« Une baisse continue des cours du phosphate, due à la crise financière internationale, entraînerait une diminution considérable des recettes d'exportation du Togo qui a engagé des efforts de restructuration et de relance de ce secteur de sa principale matière première d'exportation », indique le ministre de l'Economie et des Finances, Adji Otèth Ayassor, dans des propos publiés par L'Union.
Les principaux clients du Togo qui achètent le phosphate sont, pour la plupart, des pays avancés «durement touchés» par la crise mondiale. Toutefois, M. Ayassor se veut rassurant et malgré la crise, le Togo peut espérer atteindre cette année un taux de croissance de 2,5%.
Voici une sélection d'articles publiés par L'Union
Verbatim
Gens de Dieu
Depuis le décès tragique du pasteur Adzih, responsable de l'église Apostle Revelation Society (Ars) au Togo et tradithérapeute, en fin de mois de juin dernier, les rumeurs les plus folles et incessantes courent les bourgades de Lomé et atteignent maintenant les profondeurs du pays. La presse locale s'empare de l'évènement et plaque de pompeux titres aux contenus assez révélateurs. Le point commun de tous ces titres est qu'il s'agit d'un "cadavre mystérieux".
En effet, il est divulgué que depuis sa mort dramatique survenue au cours d'un banal accident de la circulation, le corps du sieur Adzih fait des ravages. Dans sa maison, les occupants n'arrivent plus à dormir, car ils reçoivent nuitamment la visite du pasteur qui se rue sur eux une épée à la main. Dans le quartier, personne ne doit sortir la nuit de peur de se voir amputer la tête. Le fait est qu'il faut accompagner dans le tombeau le corps du décédé de sept têtes humaines. Tel réclamé par les membres de sa secte à laquelle l'homme appartiendrait de son vivant. Et c'est sa sŒur Yawa Elizabeth Dado, tradithérapeute elle aussi, qui est chargée de trouver les sept têtes indispensables à l'enterrement de son aîné.
Elle serait alors arrêtée par les autorités pour ne pas accomplir sa salle besogne. Pire, le fantôme du pasteur aurait enceinté sept défuntes à la morgue obligeant ainsi les responsables de la morgue à renvoyer son corps aux parents. C'est en ce moment que les habitants du quartier Yokoè Agblégan vivront des cauchemars. Au point que le Chef quartier décide d'en appeler à la vigilance de ses sujets. Etc. Etc. Quel pasteur ?
Dans sa livraison N°8100 du 19 août dernier, le « journal-papa » Togo-Presse a publié une enquête de mon confrère Anoumou Kate-Aziaglo qui remet en cause toutes ses rumeurs. Point par point, il a aligné les contradictions aux allégations avancées par les uns et les autres sur l'appel à la vigilance, la grossesse des cadavres, le renvoi à la famille du corps du pasteur, le cauchemar des habitants, de la famille défunte et de l'arrestation de la sŒur du pasteur. Au cours de son enquête, cette dernière a été écoutée par mon confrère à qui elle dira simplement :"Nous ne pouvons pas construire notre pays comme cela, sur des rumeurs ! Nous devons nous départir de ces habitudes."
Ce travail de Anoumou sera couronné par la conférence de presse animée par la famille défunte avec au centre la sŒur Dado qui annonce les funérailles de son aîné pour les 28 et 29 août prochains. C'est elle dément le dernier point des accusations à savoir la recherche des têtes pour les rites d'enterrement.
Mais alors, d'où proviennent ces rumeurs?
Selon des fidèles de l'église sous le contrôle du feu pasteur, elles sont l'Œuvre des rivaux de ce dernier pour le leadership. Grave, n'est-ce pas, pour des gens de Dieu?
Actualités
Préparatifs de la présidentielle de 2010
L'Assemblée modifie le code électoral ce vendredi
C'est ce vendredi que l'Assemblée nationale passe au vote du projet de loi portant modification du code électoral, après l'ouverture de la deuxième séance de la session extraordinaire. «La Commission des lois a déjà fini son travail et la session est programmée pour ce vendredi», nous a confié hier une source proche de l'organe législatif. Le projet de loi adopté avait déjà été validé par le conseil des ministres du 12 août dernier, au lendemain des discussions de Ouagadougou qui a scellé un nouveau deal sur la question de la composition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et de ses démembrements que sont les CELI, les CLC et les Bureaux de vote et sur les conditions d'éligibilité. L'Exécutif justifiait que le nouveau texte a «pour objet de prendre en compte d'une part les observations faites par la Cour constitutionnelle dans sa décision du 9 juillet 2009 et d'autre part le résultat des discussions intervenues entre les acteurs politiques togolais ayant des incidences sur les dispositions de la loi électorale».
Ce ne sera donc qu'une formalisation des intentions du gouvernement qui modifiait ainsi les articles 63, 168 et 170. «Les dates d'ouverture et de clôture de la période d'établissement des listes électorales sont fixées par décret en conseil des ministres sur proposition de la CENI», précise l'article 63 nouveau. Il s'agit d'une harmonisation avec l'article 14. Alors que l'article 168 dispose que «peut faire acte de candidature à l'élection du Président de la République, tout citoyen remplissant les conditions fixées à l'article 62 de la Constitution et qui réside sur le territoire national depuis douze mois au moins. Tout candidat à l'élection présidentielle doit être exclusivement de nationalité togolaise. Les candidats doivent également justifier d'une domiciliation effective au Togo d'une année au moins au moment du dépôt de leur candidature».
L'article 170 nouveau, lui, fixe les pièces de la déclaration de candidature : un extrait d'acte de naissance ou le jugement supplétif en tenant lieu ; une copie légalisée du certificat de nationalité togolaise ; un bulletin n°3 du casier judiciaire datant de moins de 3 mois ; le récépissé du versement du cautionnement prévu à l'article 174 de la présente loi ; un acte de domiciliation délivré par l'autorité compétente ; une attestation par laquelle un parti politique légalement constitué ou une coalition de partis politiques légalement constitués déclare que ledit parti ou ladite coalition a investi l'intéressé en qualité de candidat à l'élection présidentielle, ou une liste d'électeurs appuyant la candidature indépendante et comportant les noms, prénoms et lieu de naissance, l'indicatif de la liste électorale d'inscription et la signature des intéressés. Cette liste doit comprendre des électeurs représentant au moins 2.000 inscrits, domiciliés dans 10 préfectures à raison de 200 au moins par préfecture. Et, une attestation sur l'honneur que le candidat remplit les conditions d'éligibilité requises et un certificat médical constatant l'aptitude physique et mentale du candidat, établi conformément aux dispositions de l'article 62 de la Constitution. En clair, plus d'obligation de produire l'acte de renonciation à toute nationalité étrangère, plus d'exclusion pour défaut de quitus fiscal.
Après quoi, de sources concordantes, il sera procédé dans les brefs délais à la nomination des 17 nouveaux membres de la CENI, soit les 5 de la mouvance présidentielle, les 5 de l'opposition parlementaire, les 3 de l'opposition extraparlementaire, les 3 de la société civile et le dernier membre de l'administration.
Après l'appel à candidature de juin
Trois noms se dégagent pour diriger la NSCT
C'est le résultat de l'évaluation des candidats dans le cadre du processus de recrutement du Directeur général de la Nouvelle société cotonnière du Togo (NSCT). Il s'agit, par ordre décroissant des notes obtenues, des sieurs Djagni Kokou (49 ans, Agro-économiste et Docteur en management), Batana Essowè (51 ans, Maîtrise en économie/gestion et DESS finance/fiscalité) et Lossah Kokou (51 ans, Maîtrise en sciences et techn. Comptables financ./ DECS/DUT option Finances/comptabilité). Au total, dix-sept (17) dossiers de candidatures avaient été enregistrés après l'ouverture des plis par la Commission ad hoc.
Pour en arriver là, suivant le dépouillement, l'analyse et l'évaluation des dossiers, la méthodologie adoptée s'est appuyée sur les indications de l'appel à candidature (notamment en ses points 2 et 4) relayé par le quotidien national Togo Presse fin juin-début juillet. La première étape a concerné la vérification de la conformité des dossiers (qui passe par la vérification de la présence matérielle des pièces constitutives du dossier, l'analyse des critères d'élimination et celle des critères d'acceptabilité) et la seconde, l'analyse et l'évaluation proprement dite.
Selon le point 4 de l'appel, être âgé de moins de 40 ans ou de plus de 50 ans est éliminatoire. Ainsi, trois (3) candidats ont été recalés à cette étape. L'évaluation primaire notée sur 20 points a retenu les critères suivants : formation du candidat (diplômé d'études supérieures en gestion, management ou en agro-économie), expériences du candidat (en gestion d'entreprise et connaissance du secteur), atouts supplémentaires visés (connaissance en informatique et en anglais et qualification à la fois en gestion, management et en agro-économie). Aussi onze (11) autres candidats ont-ils été éliminés, avec des notes inférieures à 10.
La Commission tenue de proposer, à l'issue du processus de sélection, trois (3) personnes pour nomination, a été amenée à repêcher les trois (3) premiers candidats qui ne répondaient pas au critère d'âge. Ce qui a permis d'avoir six (6) candidats pour l'interview, l'ultime épreuve. Ici, le préalable a été l'élaboration du guide d'interview (en 22 questions) en vue d'apprécier le candidat à travers son aspect extérieur, ses connaissances, son raisonnement et ses expériences générales mais surtout en rapport avec le poste de directeur général de la NSCT. Cette phase de questions-réponses s'est tenue le 23 juillet 2009 avec la présence de Aharh-Kpessou Mongo, président du Conseil d'administration de la NSCT. Après harmonisation des notations délivrées par les membres de la Commission ad hoc, les trois (3) noms précités se dégagent avec, respectivement, comme note 26,25 sur 30, 22,75 sur 30 et 21,75 sur 30. Reste que le Conseil fasse son choix.
En rappel, le coton joue un rôle majeur et stratégique dans l'économie togolaise. La fibre de coton est le 2ème produit d'exportation après les phosphates. En temps normal, le coton occupe plus de 300.000 producteurs et fait vivre plus de la moitié de la population nationale. La production de coton-graine a connu une croissance soutenue avec de bonnes performances, allant de 11.000 tonnes en 1974-1975 à 188.000 tonnes en 1998-1999.
Mais, en raison d'une série de dysfonctionnements comme la mauvaise gestion, le secteur coton est entré dans une récession à partir de l'année 2000, avant de connaître une véritable crise en 2004-2005 et 2005-2006. Avec d'importants arriérés de revenus non payés aux producteurs pour un montant de 23 milliards de francs Cfa. La démotivation engendrée par ces arriérés a conduit à une forte régression de la production de coton-graine qui a chuté à 65.000 tonnes, à 40.000 tonnes puis à 31.000 tonnes, respectivement pendant les campagnes 2005-2006, 2006-2007 et 2008-2009. En vue de relancer de manière durable la filière cotonnière, l'Etat a pris la ferme option de réformes qu'il a entreprises à travers des études et audits commandités. Ce qui a conduit à la création de la Nouvelle société cotonnière (NSCT) nécessitant le recrutement d'un nouveau directeur général.
Financement du Projet Secteur Financier et Gouvernance
L'Accord entre le Togo et l'IDA en vigueur depuis le 11 août
La nouvelle est contenue dans une lettre de déclaration de mise en vigueur portant la signature de Madani M. Tall, Directeur des Opérations pour la République togolaise, et adressée aux ministres Gilbert Bawara et Adji Ayassor. «…l'Association Internationale de Développement accepte les preuves fournies pour satisfaire aux conditions préalables à l'entrée en vigueur de l'Accord de Financement relatif au Financement du Projet Secteur Financier et Gouvernance signé le 23 avril 2009 entre la République togolaise et l'Association Internationale de Développement. En conséquence, l'Accord de Financement entre en vigueur le 11 août 2009», précise la note. Le projet, approuvé le 31 mars 2009, court jusqu'au 31 décembre 2014. Avec un coût total de 12,4 millions de dollars US à rechercher auprès de la Banque mondiale et auprès de partenaires autres que les banques.
Selon le site Internet de la Banque mondiale, le but du projet est d'améliorer la stabilité du secteur financier, en appuyant le gouvernement dans son programme de réforme du secteur financier. Sa restructuration permettra de dégager davantage de ressources en faveur de la réduction de la pauvreté. Une assistance technique sera fournie pour chaque package du projet. Il comporte 4 composantes : (1) la restructuration du secteur banquier. Pour soutenir la stratégie du gouvernement et fournir une assistance technique afin de s'assurer que la réforme financière et institutionnelle de trois banques publiques (BTCI, BIA et UTB) est allée à terme.
Ceci implique la recherche de bailleurs de fonds pour lesdites banques. (2) Le renforcement du secteur de la micro finance. L'accent sera mis sur le renforcement de la stabilité de ce secteur, à travers l'amélioration de contrôles externe et interne au sein des institutions de micro finance (avec un accent sur l'augmentation de la capacité de supervision par les institutions elles-mêmes). (3) La réforme du secteur des pensions. Il s'agira essentiellement de la branche pension des deux institutions de sécurité sociale (Caisse de Retraite du Togo (CRT), et Caisse Nationale de Sécurite Sociale (CNSS) en restaurant leur capacité (ou viabilité) financière. (4) Soutenir l'application des réformes dans les secteurs financier et privé. Il s'agira de fournir de l'assistance technique au Secrétariat permanent pour le suivi des politiques de réformes et des programmes financiers (SP-PRPF) au sein du ministère de l'Economie et des Finances pour renforcer sa capacité à formuler des politiques dans les secteurs financier et privé. Ce composant du projet visera également à améliorer les rapports public/privé.
En termes de pourcentage par secteur sur le financement, on peut y lire : Droit, justice et administrations publiques (pension obligatoire et assurance-chômage) 10%, Finances (secteur bancaire) 44%, Finances (financement des micro-entreprises et des PME) 32%.
Baisse continue des cours du phosphate
Vers une «diminution considérable» des recettes d'exportation du Togo
Une baisse continue des cours du phosphate, due à la crise financière internationale, «entraînerait une diminution considérable» des recettes d'exportation du Togo qui a engagé des efforts de restructuration et de relance de ce secteur de sa principale matière première d'exportation, a indiqué le ministre togolais de l'Economie et des Finances Adji Otèth Ayassor, dans une interview à l'Agence Xinhua.
Selon lui, on assiste à une baisse de la production de phosphate qui est passée de 73.572 tonnes métriques au quatrième trimestre 2008 à 42.254 tonnes métriques au deuxième trimestre 2009 pendant que, sur la même période, le prix moyen de vente du minerai est passé de 303,3 dollars la tonne métrique à 127,0 dollars.
«Il va de soi qu'une baisse continue des cours du phosphate entraînerait une diminution considérable des recettes d'exportation, à un moment où des efforts de restructuration et de relance de ce secteur sont fortement engagés», reconnaît le membre du gouvernement au sujet des effets de la crise financière internationale sur l'économie du Togo.
Il a expliqué, à cet effet, que les principaux partenaires commerciaux du Togo sont, pour la plupart, des pays avancés «durement touchés» par la crise, alors que les exportations du pays sont principalement des matières premières non alimentaires. Outre les matières premières, la crise a également touché les transferts des travailleurs émigrés. Le cumul des transferts reçus au cours du premier trimestre 2009 chiffré à 9,3 milliards de francs CFA est en baisse de 12,4% par rapport au quatrième trimestre 2008.
«La crise touche surtout les travailleurs émigrés qui occupent des emplois précaires et leurs transferts vers le Togo en seront affectés et occasionneront une baisse des flux des aides», a précisé M. Ayassor, poursuivant que les investissements directs étrangers «seront également affectés, à une période cruciale de mise en Œuvre de mesures correctives».
Face à cette crise, le gouvernement togolais a entrepris notamment des mesures en recensant les vulnérabilités potentielles de l'économie du pays.
Selon le ministre Ayassor, le Togo a participé, dans cette perspective, aux réunions régionales visant à chercher des solutions et «entend continuer» à recenser et suivre de près les vulnérabilités potentielles, renforcer les stratégies de gestion de la dette à moyen terme et «assurer une étroite» coordination entre l'Etat, la banque centrale et les organismes de contrôle.
«En terme budgétaire, nous nous efforcerons de dégager une marge de manŒuvre budgétaire pour préserver les dépenses prioritaires notamment celles qui relèvent des Objectifs du Millénaire pour le développement», a-t-il confié. Avant d'ajouter que le Togo poursuit avec détermination son programme d'assainissement des finances publiques, entre autres, la mise en Œuvre de la Facilité pour la réduction de la pauvreté (FRPC).
A juste titre, le Premier ministre Gilbert Houngbo relevait la poursuite de la politique d'austérité budgétaire en 2010 dans sa lettre de cadrage du 18 juin 2009 : «les mesures nouvelles ne seront retenues que pour les dépenses de fonctionnement à condition que leur financement soit assuré par des économies faites sur d'autres lignes budgétaires et si elles s'inscrivent dans les priorités visées dans le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP)».
Les réformes économiques ont permis au Togo de «rétablir puis de maintenir» la stabilité du cadre macroéconomique, a expliqué M. Ayassor, tout en rappelant que le compte de capital a enregistré en 2007 un excédent de 35,1 milliards de francs CFA, soit une amélioration de 4,8%, grâce aux dons mobilisés et à la remise de dette accordée par la Chine au Togo en 2007 pour un montant de 148, 630 millions de Yuans (environ 10 milliards de FCFA).
En conséquence, la situation financière de l'Etat s'est renforcée de «façon significative». Mais le recul des exportations de matières premières en valeur et en volume peut détériorer le solde global, sur la base ordonnancement, en pourcentage du PIB qui est de moins 1,0% en 2008 contre moins 1,9% en 2007. Par ailleurs, M. Ayassor a fait comprendre que, malgré la crise, le Togo peut atteindre cette année un taux de croissance de 2,5% pour un taux d'accroissement de la population estimé à 2,4.
L'industrie touristique peine toujours à retrouver les performances des années 80 où le Togo accueillait plus de 120.000 touristes par an avec des recettes de 15 milliards de francs CFA, a aussi indiqué le ministre de l'Economie et des Finances. Et d'ajouter qu'il est à craindre que la crise ne réduise les flux des touristes à destination du Togo. En rappel, le tourisme occupait la troisième position en termes de contribution aux recettes d'exportation. Il a enregistré 35.000 touristes en 1993 pour 1,5 milliard de francs CFA de recettes à cause de la crise sociopolitique. «Avec les restructurations en cours et l'apaisement du climat sociopolitique, le tourisme semble avoir repris à nouveau en 2007 avec 102.000 touristes pour 11,8 milliards de francs CFA de recettes», a-t-il fait remarquer.
D'après Adji Oteth Ayassor
La Chine, une puissance incontournable
La Chine est devenue en 60 ans une "puissance économique et militaire incontournable" sur la scène internationale", a déclaré mardi le ministre togolais de l'Economie et des Finances, Adji Oteth Ayassor, dans une interview exclusive à l'Agence Xinhua.
La Chine est un pays "en pleine transformation économique, sociale et technologique" avec des taux de croissance à deux chiffes jusqu'en 2008 qui illustrent le dynamisme de son économie", a précisé le ministre, poursuivant que le savoir-faire technologique et la puissance financière de ce pays sont le "levier d'une nouvelle coopération Sud-Sud" dont les pays d'Afrique et le Togo en particulier sont les heureux bénéficiaires.
Particulièrement pour son pays, le ministre Ayassor a estimé que les relations amicales entre la Chine et le Togo sont appelées à se renforcer, citant en exemple le financement par la Chine pour 2,7 milliards de francs Cfa la reconstruction des "ponts vitaux" d'Amakpapé et de Toglékopé pour les échanges du Togo avec les pays de hinterland, détruits lors des inondations en juillet 2008. Les relations économiques et commerciales entre la Chine et le Togo "se raffermissent" chaque jour davantage et se traduisent par des "investissements" dans les secteurs des infrastructures, de la santé, de l'agriculture, de la formation professionnelle, etc. La Chine, d'après le ministre Ayassor, peut prendre une "part active" au plan national d'investissement agricole du Togo avec notamment la formation en technique de maîtrise de l'eau et la promotion des cultures à haut rendement, mentionnant que la Chine peut offrir au Togo "son expertise à moindre coût" dans le cadre d'un transfert de technologie en matière d'énergies renouvelables.
Avec ses énormes réserves en devises liées à une politique commerciale particulièrement dynamique, la Chine est devenue un grand créancier des Etats-Unis et semble relativement mieux résister à la crise économique et financière, a dit le ministre de l'Economie et des Finances. "Toutes les autres grandes puissances du monde doivent aujourd'hui compter avec la Chine qui est une grande puissance exportatrice", a-t-il insisté, indiquant qu'en 60 ans la Chine est passée de statut de pays en développement au statut de puissance économique et militaire.
Insécurité en Afrique
Appel aux Etats pour un système de sécurité intégré
La circulation incontrôlée et la prolifération des armes légères et de petit calibre (ALPC) représentent une menace pour la sécurité civile en Afrique de l'ouest. Aussi, la diffusion des armes légères alimente les conflits en Afrique, engendre la montée de la criminalité, du banditisme de la criminalité transfrontalière et favorise l'émergence du phénomène des enfants soldats. Faciles à transporter et à manier même par un enfant soldat, les armes légères sont les premiers instruments de la violence utilisés dans les conflits en Afrique qui compromettent la stabilité et le développement du continent.
Les efforts fournis au niveau de chaque Etat africain pour sensibiliser les populations sur les conséquences désastreuses des ALPC, se révèlent pour le moment infructueux. Le commerce des armes légères continue de se développer surtout dans certains pays comme le Ghana. Dans la perspective d'une lutte collective, les commissions nationales et les organisations de la société civile du groupe D (regroupement de pays comprenant la Côte d'Ivoire, le Nigéria, le Bénin et le Togo) se sont réunies à Lomé du 18 au 19 août, pour penser aux solutions idoines à l'augmentation des ALPC en Afrique.
Au cours de la conférence de presse qu'il a co-animé avec M. Mohamed Coulibaly, directeur du programme de contrôle des armes légères de la cedeao, et Mme Michelle Pépé représentant le président du réseau d'action sur les armes légères en Afrique de l'ouest, le Colonel ASSIA Toyi, président du commission nationale de lutte contre la circulation et la prolifération illicites des armes légères du Togo CNLCPLA/Togo, a déclaré «qu'il n'existe aucun pays qui puisse lutter seul et de manière efficace contre la menace de la circulation des ALPC à travers le monde et en particulier dans la sous région de l'Afrique de l'ouest, où les expériences ont montré que les conflits sont contagieux et que la circulation des armes est interétatique».
Se fondant sur les conclusions des activités au cours du premier semestre 2009, les commissions nationales et organisations de la société civile ont formulé à la fin des travaux des recommandations aussi bien à l'endroit des partenaires au développement que des dirigeants de la zone cedeao. L'intégration de la question des ALPC dans les programmes de développement relève d'une nécessité absolue car elle constitue un handicap à l'émergence de l'Afrique. Aussi, les militants pour la paix préconisent une informatisation de la gestion des stocks d'armes collectés ou saisis et la conduite d'une mission de plaidoyer de haut niveau de la commission de la cedeao en Côte d'Ivoire et au Nigéria. Le premier pays venant de sortir d'une guerre civile et le second caractérisé par une insécurité civile disproportionnée. Les autorités de la cedeao sont appelées à faire des questions relatives aux ALPC une préoccupation majeure, en les inscrivant dans leurs agendas lors des rencontres officielles entre Etats membres.
Par ailleurs il a été demandé aux bureaux-pays du PNUD de relayer les informations aux partenaires de mise en Œuvre notamment en ce qui concerne les ordres de financement approuvés par ECOSAP à travers le bureau du PNUD/ Mali et d' intégrer les questions relatives à la violence armée au cadre stratégique de la réduction de la pauvreté afin de cerner le cercle vicieux violence- armée- pauvreté. Le renforcement de la synergie d'action entre les commissions nationales et les commissions nationales de la société civile voire l'harmonisation de certaines activités spécifiques reste aussi à promouvoir. Afin, les activités de sensibilisation et de communication sur les dangers de la prolifération des ALPC ainsi qu'un lobbying pour le financement des organisations de la société civile et les commissions nationales sur les armes légères au niveau nationale afin d'assurer la continuité des actions doivent être soutenus.
Culture
Politique culturelle au Togo
Plaidoyer pour un Fonds d'Aide à la Culture
Le 16 Août 2009, s'est produit à l'Espace Filbleu sur la route d'Adidogomé, un événement qui restera désormais gravé dans le cŒur des entrepreneurs culturels togolais : après une répétition générale des comédiens de son école, le dramaturge Rodrigue Norman a annoncé la fermeture de celle-ci pour trois ans, faute de moyens, et surtout d'appui. Nous tous qui étions présents là, nous avons eu de la peine pour les comédiens et le directeur d'école, car nous savons par où il était passé avant de prendre cette décision la mort dans l'âme. Il en va ainsi des projets culturels au Togo depuis des lustres, ils naissent dans l'enthousiasme et meurent dans l'amertume.
La preuve, quand Rodrigue Norman a créé son école, beaucoup d'étudiants y sont venus, mais combien y sont restés ? Beaucoup de questions qui fâchent ont vite été soulevées : le poids important des frais de scolarité, le niveau des profs qui intervenaient dans la formation, la reconnaissance et la validation des diplômes, quand on sait qu'une formation artistique doit relever au moins d'une ou deux ministères… De l'école à la troupe, la différence était minime, sans compter que la volonté du directeur de l'E-Stal se serait heurtée dès le départ à l'absence d'un appui, ne serait-ce que moral ou logistique du Ministère de la Culture.
En effet, il se raconte que Rodrigue Norman aurait essuyé le refus du ministère de la Culture quant à sa demande d'installer l'école à la direction de la troupe nationale, en faisant usage de la salle de spectacle construite à l'époque de Sénouvo Agbota Zinsou, et qui ne servirait pas à grand-chose, de la même manière que le studio de l'OTODI à Cacavelli est désaffectée, alors qu'on aurait pu le transformer en une école pilote de formation des musiciens ! Ainsi va l'absence d'idées des conseillers à la Culture au Togo.
Il y a peu, les journalistes Togolais se sont vus dotés d'un fonds d'appui, de subventions. Le nombre de journaux a alors quadruplé, sans que le contenu ait fondamentalement changé. Les journaux passent au quotidien sans orientation nouvelle. Du pareil au même au changement dans la continuité.
Le même ministère qui gère la Communication est censé gérer la Culture, or celle-ci est le parent pauvre du duo. Et le chef d'orchestre du ministère semble beaucoup plus préoccupé par la Communication, à en croire les informations que je reçois pendant les discussions avec les fonctionnaires de la culture.
Les hommes de culture togolais sont les vrais ambassadeurs du pays à l'étranger (King Mensah, Peter Solo, Afia Mala, Kangni Alem, Kossi Efoui, Sokey Edorh, Kossi Assou, Paul Ahyi, Alfa Ramsès…), la culture togolaise est une vitrine sûre et un creuset pacifique, là où la querelle politique a pris racine, détruisant la créativité populaire au profit de slogans vides. La galère des artistes, leur chômage chronique, leur manque de formation pourrait même être évoqué dans le Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSRP) récemment concoctée par le Premier Ministre togolais. Soit dit en passant, il est tout de même étonnant que des experts concoctent ce DSRP sans penser à y inclure la culture.
Et pourtant, former des artistes fait partie du programme de réduction de la pauvreté. Certains acteurs culturels approchés insistent même sur l'idée que si la culture était un chantier présidentiel pour les élections à venir, la mentalité des Togolais pourrait radicalement se transformer : faire entrer les arts à l'école, aider les projets culturels dans un cadre juridique bien défini pour éviter la mendicité dégradante des artistes, etc !
En 2010, le Togo aura atteint ses cinquante années d'existence, année de la maturité ?
Gageons que cette date sera un tournant capital, qui verra la naissance d'une politique culturelle ambitieuse et moderne et la mise sur pied d'un Fonds d'Aide à la Culture pour que les talents artistiques s'épanouissent au bénéfice de l'homme togolais. La volonté est là, nous le savons, l'application devrait être chose aisée.
Diaspora
Kossi Efoui finaliste du prix des Cinq continents de la Francophonie
L'Organisation internationale de la Francophonie a dévoilé la liste des dix auteurs finalistes pour le prix des Cinq continents de la Francophonie, qui récompense « un roman d'un écrivain témoignant d'une expérience culturelle spécifique enrichissant la langue française ». Parmi eux figurent l'écrivaine haïtienne Yanick Lahens, avec La Couleur de l'aube (éditions Sabine Wespieser, 2008), et l'écrivain togolais Kossi Efoui, avec Solo d'un revenant (Seuil, 2008). Solo d'un revenant a déjà décroché le prix Tropiques et le prix Ahmadou-Kourouma.
Les autres livres sélectionnés pour le prix des Cinq continents sont : La Beauté du poulpe, de Jean-Louis Serrano (France) ; Le Ciel de Bay City, de Catherine Mavrikakis (Québec) ; Juste avant l'hiver, de Françoise Henry (France) ; Nous autres, de Stéphane Audeguy (France) ; L'Origine de la violence, de Fabrice Humbert (France) ; Les Ruines du ciel, de Ramy Khalil Zein (Liban) ; La Tête en friche, de Marie-Sabine Roger (France) ; et Le Travail de l'huître, de Jean Barbe (Canada). Les résultats de l'édition 2009 seront proclamés le 28 septembre à Paris. Le prix sera remis le 24 octobre à Beyrouth.
Enquête
Commerce de céréales
Ces femmes qui dominent le secteur
Lorsque vous apercevez ces femmes dans les marchés, vous les prendrez pour des femmes qui peinent à vivre de leurs activités. Mais, faites un tour dans leur magasin de stockage, au milieu des sacs et tonneaux de céréales, vous saurez qu'elles sont de grands chefs d'entreprises.
On les appelle les «déesses des céréales », ces femmes d'affaires économes qui dominent le commerce de produits agricoles dans les villages à travers le Togo. Abalo Tassivi est l'une des femmes qui contrôlent le commerce de céréale au marché d'Agbadahonou. Veuve depuis 15 ans elle arrive grâce à ce commerce à financer les études de ses deux enfants en Europe. Elle affirme être venue à cette activité par sa mère défunte. «J'aidais ma mère, en sillonnant les villages de l'intérieur du pays pour acheter du maïs, du mil ou du sorgho pour vendre à Lomé et quand elle est décédée, j'ai arrêté mes études et j'ai pris la relève parce que cette activité était la seule source de revenue de la famille». Chaque marché de céréales à Lomé a ses déesses, qui parcourent les zones agricoles, surtout les plus enclavées pour négocier des prix de gros avec des agriculteurs et transportent par camion ces céréales vers la capitale. Elles ont une stratégie d'approvisionnement : acheter les céréales à un prix dérisoire et le revendre au double du prix, voir le quadruple en période de crise.
Les agriculteurs ne disposant pas de moyens de conservation, les reines ont généralement le dessus sur eux. Elles n'hésitent pas à mettre une pression extrême sur les agriculteurs, qui les accusent de les escroquer pour empocher la part du lion dans les bénéfices. Un paysan de l'intérieur affirme qu'ils ne vit pas du travail de la terre. «Nous faisons des prêts pour acheter les engrais que nous remboursons des fois par un sac d'haricot contre dix mille cfa. Enfin de compte nous nous retrouvons avec un revenu mensuel de 100Fcfa. Ceux qui gagnent le plus ce sont les commerçantes qui viennent de Lomé. Elles sont impitoyables dans leurs tactiques d'affaires et feraient tout ce qui leur permettrait d'obtenir des prix plus bas afin de faire d'énormes bénéfices », affirme t-il.
Elles attendent la période de la rentrée scolaire ou des fêtes de fin d'année par exemple et elles utilisent le besoin en argent des fermiers à leur avantage, forçant les agriculteurs à accepter des prix bas afin d'avoir quelque chose pour la scolarisation de leurs enfants
«Nous n'avons aucun pouvoir comme l'ont dit les rumeurs sur toute la place», objecte Tassivi. «Les céréales sont des produits agricoles saisonniers et nous avons les temps de récolte maigre et abondante. Alors, lorsque que la récolte est bonne, vous devez considérer l'offre et la demande. Nous profitons de cette abondance et conservons une très grande partie des stocks que nous revendons en période de soudure. Bien sûr qu'elle nous rapporte énormément de sous mais c'est la loi du marché ».
Les clientes doivent accepter les prix qu'elles fixent; et les fermiers dans la campagne s'irritent sous leur domination. Mais ces déesses de céréales demeurent des maîtres incontestés de leur domaine.
Interview de Jacques Ilboudo, secrétaire général de l'USRB
« Nous sommes rackettés sur tous les corridors »
Secrétaire général de l'Union syndicale des routiers du Burkina et de la confédération ouest-africaine des syndicats des chauffeurs, Jacques Ilboudo, près de la cinquantaine, est un homme influent du milieu des transports routiers au Burkina Faso, dans les espaces UEMOA et CEDEAO. Homme d'envergure pouvant parler pendant des heures à la fois des problèmes du transport et de la politique en général, il s'exprime ici sur les problèmes des transports de marchandises sur les corridors de l'espace UEMOA et CEDEAO desservant les pays de l'Hinterland.
Quelles sont les difficultés que rencontrent les transporteurs de marchandises sur le corridor Lomé-Ouaga ?
Ce corridor a de réels problèmes. Ils se situent au niveau de la douane, la police et la gendarmerie, et même avec des syndicats de transporteurs. Nous sommes rackettés sur tout l'axe, avec des longues heures d'attentes au niveau de la frontière. Les difficultés se situent au niveau de l'Etat togolais avec les infrastructures routières, l'état actuel des routes est lamentable dans les montagnes togolaises mais surtout à partir de Tandjouaré-Cinkassé.
Quelles sont les difficultés que vous avez au niveau de la douane ?
Imaginez un camion qui quitte Ouaga avec les balles de coton. Arrivé au niveau de la frontière, on vous demande de payer 15 mille francs et la douane vous délivre un reçu de six mille. Le chef de la douane vous indique qu'officiellement, on doit payer 15 mille, mais officieusement, ce qu'on paye ça va où ? La douane elle-même, en collaboration avec les «petits transitaires», rançonne les gens. Un chauffeur ne peut pas se lever avec son dossier et aller directement vers la douane. Il faut qu'il passe obligatoirement par de petits voyous qui se disent transitaires. Des intermédiaires de quelles agences de transit ? Et ils prennent le document et s'en vont vers les douaniers. Il faut les payer. Et ce parcours de combattants commence à partir de Cinkassé-Burkina. Aujourd'hui, un chauffeur n'a pas le droit de rentrer dans un bureau de douane, les transitaires constituent un mur entre les chauffeurs et la douane. Nous avons demandé la suppression de ce poste, mais le député (Cinkassé Burkina, NDRL) de la localité est allé voir le directeur de la douane et lui a dit que pour des raisons d'ordre politique – démagogiques certainement – de ne pas supprimer les petits intermédiaires, que cette situation de racket contribue à réduire le chômage. Je leur dis qu'un jour je vais faire bloquer cette frontière !
On évoque la raison aussi que les chauffeurs ne savent ni lire ni écrire, mais on oublie que ce sont eux qui signent les documents de chargement. Pourquoi les douaniers ne peuvent pas enregistrer ce pourquoi ils sont recrutés par l'Etat ?
Je veux vous raconter une anecdote. Un jour, un de ces enfants à ajouté un zéro à un chiffre pour augmenter le montant. Comme le chauffeur n'avait pas l'argent, il a gardé longtemps le véhicule sur le parking. Le chef de la douane est venu s'enquérir de la situation, Ce n'est qu'en ce moment qu'on a su que le « petit transitaire » faisait des combines.
On peut comprendre qu'il y ait des problèmes avec les commerçants mais pas avec les chauffeurs, lui doit avoir un laissez-passer dès que faites et vérifiées les formalités de passage. Ce sont de faux frais.
Ceci se passe-t-il uniquement au niveau de Cinkassé Burkina ?
C'est la même chose au niveau de Cinkassé Togo. Ici également, il y a une complicité avec la douane, en tout cas une nébuleuse de situation à laquelle on ne comprend absolument rien. Pour tout camion qui quitte Lomé, la douane vous demande de garer à Cinkadouri, et tant que la gendarmerie ne vienne pas pour s'arrêter au milieu, on ne vous libère pas, et ceci c'est pour que la gendarmerie aussi puisse avoir son compte. C'est du racket. Encore autre chose. Le chef du bureau de Cinkassé loge à Dapaong, et tant qu'il n'est pas là très tôt le matin, s'il vient à neuf heures, il faudra attendre longtemps pour démarrer les activités pour libérer les camions.
Du coup quand on libère les camions au niveau du Togo, il y a des problèmes d'embouteillage et de retard à la douane du Burkina, parce que le chef du poste de Cinkassé Burkina explique que le Togo lâche en même temps un volume de travail qui vient à leur niveau, créant des heures supplémentaires. Et cela crée de faux frais à notre niveau, alors que nous sommes venus aux heures réglementaires. Tout cela n'est pas normal. Néanmoins, il faut noter que tout cela est un peu allégé maintenant au niveau du Togo.
Au niveau de Kara, il se trouve que chaque fois que le chef de l'Etat est dans la zone, il y a des postes de contrôle qui se créent là-bas. Mais ces postes créés pour des raisons sécuritaires deviennent automatiquement des postes de racket. Il faut aussi noter que dès qu'on dépasse Kara, il n'y a plus autant de postes de contrôle. Les Togolais font en ce sens quelques efforts, mais on sait qu'ils peuvent faire mieux.
Au niveau de Lomé, mis à part la police, ce sont les syndicats eux-mêmes qui constituent des entraves. Ils mettent des barrières, notamment au niveau de Zongo, si vous ne payez pas, vous ne passez pas.
Ceci n'est pas normal. Les syndicats ne sont pas là pour entraver la circulation. Au Burkina Faso, nous avons aussi des syndicats, mais ce n'est pas comme ça. Il y a des tickets que les gens payent, si quelqu'un ne paye pas, en cas de problème, le syndicat n'intervient pas.
A Tabligbo, les camions payent 5 ou 6 mille francs comme ticket syndical. C'est incroyable, on ne comprend pas. Il n'y a même pas des toilettes là-bas, c'est du racket.
Quelles sont les démarches que vous avez entreprises au niveau des autorités pour régler les problèmes ?
Je reviens de Lomé. Nous avons rencontré le directeur du Transport et exposé les problèmes que nous avons. Il m'a promis que le Togo va respecter les textes de l'UEMOA pour limiter les postes à deux, dont un à Davié et un autre à Mango.
Selon lui, ce dispositif devrait être appliqué depuis mais que c'est l'écroulement du pont de Togblékopé qui l'avait rendu inopérationnel.
Mais il nous a demandé à nous autres de sensibiliser nos militants, puisque nous sommes dans un domaine de corruption. Notre domaine des transports, c'est la corruption généralisée. Ici, on est toujours tenté de corrompre quelqu'un quand les documents ne sont pas à jour. Si les documents sont à jour, il faut sensibiliser les chauffeurs de ne pas payer. Quand on est en règle, il faut refuser de payer, comme cela, celui qui arrive aussi va refuser de payer. Et à la chaîne, les policiers vont cesser les rackets.
Mais le Togo n'est pas aussi difficile comme certains pays de la sous-région comme le Bénin et le Mali.
Au niveau de la confédération ouest-africaine des syndicats des chauffeurs, la CESCAO, nous allons avoir notre propre stratégie. Parce que jusqu'à maintenant, les décrets et autres arrêtés des Etats ne sont jamais appliqués. Nous avons décidé qu'un jour nous allons faire des caravanes pour bloquer les frontières, c'est-à-dire les routes pendant 48 heures, comme ça les pays enclavés comme le Burkina, qui dépendent beaucoup de la route, pourront agir pour faire respecter les règlements de l'UEMOA.
Mais vous osez affirmer que vous allez couper les vivres à vos pays ?
Si. Nous allons faire plutôt du syndicalisme responsable en tenant compte de l'intérêt supérieur de nos Etats et de nos populations et ne pas affamer nos populations. Tout est question de bonne stratégie. Nous continuons toujours les négociations, en disant que cela demeure notre dernière arme, à utiliser en dernier ressort dans les cas extrêmes. Actuellement au niveau de la CEDEAO, nous sommes en train de former du personnel pour faciliter au niveau des postes de contrôle la libre circulation des biens. La CEDEAO ne constitue pas dans les faits une réalité.
Il y a des agents de police et des douanes qui vont vous dire que la CEDEAO, c'est la libre circulation des personnes et non des biens. Les chauffeurs savent que l'intégration n'est pas une réalité puisqu'ils peuvent faire trois pays en quarante-huit heures. Il y a même certains syndiqués burkinabè qui s'étonnent de ce qu'on intervient pour les chauffeurs étrangers au Burkina Faso alors qu'eux-mêmes subissent des tracasseries dans ces pays là ! Je leur ai dit qu'il faut d'abord commencer l'intégration par nous-même si les Etats ne peuvent pas le faire.
Les Etats accusent les transporteurs d'être responsables de la dégradation des routes ?
Oui, mais sont-ce les transporteurs qui sont responsables de cette situation ? Heureusement, aujourd'hui l'UEMOA prévoient des mesures pour mettre des appareils de charges à l'essieu. Quand on accuse les chauffeurs, il ne faudra pas aussi oublier qu'ils sont ceux qui payent aussi le lourd tribut en vies humaines à cause de l'Etat des routes. Voyez la route, notamment entre Cinkassé et Tandjouaré, dans les montagnes du Togo, vous savez combien il y a eu d'accidents sur ces routes et combien de chauffeurs en sont morts ? Mais je félicite les autorités togolaises d'avoir fait des parkings sur les routes, ce qui fait défaut au Burkina alors qu'on nous empêche de garer au bord des routes. Où va-t-on garer les véhicules pour se reposer ?
Je veux vous dire quelque chose, le grand racket officialisé par le Burkina, c'est les taxes de stationnement organisé par les maires, alors que le ministre de l'Administration territoriale a pris un décret interdisant ces taxes-là. Mais mettre des cordons sur les routes pour interdire les stationnements est officialisé au Burkina et les mairies ne font que vivre de ça. Si la décentralisation n'est pas suivie de mesures d'accompagnement, les chauffeurs ne doivent pas être les dindons de la farce des insuffisances des Etats !
Au Bénin, c'est encore plus grave. J'en reviens et j'ai compté plus de onze postes de contrôle bizarres. Et le premier poste de contrôle que j'ai rencontré, tenez-vous bien, c'est un civil qui ressemble à ces chasseurs traditionnels qui m'arrête ! Quand je lui demande c'est quel poste, il m'a dit «sécurité présidentielle». Je lui ai posé la question de savoir si le Palais de la Marina est maintenant à la frontière ?! Dès fois, tu en trouves [les civiles déguisés en chasseurs traditionnels] qui te disent que c'est la sécurité du maire, et j'ai demandé à savoir s'il y a aussi la sécurité du préfet devant. Le Bénin et le Mali sont les pays les plus graves.
Au Ghana, ça commence à aller, sauf qu'il y a trop de postes de douane. Au Burkina, c'est presque pareil. Sur 245 kms, entre Bittou et Ouaga, vous allez avoir plusieurs postes de douanes, c'est incroyable. A l'entrée de Ouaga, il y en a, après le péage, vous en trouvez encore. C'est incroyable ça, et ils récupèrent 500 F à chaque arrêt. Cinq postes sur 145 kms.
Ces postes ne constituent-ils pas des barrages contre la fraude ?
C'est faux, puisqu'ils ne contrôlent jamais les marchandises. Je vais vous faire une révélation. Les marchandises frauduleuses qu'on vend à Ouaga leur passent sous le nez et la barbe. Ces douaniers, tu peux faire passer une cargaison d'armes, ils ne vont jamais fouiller. C'est l'argent qui les intéresse. Ils ne font rien. Ça boit la bière, ils n'ont que des glacières là-bas.
© L'Union du 21 août 2009