Au moment ou le Togo lance sa « campagne intégrée » de lutte contre le palu (avec notamment la distribution de moustiquaires imprégnées), on apprend qu'un suppositoire d'artesunate, médicament anti-paludisme peu coûteux, pourrait sauver nombre d'enfants dans des zones rurales d'Afrique.
La plupart des décès causés par le paludisme interviennent parmi les jeunes enfants de ces zones rurales éloignées, lors d'épisodes si aigus qu'ils ne peuvent absorber ou garder un traitement par voie orale.Des chercheurs, conduits par Melba Gomes, de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ont voulu établir l'efficacité d'un suppositoire d'artesunate agissant rapidement sur les parasites du paludisme, qui serait administré avant qu'ils ne quittent le village pour rejoindre un centre où une médication pourra leur être injectée.
L'étude a été menée au Bangladesh, au Ghana, en Tanzanie, où l'on a donné soit un suppositoire d'artesunate (8.954 patients) soit un suppositoire-placebo (8.872 patients) à des malades soupçonnés de paludisme sévère et qui ne pouvaient être traités par voie orale.
Pour les patients capables d'arriver dans les six heures à une clinique, il n'y avait pas de différence significative dans le taux de mortalité ou d'invalidité permanente. Pour les autres (dont la moitié ont mis plus de 15h à rejoindre un centre où on pouvait leur faire une injection) l'administration d'un suppositoire divisait par deux le risque de décès (29 décès, soit 1,9%, dans le groupe traité par artesunate, contre 57, soit 3,8%, dans celui traité par placebo).
Dans un commentaire accompagnant la publication de l'étude, les Dr Lorenz von Seidlein et Jacqueline Deen, qui participent au Projet sur le paludisme en Tanzanie, l'ont classée parmi "les quelques études importantes publiées dans la décennie, qui influent sur la façon dont on traite le paludisme".
"La prochaine étape importante est de mettre au point des stratégies de diffusion à grande échelle", ont-ils souligné.