Le Togo a annoncé lundi avoir renforcé les contrôles sanitaires au port de Lomé (PAL), à l'aéroport de la capitale et aux frontières terrestres ; « de simples mesures de précaution », indique-t-on au ministère de la Santé face au virus de la grippe porcine, qui aurait fait plus de cent morts au Mexique et qui est arrivé en Europe avec un cas confirmé lundi en Espagne.
Au Mexique, foyer de l'épidémie, le virus a causé 20 décès avérés, mais le ministre de la Santé mexicain a évoqué un bilan "probable" de 103 morts. Un total de 20 cas de grippe porcine ont été décelés aux Etats-Unis, qui avaient déclaré dimanche "l'état d'urgence sanitaire", et 6 cas au Canada.
En Europe, la vigilance est de mise dans nombre de pays.
Une course de vitesse est engagée sur le terrain scientifique et épidémiologique pour comprendre la grippe porcine nord-américaine qui menace d'évoluer en pandémie humaine.
La fabrication d'un vaccin adapté à la souche de grippe porcine A/H1N1, véritable cocktail inédit de virus aviaire, humain et porcin, demanderait "entre 3 et 4 mois", a estimé le professeur Bruno Lina, virologue français spécialiste de la grippe.
"En théorie, dans le 4e mois suivant la communication de la souche on pourrait avoir les premières doses", indique Pascal Barollier porte-parole de Sanofi-Pasteur (division vaccins du groupe Sanofi-Aventis). "Un délai à confirmer en fonction des caractéristiques de cette souche : si elle pousse bien en laboratoire notamment", nuance-t-il.
"Pour l'heure, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) n'a pas demandé d'en fabriquer", précise-t-il. Ce que confirme le Suisse Novartis "en contact avec l'OMS".
Les symptômes sont similaires à ceux de la grippe saisonnière : fièvre, maux de tête, courbatures. "La contagiosité serait maximum au pic des signes, au moment où la personne se sent le plus mal", relève le Dr Isabelle Bomarin de l'InVS (institut français de veille sanitaire).
Le virus responsable des cas humains récents de grippe porcine aux Etats-Unis est sensible à deux anti-viraux, l'oselatmivir (commercialisé par le laboratoire Roche sous le nom de Tamiflu) et le zanamivir (nom commercial : Relenza produit par le laboratoire britannique GlaxoSmithKline - GSK) qui se prend sous forme de poudre à inhaler.
Le virus est en revanche résistant à deux antiviraux plus anciens, l'amantadine et la rimantadine, selon l'OMS.
Faute d'information suffisante pour recommander un usage de ces antiviraux pour la grippe porcine, il revient aux cliniciens de décider au cas par cas et en tenant compte du rapport bénéfice/risque pour le patient, d'après le site de l'OMS.
Pour être efficace, le Tamiflu doit être pris au plus tard 48 heures après l'apparition des premiers symptômes, selon Roche. Le médicament bloque la multiplication du virus dans l'organisme infecté.
Pour Sylvie van der Werf de l'Institut Pasteur, "le virus qui circule au Mexique et aux Etats-Unis est une combinaison inédite qui n'avait jamais été observée".
"Ce n'est pas le fait que le virus comporte des éléments tripartites (humain, aviaire, porcin) qui est inédit, mais la combinaison" qui en résulte, précise cette spécialiste.
"C'est un virus nouveau contre lequel l'ensemble de l'humanité n'a pas d'immunité", souligne-t-elle.
"Le vaccin humain contre la grippe saisonnière n'a aucune raison a priori d'être efficace significativement, car les virus sont trop différents", ajoute le Pr van der Werf.
Toutefois, "la vaccination contre la grippe saisonnière dans les pays qui entrent dans l'hiver (Argentine, Chili...) permettrait de réduire l'incidence des cas de grippe classique et ainsi de mieux surveiller d'éventuels cas de grippe porcine", explique-t-elle.
La transmission d'homme à homme est "inquiétante", bien qu'on "manque encore d'éléments", constate-t-elle. "En 1976, aux Etats-Unis, il y a eu effectivement une transmission mais relativement localisée", rappelle-t-elle.
Le virus pourrait devenir "beaucoup plus dangereux", selon l'OMS. "Au fur et à mesure qu'il circule, le virus continue à évoluer; mais il peut aussi devenir moins virulent", complète la virologue.
"Il est sensible au Tamiflu, c'est une bonne nouvelle", relève-t-elle.