Région & Afrique

De Conakry à Bangui, des scrutins peu disputés

La Guinée et la République centrafricaine organisent dimanche des élections présidentielles décisives, dans des contextes politiques marqués par la concentration du pouvoir, des réformes constitutionnelles controversées et de fortes attentes autour de la stabilité et des ressources naturelles.

Des partisans du dirigeant guinéen et candidat à l’élection présidentielle Mamadi Doumbouya © Mena Today/Reuters/ Souleymane Camara

La Guinée et la République centrafricaine organisent dimanche des élections présidentielles décisives, dans des contextes politiques marqués par la concentration du pouvoir, des réformes constitutionnelles controversées et de fortes attentes autour de la stabilité et des ressources naturelles.

En Guinée, le scrutin devrait confirmer la victoire de Mamady Doumbouya, arrivé au pouvoir à la suite du coup d’État de 2021. Le chef de la transition, ancien commandant des forces spéciales, brigue un mandat présidentiel de sept ans, dans une élection où il affronte huit autres candidats sans figure majeure de l’opposition.

Les deux poids lourds de la vie politique guinéenne, l’ancien président Alpha Condé et l’opposant historique Cellou Dalein Diallo, vivent toujours en exil. Leur absence contribue à un paysage électoral fragmenté et peu compétitif.

Le vote intervient après l’adoption, en septembre, d’une nouvelle Constitution supprimant l’interdiction faite aux membres de la junte de se présenter à une élection. Le texte prolonge aussi la durée du mandat présidentiel et crée un Sénat, des changements approuvés massivement lors du référendum, selon les autorités.

Riche en ressources minières, la Guinée détient les plus grandes réserves mondiales de bauxite et l’un des plus importants gisements de fer inexploités au monde, à Simandou. Doumbouya revendique un rôle central dans le lancement officiel du projet, longtemps bloqué, et dans une politique de « nationalisme des ressources » qui a renforcé sa popularité, notamment chez les jeunes, dans un pays où l’âge médian est d’environ 19 ans.

Les organisations de la société civile et l’ONU dénoncent toutefois un climat politique verrouillé, marqué par l’interdiction de manifestations, des restrictions visant la presse et des pressions sur l’opposition, autant de facteurs susceptibles de fragiliser la crédibilité du scrutin.

En Centrafrique, le président Faustin-Archange Touadéra, 68 ans, se présente pour un troisième mandat après une réforme constitutionnelle adoptée en 2023, qui a supprimé la limite de deux mandats. Cette révision a suscité de vives critiques de l’opposition, qui accuse le chef de l’État de vouloir s’installer durablement au pouvoir.

Touadéra met en avant une amélioration relative de la sécurité, obtenue avec l’appui de mercenaires russes, notamment ceux du groupe Wagner, et de soldats rwandais. En échange, la Russie a renforcé son influence dans le pays, obtenant un accès privilégié à des ressources stratégiques comme l’or et les diamants, tandis que Bangui propose aussi des opportunités autour du lithium et de l’uranium.

L’opposition aligne six candidats, dont deux anciens Premiers ministres, Anicet-Georges Dologuélé et Henri-Marie Dondra. Tous deux ont failli être exclus de la course pour des questions de nationalité, avant d’être finalement maintenus sur les listes. Les observateurs estiment néanmoins que Touadéra reste le favori, grâce à son contrôle des institutions et à des moyens financiers supérieurs.

Au-delà de la présidentielle, les Centrafricains votent aussi pour des élections législatives, régionales et municipales. Les résultats provisoires sont attendus début janvier. Plusieurs cabinets de risque préviennent que des contestations post-électorales sont possibles, même si un déroulement calme du vote pourrait renforcer le discours du pouvoir sur le retour progressif de la stabilité dans ce pays longtemps miné par les conflits.

Dans les deux États, ces scrutins sont perçus comme des tests majeurs pour l’avenir démocratique, mais aussi pour la gestion de ressources naturelles convoitées et les équilibres géopolitiques en Afrique de l’Ouest et centrale, souligne dimanche Mena Today.

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