« On peut clairement affirmer aujourd'hui que le premier adversaire de Faure Gnassingbé reste son propre camp politique…et familial ». C'est le journal L'Union qui l'affirme mardi dans un long article consacré à la tentative de coup d'Etat dont le Togo a été victime. L'Union joue la prudence et se méfie des hypocrites : « C'est à se demander si tous ceux qui déclarent actuellement soutenir Faure Gnassingbé dans ces «difficiles épreuves» sont sincères. Est-ce une façon de se dédouaner pour éviter l'interpellation ? Qui sont alors réellement ceux qui ont fait croire à la réussite du coup d'Etat ? », se demande le bi-hebdo.
##S_B##Voici une sélection d'articles publiés par L'Union
Au lendemain de la tentative du coup d'Etat
Faure joue la fermeté
Dans son rôle de garant des institutions de la République, le chef de l'Etat Faure Gnassingbé a, contre toute attente, réagit à la tentative de coup d'Etat par un discours cartésien. Malgré la déception et le poids des événements sur sa personne, il s'est placé au-dessus de la mêlée pour prendre ses responsabilités afin que les cŒurs s'apaisent. Cependant, il ne se dérobe pas des règles républicaines : « la justice s'exerce avec fermeté et sérénité », «Jamais plus la politique ne doit faire couler le sang au Togo », « Aucune menace, aucune pression ne nous détournera de cette tâche » peut-on entendre dans son discours à la Nation le 17avril dernier.
Priorités
La tentative de coup d'Etat fomentée contre le Président de la République et les institutions de la République déjouée le dimanche 12 avril dernier a plongé le pays dans une psychose sans précédent. Pour le commun des Togolais, il s'agit d'une situation qui ramène le Togo au point de départ.
A la situation d'antan avec la perte de confiance de la communauté internationale à notre pays ayant engendré le retrait des bailleurs de fonds avec pour corollaire la privation de l'aide au développement. Le Chef de l'Etat l'a rappelé en ces termes: «Vous ne l'ignorez pas. Le Togo était au banc de la communauté internationale et privé de l'aide au développement à raison d'un déficit démocratique.» a-t-il dit. Pour lui tout coup de force balayerait du revers de la main tous les efforts consentis par le peuple, le gouvernement et lui-même pour ramener le Togo dans le concert des Nations. « Avec le concours actif du gouvernement, une politique résolue de développement de l'Etat de droit et de réinsertion du Togo dans la communauté internationale a été suivie. Les relations avec les bailleurs de fond ont été rétablies et le crédit du Togo restauré. » a-t-il affirmé.
Toutefois, il reconnaît que, malgré l'embelli, le peuple togolais continue par tirer le diable par la queue à cause la crise économique et financière qui secoue le monde entier. Raison pour laquelle le leitmotiv aujourd'hui est le développement du pays pour créer des richesses et permettre à tout un chacun de jouir du sacrifice commun. « Nous devons rattraper les retards accumulés pendant la décennie de rupture de la coopération. » a-t-il recommandé. Pour marteler « Dans ces conditions, les nostalgiques du retour en arrière qui imaginent revenir sur les acquis démocratiques ne doivent pas prospérer. »
La fermeté dans la sérénité
C'est ainsi que, prenant la portée de la situation de tentative de déstabilisation, il a pris des mesures fermes pour que les auteurs soient traduits devant les juridictions compétentes afin d'en être punis conformément aux normes légales. « Voilà pourquoi j'ai pris toutes les mesures pour que la justice s'exerce avec fermeté et sérénité à l'égard des auteurs de ces actes criminels et de leurs complices. La justice suit son cours et les auditions des personnes en cause se déroulent sous la direction d'un juge d'instruction. D'ores et déjà, les dimensions du projet criminel apparaissent dans toute leur ampleur. Un important arsenal a été découvert lors des perquisitions.» approuve-t-il. Ce qui sous tend que les coupables passeront sans ambages devant les tribunaux une fois que leur responsabilités seront établies.
Cette fermeté à l'égard des présumés coupables résonne comme un avertissement aux probables comploteurs contre les institutions de la République. La menace est à peine voilée : «Aucune menace, aucune pression ne nous détournera de cette tache.» Il va s'en dire que le Togo n'a plus besoin de ces situations tragiques à l'heure où il revient de très loin.
La priorité doit être donnée au développement. Nos querelles politiques, nos malentendus, ne devront pas nous écarter de cet objectif noble. Faure Gnassingbé sait que seul, il ne peut rien réussir. C'est pourquoi, il en appelle au concours de ses concitoyens pour réussir son pari « Sachez que c'est avec vous que j'entends poursuivre la mission de rénovation et de modernisation de notre cher pays le Togo. » a-t-il conclu.
L'autre grand défi de Faure Gnassingbé
Combattre les hypocrites du pouvoir
On peut clairement affirmer aujourd'hui que le premier adversaire de Faure Gnassingbé reste son propre camp politique…et familial. En plus des éléments de l'armée qui, constitutionnellement, ne doivent attenter à la vie des institutions légalement établies. Vu la gravité des faits et leur ramification. «…les dimensions du projet criminel apparaissent dans toute leur ampleur», affirmait Faure dans son discours à la Nation le 17 avril 2009.
L'opposition n'est donc pas la première cible à démocratiser ou à transformer. Comme pour dire que feu Gnassingbé Eyadéma avait raison de ne pas trop s'en méfier. Puisqu'on sait de quoi chacun des opposants est capable. La mauvaise piste avait été intentionnellement tracée. Au soir du 12 avril dernier, on peut s'imaginer tout ce qui trottine dans la tête du président de la République. «Vous pouvez imaginer combien la révélation de cette action m'a touché. Profondément attaché aux vertus familiales, je n'avais jamais imaginé qu'une telle fracture pouvait s'ouvrir», larmoyait presque le Chef de l'Etat. La famille peut s'entendre au sens large.
Qu'à cela ne tienne, on ne doit s'étonner que l'ennemi vienne de son propre camp. Les auteurs et complices de l'atteinte à la sûreté de l'Etat ont visiblement pris le temps de s'enraciner. Maîtrisés par la personnalité même de Gnassingbé Eyadéma, ils ont vite fait dire que la nomination de Kpatcha Gnassingbé dans le premier gouvernement Faure était totalement inappropriée. «Le Togo n'étant pas une terre conquise des Gnassingbé». Mieux, il s'agissait d'une étape préparatoire pour que Kpatcha prenne le pouvoir après Faure, avant de le laisser aux autres frères de la famille. Et il a fallu que le premier soit débarqué du gouvernement pour y voir un autre crime de lèse-majesté de Faure Gnassingbé.
D'aucuns ont vu un acte de trahison à l'encontre d'un frère qui a aidé à prendre le pouvoir. Progressivement, ceux qui se sentent abandonnés par Faure ont trouvé leur chef de file, en jouant sur la fibre des «réformes douloureuses» entreprises par le pouvoir actuel. Il s'est jusqu'ici agi de convaincre l'honorable de ce que tout ce qui est fait est dirigé contre lui. Aussi a-t-on brandi le cas des audits publics projetés en ne parlant que des sociétés dans lesquelles le député de la Kozah siège au Conseil d'administration, le projet de refonte des textes relatifs à la zone franche, le statut des forces armées, etc. Au point de le convaincre et le rassurer d'un soutien qui ne fera jamais défaut. Au finish, Kpatcha est convaincu que son frère lui en veut. A juste titre, au lendemain des échanges de tirs en son domicile, il a laissé entendre que des rapports fréquents lui ont faire croire que Faure veut le tuer. Et vice-versa. «Les nostalgiques du retour en arrière qui imaginent revenir sur les acquis démocratiques» se positionnent.
En réalité, l'on jouait aussi sur la générosité de l'autre fils de la Nation. Car il ne fallait pas beaucoup dépenser pour être financièrement gracié. Le problème, c'est qu'il n'est plus aisé de puiser gracieusement dans les caisses de l'Etat, du moins en aval, au détriment de tous les principes des finances publiques. La presse n'a pas tort de révéler l'exigence des formalités à remplir pour le décaissement, même au niveau des ministres. Sans oublier la pile de garde-fous qui se prennent, dont le grand aboutissement sera l'effectivité de la Cour des comptes. «La bonne gouvernance a été posée en règle et la mise en place de la Cour des comptes permettra de s'assurer que les deniers publics sont utilisés dans l'intérêt général», rappelle Faure.
C'est à se demander si tous ceux qui déclarent actuellement soutenir Faure Gnassingbé dans ces «difficiles épreuves» sont sincères. Est-ce une façon de se dédouaner pour éviter l'interpellation ? Qui sont alors réellement ceux qui ont fait croire à la réussite du coup d'Etat ?
Less auteurs d'un coup de force ne pouvaient s'imaginer réussir leur aventure sans aucun soutien au cŒur même du système en place. Tant au sein des civils que des militaires. Et c'est ça la grande équation pour Faure Gnassingbé. A qui finalement faire confiance pour les mois voire années à venir ? Pour l'heure, il veut sortir de cet étau et s'en remettre à Dieu et au peuple, dans sa composante de ceux qui veulent que le pays rayonne par le chemin des réformes. Avec une justice qui s'exerce dans la fermeté.
Réactions
21 détenus visités par la CNDH, la LTDH et le MTDLDH
Dans un cafouillage presque total, lié à l'organisation, les présidents de trois organisations de défense des droits humains ont déroulé à la presse ce qu'elles ont pu voir après avoir visité les personnes détenues dans le cadre de la tentative d'atteinte à la sûreté de l'Etat. Dans un communiqué conjoint, elles ont voulu faire le point sur les conditions de détention et les visites familiales.
Dans le premier cas, «tous les détenus sont apparemment bien portants et déclarent n'avoir été l'objet de mauvais traitements depuis leur interpellation». Plus est, ils disent ne souffrir d'aucune maladie ou de malnutrition. «Toutefois, l'honorable député Kpatcha Gnassingbé a indiqué qu'il était sous surveillance médicale avant son interpellation et que cette surveillance continue avec le médecin de la famille», précise le texte. Même s'il faut s'interroger sur l'usage de l'adverbe qui marque plutôt l'opposition. La Commission nationale des droits de l'homme (CNDH), la Ligue togolaise des droits de l'homme (LTDH) et le Mouvement togolais de défense des libertés et des droits humains (MTDLDH) ont pu écouter un des militaires interpellés reconnaître avoir reçu des soins contre les douleurs du thorax antérieures à son arrestation.
En termes de relation gardée avec la famille, «certains détenus ont déclaré avoir reçu la visite des membres de leur famille. D'autres par contre ont indiqué que depuis leur interpellation aucun membre de leur famille ne leur a rendu visite». Et les défenseurs des droits de l'homme, qui ont opéré la visite avec le Représentant du bureau du Haut commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, disent avoir fait des suggestions aux autorités gouvernementales.
On apprendra que 21 personnes sont visitées, soit 4 civils et 17 militaires, dans des lieux sûrs. Sans pouvoir dire si, jusqu'à la visite, il n'y a que 21 interpellés en tout et pour tout. L'autre anomalie est que, dans ce collège des trois associations, on affirme au même moment détenir et ne pas détenir la liste des personnes visitées. Et ici, les journalistes ont aussi péché en exigeant de prendre ladite liste ou en voulant savoir les lieux de détention. Oubliant qu'ils ne sont pas partie à l'instruction dans cette affaire. Sur le cas de l'autre frère, Essolizam Gnassingbé, les associations disent ne l'avoir pas vu. Mieux, elles ont donné l'impression de n'avoir l'information, pourtant relayée des médias. Officiellement, jusqu'au 17 avril, 5 officiers et plusieurs civils ont été déjà arrêtés dans le cadre de ce complot.
La multiplication par 7 pour le RPT
Parlant d'un «véritable choc» pour le Parti et les paisibles populations, le RPT se désolidarise de l'idée de son membre du bureau politique. La déclaration lue par son secrétaire général, Solitoki Esso, porte sur sept points.
1-Le Rassemblement du Peuple Togolais condamne avec la plus grande fermeté cette tentative de déstabilisation des institutions de la République et de mise en péril de la stabilité sociopolitique de notre pays.
2-Le Rassemblement du Peuple Togolais soutient le chef de l'Etat dans cette épreuve difficile et l'encourage à poursuivre avec détermination les réformes nécessaires à la consolidation de la démocratie et de l'Etat de droit, à l'aboutissement du processus de réconciliation nationale ainsi qu'à l'amélioration progressive des conditions de vie et de travail des populations.
3-Le Rassemblement du Peuple Togolais félicite et remercie les forces de sécurité pour la vigilance dont elles font toujours preuve. Elles ont déjoué une fois encore un vaste complot contre la sûreté de l'Etat, démontrant ainsi leur remarquable unité autour du Président de la République, Chef suprême des Armées et leur détermination à défendre et à préserver les institutions de la République.
4-Le Rassemblement du Peuple Togolais exhorte le gouvernement à garder le cap de la mise en Œuvre de son programme de développement pour le mieux-être des populations et à traduire dans les faits la vision du Président de la République, Son Excellence Faure Essozimna Gnassingbé, de faire du Togo un pays démocratique, moderne et innovant.
5-Le Rassemblement du Peuple Togolais salue la qualité des relations de coopération qui existent entre le Togo et les pays amis qui ont manifesté leur solidarité lors de ces moments difficiles.
6-Le Rassemblement du Peuple Togolais invite les militantes et militants, sympathisantes et sympathisants, en ces moments d'émotions à faire preuve de sérénité, de courage et de responsabilité pour préserver l'unité du Parti et consolider la cohésion qui a toujours fait la fierté, l'honneur et la grandeur du RPT.
7-Le Rassemblement du Peuple Togolais appelle chaque citoyen à la vigilance afin d'aider à démasquer et à démanteler tous les réseaux de malfaiteurs et d'ennemis de la nation qui veulent embraser notre pays qui n'a que trop souffert de l'égoïsme des uns et des autres.
Le CAR ne veut pas voir d'incidence
Le parti de Dodji Apévon marque son inquiétude et met vite le câble sur la présidentielle de 2010. «Kpatcha est un député et si, en ce sens, son jugement ne se fait pas selon les règles prévues, cela va poser problème. Pour l'avenir, on aura la crainte permanente qu'un citoyen soit arrêté sans le respect des règles de l'art. Cette arrestation, si les gens veulent être de bonne foi, ne doit pas avoir des incidences sur le dialogue en cours au sein du CPDC. C'est pourquoi nous mettons en garde tous ceux qui tenteront par la voie de la force pour régler les problèmes et pour nous conduire aux élections», fait comprendre la cellule de communication du parti.
L'UFC en appelle à la sérénité
L'Union des forces de changement ne veut certainement pas en faire une affaire publique qui puisse paralyser la vie politique. «Nous ne voudrions pas que les problèmes qui se passent entre les frères atteignent la Nation toute entière, car nous sommes en train de régler un problème et nous disons qu'il faut que chacun retrouve sa sérénité pour qu'on puisse organiser, pour une fois au Togo, une bonne élection présidentielle sans heurts où le vainqueur regardera de face le vaincu sans lui chercher la petite bête. Ressaisissons-nous pour bien organiser ces élections dans la sérénité, dans la fraternité afin que le Togo se développe», explique Patrick Lawson.
Le Gerddes-Afrique privilégie l'Etat de droit
L'organisation exprime sa profonde consternation dans un communiqué délivré à Cotonou le 17 avril 2009. «Bien que le complot et autres atteintes à la sécurité de l'Etat soient des crimes assez graves qui requièrent des mesures exceptionnelles, il ne nous paraît pas excessif de rappeler aux autorités togolaises qu'elles ne doivent pas se départir des règles de l'Etat de droit où force doit rester à la loi, dans la gestion de toute crise. Il reste impérieux de respecter les dispositions de la Constitution sur les immunités et autres privilèges accorder aux élus de la Nation ; de même les enquêtes judiciaires ne doivent pas être militarisées ou sortir du cadre stricte des dispositions du Code pénal», rappelle-t-on. Et de dire que si tel n'est déjà pas le cas pour les membres de la famille présidentielle, l'élite politique et les citoyens ordinaires du Togo, ne peuvent nullement se sentir en sécurité. Avant d'espérer ne pas voir «une instrumentalisation de l'appareil judiciaire pour atteindre des objectifs inavouables électoraux ou successoraux».
Enquête
Le logement à Lomé, un bien rare
Comme la plupart des capitales africaines, Lomé est aussi confrontée aux conséquences de l'exode rural. Le logement qui est l'un des besoins vitaux de l'homme y fait énormément défaut et coûte les yeux de la tête. Au centre ville comme dans les banlieues le constat est le même : des maisons disponibles avec des structures sanitaires désuètes ou des logements décents mais onéreux.
Les prix des chambres sont fixés selon le quartier ou par rapport à l'emplacement des entreprises, des administrations, des grands marchés, des lycées ou des universités.
L'ouverture par exemple cette année académique de l'Université catholique de l'Afrique de l'ouest (Ucao) à Zanguéra, une localité, située à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Lomé, a fait monter d'un cran le loyer dans cette zone. Vu le besoin accru des étudiants de pallier aux frais de déplacement trop élevés par un logement proche de leur établissement, du coup, spéculation oblige, une chambre électrifiée revient au moins à 15000Fcfa aux apprenants, à cet endroit où elle valait à peine 5000fcfa un an auparavant. Pour les étudiants, nonobstant la cherté du logement, rester à Zanguéra leur est bénéfique comparée au déplacement. « Je quittais Baguida chaque matin pour l'université, je dépensais 3000Fcfa par jour. Au bout de quelques semaines mes parents n'arrivaient plus à supporter les frais. Ma camarade et moi avons trouvé une chambre à 15000fcfa près de l'université. Je paie donc 7500fcfa de loyer contre 75000fcfa de frais de déplacement», affirme Nadège étudiante en première année de technologies appliquées à l'ucao.
Une chambre électrifiée dans les quartiers Nyékonakpoè ou Cassablanca est au moins à 10.000fcfa, ce qui n'est pas très abordable pour une importante partie des travailleurs qui touchent parfois des salaires à peine au dessus du Smig mais sont tout de même obligés de s'installer dans la capitale. Exemple : quatre jeunes hommes qui ont trouvé un emploi à l'usine de fabrication de mèches Nina, ont du s'associer pour prendre en location une chambre non électrifiée à 10.000Fcfa à Gbadago, afin d'être plus proche de leur lieu de travail et économiser une partie de leur revenu.
D'un autre côté, c'est Charles, enseignant dans une école privée de la place qui se plaint de l'augmentation chaque année du prix de sa chambre, qui selon le propriétaire est due à la cherté des matériaux de construction. «En 1999, la chambre m'a été cédée à 5000Fcfa. Et de 2002 à ce jour, elle est à 10.000F Cfa. Ce qui me parait incompréhensible c'est le fait de vouloir se baser sur les coûts actuels des matériaux de construction pour fixer les loyers d'une maison construite dans les années 1960. C'est de la pure escroquerie», renchérit-il très consterné.
« En 1978, la villa que j'avais loué dans le quartier Tokoin-Hôpital me revenait à 13000Fcfa le mois, aujourd'hui elle coûte 120.000fcfa. Je trouve quand même exagéré qu'une maison puisse valoir dix fois son prix en 30 ans», nous raconte le vieux Attigah Lassey, qui vit actuellement dans la maison familiale à Bè Kpota, l'air pessimiste.
Un logement cher ne garantit toutefois pas des infrastructures adéquates. Les locataires sont souvent confrontés aux dures réalités des inondations pendant les saisons pluvieuses où ils ont à leur disposition des structures sanitaires laissant à désirer. «Les saisons pluvieuses ont toujours été un calvaire pour nous dans cette maison. Elle est inondée et le propriétaire refuse d'entreprendre les mesures pouvant résoudre ce problème. Nous avons essayé de chercher un logement ailleurs mais jusqu'à présent nous n'avons eu aucune réponse », a affirmé Mme Deh Akou, que nous avons surpris en train de libérer son salon des eaux de la dernière pluie dans le quartier Avé maria à la frontière du Ghana.
Si certaines personnes s'estiment victimes de cette crise de logement, elle profite à d'autres par contre : les démarcheurs et les propriétaires.
Crise de logement, source de revenu
Lomé ne dispose pas d'agence immobilière. Ceux qui exercent dans le domaine sont en fait des placiers qui perçoivent des commissions sur les contrats de location. On les appelle communément des démarcheurs. C'est un type de métier, palliatif au chômage, qui est apparu à la faveur de la crise économique et de l'emploi. Ils résolvent un tant soit peu le désordre qui règne dans le secteur du logement. Leur activité est en plein boom, à la faveur de la crise du logement.
Les démarcheurs eux considèrent cette période comme celle de la vache grasse, où il faut profiter du maximum possible et réinvestir dans d'autres affaires. «Pour vivre décemment de notre métier, il suffit d'être honnête avec les clients et avoir de bonnes propositions sous la main », selon M. Koffi, démarcheur à Cacavéli. Et, poursuit-il « les Togolais pensent que nous les arnaquons en augmentant les prix ou encore que nous préférons les étrangers à eux. Mais ceci est totalement faux. Nous ne faisons qu'appliquer la loi du marché : satisfaire le plus offrant ».
«La demande est souvent supérieure à l'offre, parce que la population loméenne augmente au fil des jours. Les Nigérians par exemple si vous leur proposez une maison à 100.000Fcfa, ils n'hésitent pas à la louer mais les Togolais n'oseront pas s'aventurer sur ce terrain et ça ne nous arrange pas », déclare Mme Dossavi Fidé, démarcheur à Hanoukopé.
Tant le prix de la chambre ou du terrain est élevé, tant la commission est aussi considérable. Pour exemple la dame sus citée affirme avoir vendu un terrain à 10 million fcfa un terrain à Adidogomé non loin du bar Madibar, selon la règle, elle a 10% de cette somme soit 1million fcfa. Ils souhaitent également que les demandes soient des appartements ou des villas ou encore des terrains situés dans les quartiers du centre ville et qui remplissent les normes de salubrité.
M. John, démarcheur de son état, depuis les années 90, déclare tout optimiste qu'il n'y a pas de sot métier. « J'ai pu grâce à ce métier de démarcheur investir dans la vente du ciment ce qui m'a permis d'assurer la scolarité de mes deux enfants et de construire ma propre maison dont j'ai mis une partie en location », renchérit-il.
Les propriétaires de maison rejettent toute responsabilité liée à cette crise de logement et se désolent de cette situation de vie chère qui les contraint à augmenté les prix de leurs maisons. « Les togolais préfèrent habiter dans des maisons à cour unique avec les toilettes incorporés. Pour construire un appartement de deux chambres salons plus cuisine et toilette maintenant tu es obligé de dépenser au moins 6 millions de Fcfa. Il faut amortir ces frais de construction dans les plus brefs délais, alors c'est tout à fait raisonnable que cet appartement soit à 40.000 ou 50.000 FCfa le mois », nous a expliqué M. J. P. propriétaire de maisons.
Véritable problème de société, la crise de logement est à l'origine de la création de bidonvilles à divers endroits de Lomé, d'où la nécessité d'une de la création d'une police de règlementation des prix du loyer et la mise en exécution du projet d'habitat pour tous.
Verbatim
Droit de savoir
Beaucoup de douleurs traversent aujourd'hui le cŒur des Togolais depuis l'annonce d'une présumée tentative d'atteinte à la sûreté de l'Etat. Que l'on soit de la gauche ou de la droite, du Nord ou du Sud, tout le monde est affecté, à de degré différent certes. Mais, l'émotion est visible partout. La psychose généralisée ne dépend pas de l'appartenance politique. C'est surtout la régression, le retour à la case départ qui inquiète les populations. Malheureusement, au lieu que toutes les forces vives de la Nation se lèvent comme un seul individu pour dire non à ce comportement rétrograde qui dévie le pays de la voie du développement, certains, préférant se faire une santé politique, rajoutent de l'huile au feu.
Dans un communiqué rendu public au lendemain de l'interpellation du député Kpatcha Gnassingbé Patrick Lawson de l'Union des Forces du Changement (Ufc) a condamné la méthode utilisée par les forces de sécurité. Répondant au Procureur Général qui a estimé avoir ordonné l'action contre les proches de l'honorable, il déclare qu'" aucune disposition légale ne permet aux forces de sécurité de se présenter au domicile d'un citoyen à 22 heures, pour l'interroger. Il est inconcevable que le Procureur prétende faire interpeller des personnes de l'entourage du député Kpatcha Gnassingbé au domicile de ce dernier en y envoyant la gendarmerie à une heure aussi tardive." Cette réaction ne reflète pas du tout la réalité des lois juridiques en vigueur dans notre pays. Lorsque les infractions concernent des cas de sécurité d'Etat comme l'atteinte à la sûreté de l'Etat, le trafic de drogues et stupéfiants, le proxénétisme et autres, le juge est en droit de délivrer un mandat d'arrêt ou une interpellation à n'importe quel moment. C'est aussi la règle d'exception dans les poursuites judiciaires applicables à tout citoyen député soit-il.
Nous comprenons que par solidarité à un collègue député, l'on soit amené à réagir suite à son interpellation. Le bon sens voudrait qu'on en appelle à un calme afin que la situation ne dégénère point. Cependant, il n'est pas du tout acceptable qu'on laisse de côté les dispositions légales pour s'adonner à un raisonnement de politicien. Ce comportement conduit à abrutir davantage les populations qui doivent jouir également de leur droit de savoir.
© L'Union du 21 avril 2009