d'un coup de force contre l'Etat dans lequel seraient également impliquées des personnes de son entourage. Selon le procureur de la République, Robert Bakaï, intervenu hier dans le journal télévisé de 13 heures, cinq officiers de l'armée togolaise ont été déjà interpellés «dans le cadre d'une tentative d'atteinte contre la sûreté de l'Etat». Des militaires de la garde de Kpatcha Gnassingbé, ainsi que des civils de son entourage «devraient également être entendus», a ajouté le procureur de la République.
Mais la partie ne semble pas avoir été facile par les éléments de la gendarmerie envoyés sur les lieux, essuyant des tirs nourris dimanche soir au domicile du frère du chef de l'Etat, ainsi que «les forces de défense appelées en appui». Sur les lieux, on évoque à peine des coups de feu tirés sur la gendarmerie. La version est simplifiée.
D'après l'entourage du député Kpatcha Gnassingbé, une vingtaine de militaires de la Force d'intervention rapide (FIR), sous les ordres de son commandant, le colonel Félix Katanga, sont arrivés chez lui dimanche aux environs de 22 heures dans le quartier de Kégué, au nord de Lomé. Après avoir neutralisé et embarqué les gardes du corps, ils ont longtemps tiré sur le domicile de l'extérieur, avant d'accéder à la maison en invitant le responsable des lieux à sortir de sa cachette. Mais en vain, les militaires n'ont pu le retrouver.
D'après le procureur Robert Bakaï, les services togolais ont été avisés par leurs homologues étrangers de « l'imminence » du coup de force, ce qui amené le président Faure Gnassingbé à annuler dimanche soir un voyage sur la Chine. Mais il n'a pas précisé si les présumés comploteurs autour de Kpatcha Gnassingbé ont pu finalement être arrêtés.
COMMUNIQUE DU PARQUET
Dans la nuit du 12 au 13 avril 2009, à l'occasion des investigations liées à une tentative d'atteinte contre la sûreté de l'Etat, des échanges de coups de feu ont eu lieu entre les services de sécurité et la garde de l'honorable Kpatcha Gnassingbé.
En effet, des informations relatives à une atteinte contre la sûreté de l'Etat étaient en cours de vérification depuis un certain temps au niveau des services de sécurité. Et les principales personnes soupçonnées faisaient naturellement l'objet d'une surveillance.
C'est dans ce contexte que des services étrangers ont avisé leurs homologues du Togo de l'imminence des événements et de la gravité des actions qui se préparaient à quelques heures du départ du Président de la République pour une mission à l'étranger. Sur réquisition du parquet, il a donc été décidé d'interpeller les présumés comploteurs dans le cadre d'une enquête préliminaire.
Certains militaires, de même que les civils de l'entourage de l'honorable Kpatcha Gnassingbé, devraient également être entendus. Les gendarmes chargés d'interpeller les personnes susvisées ont essuyé des tirs nourris provenant de la résidence de l'honorable Kpatcha Gnassingbé dans le quartier de Kégué.
Cette situation inattendue a donné lieu à un échange de tirs entre la garde du député et un groupe des forces de défense appelées en appui.
Une enquête est ouverte pour faire la lumière sur cet incident malheureux.
Par ailleurs, l'enquête sur la tentative d'atteinte contre la sûreté de l'Etat suit son cours. Dans ce cadre, des services de sécurité ont déjà interpellé plusieurs personnes dont cinq officiers.
Fait à Lomé, le 13 avril 2009
Le Procureur de la République
Arts et industrie
Lomé fait sa foire artisanale ce 15 avril
Obéissant à son principe de rotation, c'est au tour de Lomé d'abriter à partir du15 avril prochain, après Atakpamé en 2008, la deuxième édition de la foire artisanale du Togo sous le thème : « Booster notre développement par la force de l'artisanat ». Ce thème invite l'ensemble des professionnels du secteur de l'artisanat et leurs partenaires, les hommes d'affaires, les investisseurs, le politique et les bonnes volontés à Œuvrer ensemble et à s'appuyer sur l'artisanat dans la construction et la marche vers le développement. Car, pour Mlle Essomanda Gnassingbé, présidente d'organisation de cette foire, « l'artisanat et la culture sont des richesses naturelles dont disposent les pays africains mais qui sont malheureusement négligés ».
« Les objectifs visés par cette fête artisanale vont de la promotion de l'artisanat au Togo à la création de débouchés et de partenariat en passant par le rapprochement entre le monde artisanal et les décideurs économiques », a-t-elle précisé. La centaine de stands construits sur l'esplanade des palais des Congrès de Lomé accueillera pendant 12 jours – du 15 au 26 avril – des participants du Maroc, du Bénin, de la Côte d'Ivoire, du Ghana, du Burkina Faso, du Niger, du Nigeria, du Mali, du Sénégal et du Togo. La foire va générer tout autour d'autres activités telles les bars-restaurants.
Outre les affaires et le partenariat, la foire artisanale de Lomé est aussi un événement qui compte rassembler toutes les tranches d'âge et les couches sociales du Togo autour de chaudes soirées nocturnes, des conférences-débats, et des concours de chant, de musique, de beauté et de cuisine. Il faut également souligner, au passage, l'organisation d'un dîner de gala qui permettra aux invités, visiteurs et exposants de communier d'échanger ensemble, de nouer des contacts et d'établir des bases de partenariat.
La foire artisanale du Togo est née dans l'optique de valoriser la culture africaine en général, et la culture togolaise en particulier. Elle représente une occasion unique de rencontres et d'échanges entre le monde de l'art et les autres secteurs de développement. Elle sert aussi de cadre de réflexions sur les problèmes de la profession artisanale en Afrique en vue de trouver des solutions, de présenter les possibilités actuelles et futures du secteur, ses capacités de contribution au développement. Elle s'inscrit enfin, dans le cadre des orientations visant à promouvoir les produits artisanaux, à instaurer de nouvelles traditions qui mettent en relief le patrimoine civilisation togolais et africain, à mieux faire connaître les créations africaines et à créer de nouvelles opportunités pour leur écoulement.
Culture
Vient de paraître
Parcours de combattants
C'est le livre coup de cŒur et en même temps une curiosité du mois d'avril. Quelques jours après la parution d'Esclaves de Kangni Alem fin mars dernier, sort le 8 avril dernier Parcours de combattants de Gerry Taama, officier des Forces armée togolaise (FAT) qui a demandé une mise en disponibilité depuis 2008. Cela paraît tout de même incroyable, un officier écrivain et romancier dans cette armée togolaise sur laquelle pèse un regard suspect malgré toutes les réformes entreprises sous l'ère de Faure Gnassingbé.
Gerry Taama est un excellent produit de cette armée, ce qui prouve d'ailleurs une vérité longtemps cachée : les FAT regorgent d'éléments plus instruits qu'une certaine rumeur ne laisse croire. Si le fait d'être le premier militaire togolais écrivain peut sembler assez surprenant, la littérature en milieu militaire ne constitue tout de même pas une première en Afrique francophone. L'armée sénégalaise, qui a une tradition républicaine, produit de nombreux officiers littéraires.
Diplômé de Saint-Cyr d'où il sort nanti d'une maîtrise en droit international humanitaire en 2002, spécialiste de l'arme blindée, féru d'informatique et de sociologie, Gerry Taama s'est mis à son propre compte en faisant des activités dans la communication et l'informatique, après avoir servi bien sûr dans un régiment blindé au Togo et fait partie du premier contingent togolais de l'Onu en Côte d'Ivoire. Il anime un blog très actif et plaisant: revedafrique.over-blog.fr
Parcours de combattants est son premier roman. Voici le résumé de la quatrième de couverture.
« Jérome de Bercenay est un casque bleu français déployé au Kiiguland ; Etat imaginaire coincé entre le soudan, l'Ouganda, Djibouti et la Mer Rouge. Il est épris d'Aurore Bitimuku, une belle kiigulandaise qu'il cherche à faire sortir du pays en guerre. Pour ce faire, il compte sur l'aide de son camarade de promotion Ba, le numéro 2 des services kiigulandais.
D'Aurore Bitimuku a vu son père assassiner par le lieutenant Ba-Yoko. Elle aussi est amoureuse de l'officier français, mais ne quittera pas son pays tant que l'assassin de son père n'aura pas expié son crime.
Ba-Yoko, saint-cyrien comme de Bercenay, a tué le père d'Aurore au cours d'une opération. Cette bavure lui hante l'esprit. Pour se racheter, il protège la fille de sa victime, même si cette dernière veut l'envoyer au cimetière.
A ces trois personnages, il faudra ajouter une portugaise acariâtre, un président de la République pittoresque, un général gouailleur et une offensive du têt à la kiigulandaise. Une longue aventure au bout de laquelle l'amour paraît être le seul vainqueur. Mais nous sommes en Afrique et cet amour-là est comme le paludisme, il laisse un goût amer à la bouche ».
Un aperçu d'un roman qui met plutôt de l'eau à la bouche et booste la curiosité de le lire dans les tout prochains jours à Lomé. Sexe, bidasses, bruits de bottes, odeur de meurtres et de canon, avec en plus un chef d'Etat baroque et grotesque. L'histoire devrait ressembler à quelque chose…. A lire à tout prix. Le roman sera disponible les semaines à venir dans les librairies de Lomé.
Gerry Taama, Parcours de Combattants, L'Harmattan, Prix France, 23 euros.
Musique
Renya un peu malaise avec la musique Gospel à la togolaise
24 heures avant son concert hier après-midi, la chanteuse de gospel Renya, de passage à l'émission Jazz club de Nana FM, n'a pas pu avoir le courage de dire ce qu'elle pense de la musique togolaise, notamment du genre Gospel très prisé par ses compatriotes. Un peu gênée aux entournures, très prudente, la charmante Renya a seulement pu avancer que « les chanteurs de Gospel s'éloignent quelque peu des canons originel du genre ». Quelque peu, alors qu'il s'agit littéralement de dérapages dénaturant ce genre où étaient passés des grands noms du jazz tels que Louis Armstrong ?
Cela dénote de la circonspection adoptée par cette étudiante du conservatoire de Tourcoing qui n'attend pas jeter un pavé dans la mare d'amateurisme national sous peine de s'attirer des foudres, venant surtout de pasteurs à quatre sous des congrégations évangéliques de la place qui, sur quelques paroles d'évangile jouées sur des rythmes reggae, rumba, ndombolo, et autres, croient faire du Gospel. Il est vrai qu'il est difficile de révéler que les messagers de Dieu se trompent, et ce n'est pas Benoit XVI qui nous démentira.
Mais cette attitude de la chanteuse risque beaucoup de la desservir puisqu'elle est classée par parmi une catégorie de musiciens dont elle n'est pas partie. La preuve, difficile de trouver ces deux albums dans les lieux institutionnels les plus connus, si ce n'est chez les marchands des musiques Gospels.
Reste que le passage de Renya sur la plus belle Dame de Lomé est d'une réussite totale. Son a capella avec ses trois choristes a révélé le talent de cette chanteuse à la voix enchanteresse qui devrait plutôt faire carrière dans le jazz que dans le Gospel.
Comparaison n'est pas raison, mais Renya est tout de même beaucoup plus talentueuse que la chanteuse franco-béninoise Mina Agossi, actuellement très populaire en France notamment depuis la sortie de son huitième album Simple Things ?
Renya a quand même une belle carrière devant elle. Durant son passage sur Nana Fm, celle qui se dit très croyante, a montré la dimension de ses ambitions et de ses convictions artistiques et esthétiques. Elle ne rêve pas outre mesure basculer sa carrière vers ce qu'il convient d'appeler la World Music, qui n'est en fait qu'un pastiche commercial.
© L'Union du 14 avril 2009