« Projet emblématique » du renouveau au Togo. C'est ainsi que le promoteur de la Résidence Les Cocotiers présente son bébé. Un projet immobilier ambitieux qui prévoit la construction de 150 villas en bord de mer à Lomé. Le Français Christian Dervieux est interviewé dans l'hebdomadaire L'Union paru cette semaine. Une opération immobilière avoisinant les 9 milliards de francs CFA ; du jamais vu dans le pays depuis une quinzaine d'années.
##S_B##Voici une sélection d'articles publiés par L'Union
Consultations nationales / Commission Vérité Justice Réconciliation
Pas d'amalgame inutile !
C'est le mot de fin de l'atelier de formation sur les Consultations nationales à l'appui du processus «Vérité, Justice et Réconciliation» à l'intention d'une trentaine de journalistes de la presse écrite privée et officielle. Il s'est agi de déballer du 12 au 14 mai 2008 la question importante «Quel rôle pour les médias?». A l'analyse, il n'est pas question de semer ou encourager naïvement une amalgame entre les deux concepts : «Consultations nationales» et «Commission Vérité, Justice et Réconciliation». Le premier ne se confond pas au second, il prépare sa venue et est censé lui donner forme. «Il faut particulièrement faire attention à ne pas perdre de vue le but des consultations», avertit Mme Ige Olatokunbo, Coordinatrice du Projet des consultations.
De quoi s'agit-il ?
Les consultations qui ciblent les communautés affectées sont un des programmes visant à assurer dans la justice transitionnelle une approche basée sur les droits humains. Elles sont une activité qui veut rassembler les points de vue de TOUS les acteurs : gouvernement, société civile, groupe de victimes, communautés, leaders traditionnels et religieux, forces armées et de sécurité, etc. Ce n'est donc pas un monologue où celui qui se sent le plus fort ou le plus éclairé impose sa vision. En clair, le dialogue fait obligation d'écouter attentivement la personne consultée en vue d'accélérer ou de renforcer la conception des mécanismes de justice transitionnelle (lire encadré).
Les consultations sont quantitatives lorsqu'elles envisagent la collecte, l'analyse et l'interprétation de l'information quantifiable, scientifiquement mesurée sous forme de nombre et pourcentage et basée sur des sondages. Ici, la réserve est qu'elles n'englobent pas toute la population togolaise. La force de la représentativité est alors remise en question. Les consultations qualitatives sont basées sur la collecte de données sous forme de mots, principalement à travers des discussions en groupes focaux et des entretiens rapprochés. Non sans reproches. Pour les consultations nationales au Togo, c'est la méthode de recherche mixte qui sera utilisée étant entendu que les méthodes qualitative et quantitative ne sont pas exclusives, c'est-à-dire le recours combiné à des réunions avec les groupes focaux, des entretiens individuels et des réponses aux questions.
Il est clair que les consultations nationales ne se focalisent pas sur des questions essentielles liées aux violations passées même si on peut trouver un lien entre les deux. Aussi importe-t-il de ne pas compromettre les programmes futurs de justice transitionnelle ou de créer des attentes inappropriées. C'est ici que la Coordination du projet avertit ses membres de ne pas se laisser aller à des promesses pour vouloir apaiser des victimes qui violeront sciemment ou non le principe en brandissant des balles sauvegardées, des plaies, des photos des parents disparus…pour répondre aux consultations. Au finish, les présentes consultations devraient être adaptées au type de justice transitionnelle envisagé pour le Togo : par leur bonne conduite, les Togolais définiront clairement la justice de transition voulue. Mais, tout ceci n'empêche pas d'aborder des questions importantes liées à la justice et à la responsabilité. Lorsqu'une victime voudra plutôt se vider ici et maintenant, il faudra l'écouter et lui dire : «on a pris note, mais ce n'est pas le lieu et le moment de dire tout cela». Car, les récupérations politiciennes ne sont pas négligeables. Des difficultés que ne nie pas le Haut commissariat aux droits de l'homme/bureau Togo (HCDH Togo). Ce n'est pas, par exemple, parce qu'on aura décidé de passer l'éponge qu'une victime perd son droit de porter plainte devant la justice ordinaire.
Les questions à aborder
En plus des prévisions de l'Accord politique global (APG) qui a plutôt proposé deux commissions (mécanismes non judiciaires) ayant trait à la vérité, au pardon, à la réconciliation et aux réparations, le président de la République Faure Gnassingbé a inclus la notion de justice dans son discours de lancement officiel le 15 avril 2008. Du coup, les questions seront orientées vers la perception de la vérité, la réconciliation, la justice et la réparation. Il faudra aussi savoir s'il faut maintenir les deux commissions, les réduire à une seule ou en créer trois. Plus est, le mandat, la composition et le fonctionnement de la commission et/ou des commissions qui seront mises en place. Autrement, les populations consultées devront déterminer l'intervalle de travail après le rapport du HCDH Togo le 15 juillet prochain (2, 3, 6 ou 12 mois, avant ou après la présidentielle de 2010). Faut-il confier le travail aux politiques, aux prêtres, aux enseignants, aux associations, etc.? Doit-on par exemple commencer à partir de 1946, 1958, 1967, 1986, ou 2005 ?
A en croire Mme Ige Olatokunbo, une approche délocalisée sera adoptée afin de faciliter une appropriation locale du processus à travers le pays. Les sites pour les réunions seront choisis avec précaution et des endroits réputés neutres seront identifiés. En clair, il faut tenir compte des sensibilités, coutumes, pesanteurs et pratiques locales ; une personne qui ne souhaite pas être interrogée devant son présumé bourreau ne peut pas y être contrainte. Les mots d'ordre sont : respecter la dignité des victimes ou d'autres personnes affectées par les violations des droits de l'homme, éviter d'exposer les individus et communautés à des risques inutiles, aborder les victimes avec précaution en mettant à l'aise ceux qui veulent dire beaucoup de choses (raconter même leur histoire), écouter plus que parler. Au niveau du HCDH Togo, on veut tenir compte des particularités des femmes, des enfants et du genre. Dans la mesure du possible, les femmes seront consultées par les femmes. S'il faut même se couvrir pour rentrer dans les couvents, on ne s'en privera pas, ironise la Coordinatrice du Projet des consultations.
Un échantillon de 3.000 Togolais concernés
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, les Consultations nationales du Togo ne s'assimileront pas à un référendum où l'effort vise à enrôler tous les majeurs du moment. Ce n'est nullement un drame si des victimes ne sont pas interrogées ; la distinction est aujourd'hui fallacieuse. Selon l'équipe technique du Projet, les questionnaires seront administrés à un échantillon de 3.000 personnes, à raison de 2.500 Togolais représentant environ 10% de la liste électorale établie en 2007 et 500 Togolais de la diaspora. Le site Internet (www.consultations-nationales-togo.org) conçu à cet effet et mis en ligne à partir de la semaine prochaine appellera les Togolais de l'étranger à répondre aux mêmes questionnaires. Avec la précision qu'il n'est pas possible de les télécharger ; il suffit de répondre en ligne. La méthode, selon le HCDH, évitera qu'une même personne remplisse les 500 fiches accordées. Pour en arriver coûte que coûte, il faut créer pour soi 500 adresses e-mail différentes. Du beau boulot ! Puisqu'il n'y aura pas de questions directes exigeant des réponses Oui/Non. Pour les locaux, l'effort est fait d'avoir touché toutes les couches sociales envisagées au Togo.
Dans la pratique, une équipe de 20 techniciens recrutés par le HCDH sur la base des critères des Nations Unies et appuyés par 3 délégués de la Commission nationale des droits de l'homme (CNDH) est déjà formée et déployée depuis quelques jours dans les cinq chefs-lieux des régions économiques du Togo (Dapaong, Kara, Sokodé, Atakpamé et Tsévié). Elle s'appuiera sur des points focaux (para juristes, associations, groupes organisés, ONG, bref les non politiques) qui se partagent les préfectures et sous-préfectures du Togo. Une unité d'appui est basée à Lomé. Un comité de pilotage composé de 7 délégués (Gouvernement, Système des Nations unies, société civile togolaise et CNDH) supervise les activités. Les agents de terrain ont deux responsabilités : sensibiliser et administrer les questions. L'imminente sensibilisation conditionnée par la réception des supports audio (20 langues locales choisies) et visuel devra céder la place à l'administration des questions. Une opération prévue pour trois semaines.
Auparavant, comme pendant l'utilisation des kits électoraux en 2007, deux jours seront consacrés à une opération de test pour mesurer l'appropriation du processus par les populations et la maîtrise de la démarche par les agents recrutés. La sensibilisation continuera durant toute cette période à travers les médias locaux. Le tout devant se faire concomitamment sur toute l'étendue du territoire togolais. Un rapport est impérativement remis aux autorités togolaises le 15 juillet 2008, sauf en cas de force majeure, ajoute-t-on. Rappelons que le projet initié par le gouvernement est envisagé pour une période trois mois (15 avril - 15 juillet 2008).
Le Togo est divisé en deux zones : la première qui avale Maritime, Plateaux et Lomé commune est coiffée par Mme Ige Olatokunbo ; la seconde englobant Centrale, Kara et Dapaong est patronnée par Mme Margaret Bukuru, Coordinatrice adjointe du Projet.
Selon Mme Ige Olatokunbo
Les approches divergent selon les partis politiques
Dans la fièvre battante du démarrage de la phase opérationnelle des Consultations nationales, Mme Ige Olatokunbo qui ne veut pas voir un retard dans l'exécution des tâches, se prononce sur les partis politiques. Une normalité démocratique à la togolaise.
Quels rapports entretenez-vous avec les partis politiques et la société civile pour la réussite de ce processus des Consultations nationales ?
Trois ou quatre mois avant le lancement officiel, on avait commencé le processus de consultation informelle. On a touché presque vingt-cinq (25) partis politiques pour essayer de voir leur souci, leur contribution ou leur conception de la question. Lors de nos rencontres avec les partis politiques, nous avons noté des divergences dans l'approche de la question. Nous, nous apportons un appui technique au gouvernement. Mais, le dernier mot revient aux Togolais.
Avec les ONG et les associations de la société civile, on est allé plus loin. On ne leur a pas seulement expliqué le projet, on a discuté de leurs contributions et, aujourd'hui, je me réjouis que les ONG des droits de l'homme aient un réseau avec lequel nous travaillons. Elles ont déjà identifié leurs représentants avec qui nous travaillons dans le comité de pilotage. Donc, elles sont fortement impliquées sur le terrain.
Avez-vous un message particulier à l'endroit de la population togolaise ?
Le seul message est que le processus fait partie, je crois, de la nouvelle voie tracée par les autorités togolaises. Nous sommes là pour soutenir le processus. Nous n'avons rien derrière la tête sauf que de vous accompagner. Je lance un appel à la population de venir parler avec nous, de nous donner leur point de vue pour être sûr que le rapport que nous aurons à établir soit complet. Nous demandons à la population de nous donner l'opportunité, une fois de plus, de l'aider.
Interview sur la construction de la Résidence Les cocotiers
Christian Dervieux, PDG de STDTH : "Dépasser les 300 emplois en septembre"… pour construire une résidence de 150 villas
Sur le boulevard du Mono non loin de l'hôtel Sarakawa, côté ouest, se dresse une clôture gigantesque en bordure de mer ; c'est le chantier de la Résidence Les Cocotiers, une Œuvre de la Société Togolaise de Développement Touristique et Hôtelier (STDTH) comme l'indique un grand panneau à l'entrée. Une équipe de L'Union s'est transportée mardi sur le site où elle a pu rencontrer le Président Directeur Général de ladite société, Christian Dervieux, avec qui elle a eu un entretien important. En moins de dix minutes, plusieurs questions essentielles liées à ce projet ambitieux ont été décortiquées : motivations, coûts, difficultés, espérance…
L'Union : Christian Dervieux, vous êtes le PDG de la société STDTH qui veut embrasser cet ambitieux projet, la "Résidence Les Cocotiers", dont le chantier est en phase de démarrage. Quelles en sont les motivations ?
Christian Dervieux :
Les motivations, c'est le fruit d'une rencontre entre le Togo et une passion que j'ai pour l'Afrique. Je suis venu au Togo en 2006 pour l'organisation des épreuves sportives, le Rallye Côte-Côte, ralliant Lomé à Saint-Tropez. C'est une activité qui est uniquement de la passion. Mon métier étant l'immobilier et venant régulièrement au Togo pour l'organisation de ce Rallye, j'ai compris qu'il y avait une bonne opportunité de réaliser une opération immobilière importante et que c'est le moment d'investir au Togo. Je pense que le Togo est aujourd'hui dans une phase de décollage et d'essors importants; j'ai estimé que c'est une opportunité qu'il fallait absolument saisir.
Vous avez dit tout à l'heure que le Togo est dans une phase de décollage et d'essors importants. Que vouliez-vous dire exactement?
Je veux dire que le Togo est un pays qui bénéficie aujourd'hui de beaucoup d'atouts. Certes, il a rencontré quelques problèmes. Aujourd'hui, on peut estimer que les problèmes sont derrière et que l'avenir va être plutôt positif devant. C'est un pays qui est bien organisé et sur lequel il y a une volonté farouche aujourd'hui de sortir du marasme de ces dix ou quinze dernières années. Et si cette énergie est mise à la disposition de l'essor du pays, elle devrait être tout à fait bénéfique.
J'ai conscience que notre projet est un peu emblématique dans la mesure où nous sommes les premiers à réaliser quelque chose d'important depuis longtemps. Nous espérons être rapidement suivis par d'autres entrepreneurs qui auront le courage de faire ce que nous faisons. Et je reste convaincu que si tout le monde se tient les coudes, d'autres projets devraient voir le jour pour un avenir tout à fait prospère et souriant du Togo.
Parlez-nous brièvement de ce projet
Le projet est la réalisation de 150 villas sur un terrain de 10 hectares, proche de l'hôtel Sarakawa sur le Boulevard du Mono. Ces 150 villas seront dans un concept de résidence, c'est-à-dire gardiennées avec des espaces collectifs comme piscines, tennis, restaurations, différents commerces. Nous espérons avoir sur cet ensemble-là une clientèle qui va de la diaspora togolaise qui cherche aujourd'hui à s'installer, à se réinstaller au pays, à des entreprises qui souhaitent loger leurs cadres, à des investisseurs qui veulent réaliser une bonne opération immobilière. Et on pense qu'avec cet ensemble de clientèle prévisionnelle, on devrait relativement vendre aisément nos maisons.
Quel est le temps de réalisation ?
Le timing prévisionnel est de deux ans.
Une idée sur le coût de l'investissement ?
L'investissement global de ce projet devrait être autour de 8 à 9 milliards de francs CFA, une fois que ce sera entièrement terminé.
Les travaux viennent de démarrer ; qui y travaillent ?
Aujourd'hui, le chantier emploie à peu près une trentaine de personnes. Et nos prévisions d'ici le mois de septembre quand le chantier sera vraiment à plat, c'est de dépasser les 300 emplois, essentiellement togolais. De la même façon que nous privilégions aussi les entreprises togolaises pour tous les matériaux dont nous avons besoin. Je crois qu'on va avoir une population de 300 à 350 personnes qui va travailler sur le terrain, partant du manŒuvre au chef chantier et à tous les métiers de corps de bâtiment.
Pensez-vous que vous aurez facilement une clientèle qui réponde à vos attentes ?
Si je pensais autrement, je ne l'aurais pas fait. Je crois qu'il y a effectivement de la clientèle pour ce type de produit. Maintenant, avant d'avoir commencé, il y a toujours une petite incertitude. Mais je pense que, vu l'enthousiasme et les échos que nous pourrons en avoir alors que la commercialisation n'a pas encore commencé, je suis persuadé que nous allons rencontrer un grand succès.
Que vaudra une villa de la Résidence Les Cocotiers ?
Le coût de villa devrait tourner, suivant le type de villa, au tour de 90 et 150 millions.
A la vente. Et à la location ?
Alors, nous avons un principe déjà testé au Sénégal, puisque nous gérons au Sénégal une résidence à peu près similaire de 340 villas. Nous proposons à nos acquéreurs de garder en gestion locative leur maison, s'ils le souhaitent, et de pouvoir proposer donc à la location ces villas soit à des touristes, soit à des entrepreneurs qui souhaitent avoir une maison pour quelques semaines ou quelques mois.
Rencontrez-vous des difficultés sur le terrain ?
On a toujours des difficultés quand on fait un projet de cette nature. Bien évidemment, nous avons eu quelques frictions avec différents services administratifs parce que nous, nous avons un impératif ; c'est d'avancer, de tenir un timing et l'administration a des fois un rythme qui est plus lent que nos objectifs. Mais on peut dire que, globalement, tout se passe bien et que, aujourd'hui, à l'heure que je vous parle tout se déroule vraiment parfaitement bien.
© L'Union du 16 mai 2008