Trois trafiquants togolais d'enfants ont été condamnés mardi à Sokodé et Kara (nord du Togo) à des peines de prison ferme, une première dans ce pays qui a adopté en 2005 une loi réprimant le trafic et l'exploitation des mineurs, a-t-on appris jeudi de source judiciaire. Lamania Soulé, Oukénini Issa Ousoumanou et Kasso Anaheri ont été condamnés par les tribunaux correctionnels de ces deux villes à des peines allant de 7 à 24 mois pour avoir tenté de convoyer des mineurs vers le Nigeria.
Les trois hommes avaient été interceptés l'année dernière par la police avec une douzaine d'enfants, dont cinq fillettes, a expliqué un magistrat du tribunal de Sokodé.Il s'agissait du premier procès de trafiquants d'enfants au Togo, pays considéré comme l'une des plaques tournantes régionales du trafic des mineurs.
"Nous nous réjouissons de l'application de la nouvelle loi. C'est une décision de justice qui servira de leçon aux autres trafiquants", a déclaré à l'AFP Françoise Gnonfame, responsable du Réseau de lutte contre la traite des enfants au Togo (Relutet).
Le Parlement togolais avait adopté en mars 2005 une loi réprimant le trafic et toutes formes d'exploitation des enfants avec des peines prévues allant de 2 à 10 ans d'emprisonnement.
Au moins 3.000 enfants sont interceptés chaque année par la police togolaise aux différentes frontières, selon les estimations du ministère de la Protection sociale.
Des parents démunis confient, moyennant des sommes allant de 10.000 à 30.000 francs CFA (15 à 45 euros), leurs enfants à des "passeurs" qui prétendent prendre en charge leur éducation.
Ils sont ensuite vendus à de grands exploitants, notamment dans des plantations de cacao et de cannes à sucre au Cameroun, au Gabon, en Côte d'Ivoire et au Nigeria, pour des sommes dix fois supérieures.