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Syndicats, prison et Avlessi en vedettes

La grève a été évitée grâce à la « franchise des discussions » entre l'Intersyndicale des travailleurs du togo (ISTT) et le président Faure. C'est ce que rapporte vendredi l'hebdomaire L'Union. Les syndicats espèrent maintenant que les promesses seront tenues. Au sommaire également cette semaine un article sur la situation des prisons au Togo évoquée à Genève cette semaine lors du Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies.

Des améliorations ont été observées a constaté le rapporteur, Manfred Nowak, qui s'est publiquement félicité de la coopération du gouvernement togolais. L'Union propose enfin une revue de presse largement consacrée à la réhabilitation de Tata Avlessi, l'ancien président de la Fédération togolaise de foot, totalement innoncenté par le tribunal arbitral du sport des accusations de corruption. Voici une sélection d'articles publiés par L'Union

Revendications sociales : Faure Gnassingbé écoute les syndicats

«Nous avons insisté sur la nécessité absolue pour nous de rencontrer le chef de l'Etat. Et, pour nous, tant que nous n'avons pas vu le chef de l'Etat, nous n'avons pas conclu à la rencontre qui s'est développée», dixit le porte-parole de l'ISTT, Norbert Gbikpi-Bénissan dans une interview accordée à L'Union (n°116 du 7 mars 2008).

C'est un appel sans détours lancé au président Faure Gnassingbé par l'Intersyndicale des travailleurs du Togo (ISTT) à l'issue de la rencontre de haut niveau avec les émissaires du locataire de la présidence.

Une urgence puisque le débrayage devenait menaçant. «Ce que nous pouvons dire, c'est que lorsque les revendications sont extrêmement pressantes, que la dégradation du pouvoir d'achat et des salaires est considérable et que nous sommes dans une situation de grogne sociale, la grève par exemple couve en permanence, mais aussi tout l'éventail des recours légaux qui sont à la disposition des syndicats pour obtenir gain de cause», précisait le responsable de l'ISTT.

Enfin, le tête-à-tête !

En début de semaine, Faure Gnassingbé a finalement reçu au palais de la présidence la délégation de l'Intersyndicale. Si sur-le-champ, l'on s'est contenté de déclarer que les discussions ont été franches et directes avec des réponses non sans difficultés du patron de l'exécutif togolais, tout a été dévoilé lors de l'Assemblée générale de restitution des représentants des travailleurs.

Norbert Gbikpi-Bénissan rapporte les décisions du chef de l'Etat : «ce qui est proposé et dont nous souhaitons malgré tout l'accélération, c'est que de la fin mars jusque dans le courant du mois d'avril un arriéré sera payé : l'arriéré qui reste pour les fonctionnaires, un arriéré sur les deux pour les retraités et un arriéré pour d'autres catégories. Nous avons insisté également sur la question des arriérés des allocations familiales et le gouvernement doit avancer là-dessus». Et pour un responsable syndical, c'est la raison de rencontrer directement celui qui décide sans crainte de devoir rendre des comptes. En clair, cet acquis devrait être arraché depuis longtemps si les précédents interlocuteurs avaient la possibilité d'en décider en salle face aux pressions syndicales. Ce qui ne cache pas que l'exécutif n'a jamais fléchi.

Les précédents acquis

«Concernant la cherté de la vie et cette flambée des prix, des mesures sont d'ores et déjà prises par le gouvernement pour essayer d'endiguer cette flambée. L'appel que nous lançons, c'est celui de la mobilisation. Nous continuons les négociations pour qu'il y ait une amélioration dans le temps présent», reconnaît l'ISTT au cours de son Assemblée générale.

Ce que ne manquait pas de soulever déjà l'Association togolaise des consommateurs dans un précédent constat. Face à la cherté de la vie, le gouvernement a décidé de faire sortir le maïs de l'OSAT qui est subventionné en grande quantité pour influencer les prix du maïs. Au niveau de la farine de blé, la société des Grands Moulins du Togo devait revenir à l'ancien prix d'avant la hausse du 1er janvier 2007. Ce qui doit agir sur le prix des dérivés du blé, surtout le pain. Le gouvernement a bloqué la hausse du prix du carburant parce que le carburant a été revu à la hausse depuis le 1er février 2008 (il a atteint hier la barre de 110 dollars le baril) : le prix à la pompe devrait passé jusqu'à 595 FCFA. Mais, compte tenu de la dénonciation faite sur la flambée des prix, ces prix ont été bloqués dans les tiroirs du gouvernement qui a déboursé 4,800 milliards pour subventionner le carburant.

Une compensation que l'Etat doit reverser aux pétroliers. Et les prix des produits de la Brasserie du Bénin, qui devaient augmenter à partir du 1er janvier 2008 de 25 F à 50 F sur certaines boissons, ont été aussi bloqués. Même si l'ATC crie ne pas en constater l'effectivité des mesures prises, en appelant à une marche pacifique demain. A l'issue du Dialogue social, il avait été convenu de maîtriser les dépenses publiques de l'Etat, en déterminant des quotas sur le téléphone, l'électricité et l'eau…

Des mesures aussitôt appliquées.

Pour l'heure, l'ISTT veut croire. «Pour être objectif, on ne peut pas dire que toutes les démarches aient été sans issue. Ce qui est certain, nous sommes au niveau des syndicats en train de créer un rapport de force pour qu'on puisse avancer sur les revendications des travailleurs», martèle le porte-parole Norbert Gbikpi-Bénissan.

Pas de grève programmée

L'idée a été débattue par la base de l'Intersyndicale le mardi dernier, mais face à la franchise des discussions sous le seau des difficultés actuelles de l'Etat à tout satisfaire, rien n'est retenu en ce sens. Car, dit-on, on continue de croire à la bonne foi des autorités qui ne se privent d'ouvrir les débats.

Et c'est ici que l'ISTT condamne le gouvernement de ne pas souvent communiquer les efforts qui sont faits par moment. Histoire de démystifier la reprise de la coopération : les rapports internationales sont telles que, avant d'aider à nouveau le Togo, les partenaires réclament leurs vieilles dettes ou statuent d'abord sur le sort de celles-ci. Il faut attendre des années pour voir la couleur de tous ces milliards de francs CFA dans les conventions signées ici et là.

D'ores et déjà, les responsables syndicaux ne veulent point tomber dans le jeu d'une presse sensationnelle qui les traite de «vendus» et de «complices du pouvoir». Mieux, personne ne pourra récupérer le mouvement social pour sa propre cause. Rien que des pics de bonne guère, ironise-t-on.

Rappelons que le protocole d'accord du Dialogue social signé le 11 mai 2006 comporte 125 engagements dont certains devaient être mis en oeuvre dans la première année –jusqu'au 10 mai 2007– ; par exemple réviser les textes de la Zone franche pour les mettre en phase avec les principes des droits fondamentaux au travail, tenir les états généraux de la santé, réhabiliter les structures sanitaires, éponger les arriérés de salaire et de pension. Dans une récente position, les syndicats soutiennent que le retard dans l'exécution des engagements se répercute sur l'ensemble du système ; ce qui fait que le protocole d'accord est obsolète par rapport à une certaine situation du travailleur.

Dispositif commun contre les blanchiments

Le Togo déjà aux pas !

Le phénomène de blanchiment de capitaux inquiète nombre d'Etats, notamment ceux de l'Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA). Il fait par conséquent l'objet d'une mobilisation sans précédent de la communauté internationale et d'une prise de conscience des menaces graves qu'il engendre, soulignait le 18 juin 2007 un rapport de l'Assemblée nationale togolaise.

Réunis en atelier de validation cette semaine à Lomé, les experts en matière financière et juridique des pays de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'ouest (BCEAO) ont adopté un avant-projet de loi relatif à la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, face à la montée de la criminalité financière transfrontalière.

L'objectif est de concevoir conformément aux dispositions du Traité de l'Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) un dispositif commun de lutte contre ces fléaux et de tout faire pour que les pays puissent le ratifier par une loi interne.

Le Togo est en avance en adoptant en 2007 la loi sur le blanchiment des capitaux. Le parlement togolais, sous l'impulsion du gouvernement, a adopté le 20 juin dernier un texte –en six titres et 77 articles–, avec pour objectif notamment de prévenir et de détecter le blanchiment de capitaux aux fins de le réprimer. Cette démarche répond d'une directive de l'UEMOA. Le texte adopté par les parlementaires définit le blanchiment de capitaux comme «l'acquisition, la détention ou l'utilisation de biens dont l'auteur sait, au moment de la réception desdits biens, qu'ils proviennent d'un crime ou d'un délit ou d'une participation à ce crime ou délit» (Art.2). Il précise, pour confirmer l'extraterritorialité de la lutte : «Il y a blanchiment de capitaux, même si les faits qui sont à l'origine de l'acquisition, de la détention et du transfert des biens à blanchir, sont commis sur le territoire d'un autre Etat membre ou sur celui d'un Etat tiers». Ainsi, dans cette démarche, les yeux des contrôleurs seront particulièrement rivés, par exemple, sur «tout paiement en espèces ou par titre au porteur d'une somme d'argent effectué dans des conditions normales, dont le montant unitaire ou total est égal ou supérieur à cinquante millions (50.000.000) de francs Cfa». Ou «toute opération portant sur une somme égale ou supérieure à dix millions (10.000.000) de francs Cfa, effectués dans les conditions inhabituelles de complexité et/ou ne paraissant pas avoir de justification économique ou d'objet licite» (Art. 10).

Lorsque les opérations mettent en évidence des faits susceptibles de constituer un blanchiment de capitaux, la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF) transmet un rapport sur ces faits au Procureur de la République, qui saisit immédiatement le juge d'instruction. Celui-ci peut prescrire des mesures conservatoires, en ordonnant notamment la saisie ou la confiscation des biens en relation avec l'infraction, objet de l'enquête et tous les éléments de nature à permettre de les identifier… Ainsi que le gel des sommes d'argent et opérations financières portant sur lesdits biens.

Tout compte fait, les personnes physiques coupables d'une infraction de blanchiment de capitaux sont punies d'un emprisonnement de trois (3) à sept (7) ans et d'une amende égale au triple de la valeur des biens ou des fonds sur lesquels ont porté les opérations de blanchiment. L'entente ou la participation à une association en vue de la commission d'un fait constitutif de blanchiment de capitaux, l'association pour commettre ledit fait, l'aide, l'incitation ou le conseil à une personne physique ou morale, en vue de l'exécuter ou d'en faciliter l'exécution sont punies des mêmes peines . Les cas de récidive ou de répétition de l'infraction sont sanctionnés du double de ces peines.

Depuis 2001, la question du terrorisme est devenue centrale pour la communauté internationale avec les attentats contre les USA.

Consultations Vérité et réconciliation

A tout seigneur, tout Ige

Prévues pour être lancées le lundi dernier, les consultations en vue de la mise en place de la Commission Vérité et Réconciliation ont été reportées à la dernière minute par un communiqué de presse de la présidence de la République. Après un premier report il y a quelques jours. Officiellement, pas grand-chose ne s'est dit des deux reports de ces assises.

Initiées par le Haut commissariat des Nations unies aux Droits de l'homme (HCDH) grâce à l'appui financier de certains partenaires tels que l'Union européenne et l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), ces consultations nationales permettront de recueillir les opinions des Togolais sur la nature et les prérogatives de cette nouvelle structure conformément à l'Accord politique global (APG) signé le 20 août 2006 à Lomé par les principaux acteurs politiques togolais.

A tout seigneur…

D'après certaines indiscrétions officielles, les autorités togolaises voudraient bien permettre à la délégation du Haut commissariat aux droits de l'homme (HCDH) d'achever sa mission au Togo. Par délégation du HCDH, il faut entendre Mme Olatokumbo Igo, responsable du bureau au Togo. La dame y a cru, et s'est si investie à l'établissement d'un climat de paix et de réconciliation au Togo. Il n'y a pas de jour qu'elle ne se transporte dans un quartier de Lomé, ou dans une région du pays, pour la cause de la paix et de la réconciliation. Tous les secteurs ont été explorés : la presse, les syndicats, les femmes, les transporteurs routiers, les sportifs, les écoliers… Au point qu'il paraît malséant de lui rafler la conduite des consultations devant aboutir à la Commission Vérité et Réconciliation.

Etant arrivée au terme de son mandat, Mme Igé devra être remplacée incessamment à son poste à Lomé. A cet effet, a-t-on appris, le Togo pourrait, de manière diplomatique, intervenir auprès du siège du HCDH à Genève dans les tous prochains jours par une délégation de très haut niveau. Afin de plaider pour une rallonge – ne serait-ce que le temps des consultations – du mandant de Mme Olatokumbo Igé. Soit. Vivement que le bureau du HCDH à Genève comprenne simplement que c'est pour la bonne cause du Togo.

Revue de presse

POLITIQUE : LA DECHIRURE

«Les réponses du CAR et de l'UFC sur le statut de l'opposition». Le journal privé Le Regard reprend ainsi les lettres retour des deux partis de l'opposition à l'invitation du ministre Pascal Bodjona à faire des suggestions et propositions pour le statut de l'opposition en gestation. Le CAR et l'UFC n'ont pas la même position, écrit l'hebdomadaire.

Le premier estime que «dans l'immédiat, le CAR considère que les différentes composantes de la classe politique doivent conjuguer leurs énergies dans le cadre d'un régime de cogestion». Ce qui semble prioritaire est de prendre des dispositions pratiques pour que les partis politiques, qu'ils soient au pouvoir ou dans l'opposition, aient les mêmes droits et devoirs (…) L'idée d'un chef ou porte-parole de l'opposition ne se conçoit pas dans le contexte d'un système politique non bipartite où chaque parti d'opposition a ses pratiques et valeurs de référence. Ce qui tranche avec la position de l'UFC qui donne des définitions qui battent en brèche l'idée de cogestion défendue par le CAR. Pour l'UFC, le chef de l'opposition est le leader du parti de l'opposition qui dispose du plus grand nombre de sièges à l'Assemblée Nationale.

Ce que Forum de la Semaine caricature par son titre : «l'UFC et le CAR, chien et chat». Et pour preuve : la proposition de dialogue exclusif faite par Gilchrist Olympio a été vécue au CAR comme une provocation et son leader a promptement réagi. Le CAR et l'UFC ne se sont pas retenus d'étaler ces divergences de vues devant le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steimeier entre-temps en visite au Togo. Et dans les réponses au projet de statut de l'opposition, les positions ont été une fois de plus tranchées.

Conclusion : «la guéguerre entre l'UFC et le CAR, un frein à l'alternance démocratique au Togo», fait remarquer Le Correcteur.

FOOTBALL : L'UNANIMITE

Elle est aujourd'hui observée par la presse privée jadis divisée par les interprétations. Même si les pics continuent. «La vérité a éclaté : Tata Avlessi totalement blanchi dans l'affaire de corruption d'arbitres», consacre Liberté tri hebdo tout en soulignant que la CAF est condamnée à payer 8 millions de FCFA à Tata. «Le TAS blanchit Tata Avlessi / La CAF condamnée à lui verser 20.000 francs suisses à titre de dommages et intérêts», clame le satirique Le Magnan Libéré. «L'affaire de corruption d'arbitre est close : Tata Avlessi entièrement blanchi par le TAS», écrit Le Perroquet qui croit savoir que «le faux document qui réhabilite Gabriel au centre des débats à Zurich».

Ici, on publie intégralement la décision du Tribunal arbitral de sport. Là, on y va de son commentaire. Pour sa part, le bihebdomadaire Forum de la Semaine se projette dans l'après verdict et place «Tata Avlessi entre partir et rester à la tête de la FTF». Mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, la réhabilitation et l'annulation de la suspension à vie de Tata Avlessi, si elles lui permettent de renouer avec le football, elles lui imposent également un choix à faire : rejoindre le bureau réhabilité et reprendre sa place de président ou démissionner carrément, écrit le journal.

© L'Union du 14 mars 2008

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