Culture

Le Togo est un laboratoire vivant de la diversité

«Ici peut-être qu’ailleurs nous ressentons le besoin de doter la jeunesse des compétences dont elle a besoin pour construire son avenir », a lancé Irina Bokova (photo), la directrice générale de l’UNESCO, devant des centaines d’étudiants de l’université de Lomé venus l’écouter jeudi après-midi.

Mme Bokova effectue une visite officielle de 48h au Togo dans le cadre d’une tournée africaine.

«Nous savons que le Togo a longtemps fait figure de modèle éducatif pour le continent. Il peut l’être à nouveau et je suis venue dire ici que l’UNESCO ne ménagera pas ses efforts pour l’accompagner », a-t-elle assuré.

Pour la patronne de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture, « le Togo concentre sur son territoire la plupart des défis que rencontre l’Afrique : l’urgence du développement, la nécessité de concilier le développement et la protection de la nature. Le Togo porte aussi le témoignage de toutes les forces de l’Afrique : des ressources naturelles pour produire et l’énergie durable ».

Le président de l’Université de Lomé, Kofi Ahadji-Nonou a indiqué que cette visite dans l’établissement qu’il dirige « était la preuve éloquente de son attachement indéfectible à l’engagement de l’UNESCO pour la promotion de l’enseignement supérieur, et de sa sollicitude particulière à l’endroit de l’institution universitaire togolaise ».

Il a rappelé que l’Université de Lomé avait toujours bénéficié du soutient financier, matériel et technique de l’UNESCO pour le renforcement de ses ressources humaines et l’acquisition des équipements pédagogiques, notamment par l’octroi ou le parrainage de bourses d’études et l’appui aux éducatives.

Voici l’intervention d’Irina Bokova  devant la communauté universitaire

Je suis heureuse de commencer cette visite officielle en m’adressant à la jeunesse, première force de l’Afrique, et l’une des principales ressources du Togo.

Ici peut-être plus qu’ailleurs nous ressentons le besoin de doter la jeunesse des compétences dont elle a besoin pour construire son avenir.

A cet égard, tous les pays d’Afrique sub-saharienne partagent les mêmes défis dans le domaine de l’éducation : des classes surchargées, surtout au primaire, avec souvent plus de 60 élèves par classes.

On estime qu’il faudra recruter et former plus de 2 millions de professeurs, rien  qu’à l’école  primaire, pour atteindre les objectifs de l’éducation pour tous dans la région.

Ces professeurs devront être diplômés, qualifiés, et nous devons consolider nos institutions de formation et de recherche.

Le Togo est l’un des pays africains où le réseau des chaires UNESCO est le plus dynamique.

7 chaires UNESCO ont été créées dans les différentes universités du pays.

Elles portent sur l’éducation à distance, les politiques culturelles pour le développement, les technologies de l’information et de la communication.

L’université de Lomé accueille à elle seule 4 chaires, dont 3 consacrées à la recherche scientifique-sur les énergies renouvelables, les géosciences et le développement durable, les femmes et la gestion raisonnée de l’Eau en Afrique de l’Ouest- et l’une consacrée au rayonnement du patrimoine culturel africain.

La science, les femmes, la culture, la jeunesse : c’est bien davantage qu’un programme d’études, c’est un programme de développement national !

Je prends pour exemple la chaire intitulée « Femme, science et gestion raisonnée de l’eau en Afrique de l’ouest », établie en 2008.

Elle a ouvert le Master international « Environnement Eau et santé » fréquenté par des jeunes femmes en provenance de Côte d’ivoire, du Niger, du Bénin, du Burkina Faso.

La formation de ces étudiantes est une promesse de gestion plus efficace et d’un meilleur accès à l’eau en Afrique de l’Ouest, et c’est aussi une chance pour des dizaines de jeunes femmes-et bientôt des centaines- de s’épanouir et de s’investir dans la société et de donner un exemple à des milliers d’autres.

Une trentaine de professionnels de la gestion de l’eau ont ainsi été formés pour la première promotion.

Nous pouvons construire autour de cette chaire un réseau de recherche et de coopération plus dense, plus élargi, au profit de l’Afrique  et de la région.

Institut de l’UNESCO pour l’éducation à l’eau, à Delft, a formé depuis sa création plus de 15 000 experts en eau dans plus de 160 pays.

A travers le monde, plus d’une dizaine de centres placés sous l’égide de l’UNESCO sont spécialisés dans le domaine de l’eau.

Je suis certaine que nous pouvons mieux connecter ces institutions entre elles, en organisant davantage d’échanges de professeurs et d’étudiants, des publications conjointes, une bibliothèques virtuelles de partage de données au niveau mondial.

Les étudiants devraient pouvoir choisir l’endroit où ils veulent réaliser leurs études, dans le cadre d’un système d’échange de crédits harmonisés au sein du campus mondial.

UL

Irina Bokova à son arrivée à l'université de Lomé

Et le Togo pourrait être au cœur de ce réseau.

Je prends l’exemple de l’eau, dont nous savons tous l’importance dans ce pays, mais c’est évidemment valable pour l’ensemble des sujets relatifs à la culture, à la biodiversité, à la protection du patrimoine, à la promotion des industries culturelles, qui sont tellement dynamiques ici.

Dans ce monde interconnecté, aucun pays ne peut se développer durablement au détriment des autres. Le multilatéralisme est la clé de lutte contre la pauvreté, la clé du développement, la clé de la paix.

Il faut donc travailler ensemble, dans nos diversités. Cela s’apprend, et le Togo peut faire valoir son expérience.

Le Togo est une mosaïque de peuples, de cultures et de traditions, c’est un laboratoire vivant de la diversité.

Et je ne pense pas seulement aux nombreuses fêtes traditionnelles, celles d’Epé-Ekpé, de Dezan ou d’Ekpan.

Je pense au patrimoine culturel vivant, aux paysages du Koutammakou, qui s’étendent au nord-est du pays jusqu’au-delà de la frontière avec le Bénin-souvenir douloureux de la traite négrière du départ de la côte des esclaves, qui relie ce pays aux rivages des Amériques et d’Haïti.

Cette ville de Lomé porte le témoignage de cette diversité, avec ses bâtiments hérités de l’époque coloniale, ou bien inspirés du baroque portugais du Brésil ou bien encore ceux du style anglais venu du Ghana.

L’emplacement de la ville de Lomé est une chance pour la coopération internationale, comme l’une des seules capitales du monde situées sur une frontière, celle du Ghana.

Cette culture de la diversité et de la coopération, combinée au dynamisme de la jeunesse, peut-être une formidable source de progrès et d’émancipation.

J’en veux pour preuve le travail de l’UNESCO et du Togo pour renforcer l’enseignement secondaire à l’échelle de la sous-région.

L’UNESCO a signé l’an dernier avec l’UEMOA, le projet d’appui au développement des technologies de l’information et de la communication pour le renforcement des capacités dabs les institutions d’enseignement supérieur de l’UEMOA ».

Dans le domaine de l’enseignement scientifique, un centre de Campus Virtuel africain d’enseignement en ligne a été crée en 2011 à l’Université de Lomé. Le Centre est désormais équipé, et le processus de production de cours en ligne est lancé.

Nous savons que le Togo a longtemps fait figure de modèle éducatif pour le continent.

Il peut l’être à nouveau et je suis venue dire ici que l’UNESCO ne ménagera pas ses efforts pour l’accompagner.

Mesdames et Messieurs,

La prochaine conférence des Nations Unies sur le développement durable, à RIO (Rio+20), servira d’indicateur de la volonté politique des Nations Unies à engager un nouveau modèle de développement.

L’UNESCO y portera un message clair : la croissance doit s’édifier sur le fondement des sociétés vertes, mieux éduquées, où les individus reçoivent la formation à laquelle ils aspirent, et trouvent des emplois verts.

Le développement n’est durable que s’il s’appuie sur une démocratie forte et la pleine participation de citoyens libres au destin de la nation.

Le Togo concentre sur son territoire la plupart des défis que rencontre l’Afrique : l’urgence du développement, la nécessité de concilier le développement et la protection de la nature, les mangroves, les baleines au large des côtes de Lomé.

Le Togo porte aussi le témoignage de toutes les forces de l’Afrique : des ressources naturelles pour produire et l’énergie durable.

Rien n’est impossible si nous donnons à la jeunesse les moyens qu’elle réclame.

Par l’éducation, par la solidarité, l’humain peut trouver en lui des ressources qui le dépassent, pour construire un avenir plus prospère.

Tel est le message de l’UNESCO, tel est aussi la devise de l’université de Lomé : « La foi en l’avenir du genre humain », et c’est le vœu que je forme aujourd’hui pour le peuple togolais.

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