Diplomatie

La fin d'une époque

Le président français Jacques Chirac fera ses adieux à l'Afrique lors du sommet à Cannes (sud-est) qui réunit de mercredi à vendredi plus de 30 dirigeants d'un continent frappé par la pauvreté et les conflits mais dont les richesses suscitent de plus en plus de convoitises.

Ce 24e sommet Afrique-France est de fait le dernier du quinquennat du président Chirac, resté douze ans à l'Elysée où, au fil des années et de ses très nombreux voyages, il a tissé des relations étroites, et parfois controversées, avec bon nombre de ses pairs africains.La chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays assure la présidence de l'Union européenne et du G8, participera à l'ouverture du sommet, qui se tient tous les deux ans en alternance en France et en Afrique.

Selon un diplomate français, entre 30 et 40 chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus sur la Côte d'Azur, dont les alliés traditionnels de Paris comme Omar Bongo Ondimba (Gabon), doyen des chefs d'Etats africains, au pouvoir depuis 1967, Paul Biya (Cameroun), Idriss Deby Itno (Tchad) et Denis Sassou Nguesso (Congo).

Le nouveau président du Togo, Faure Gnassingbé, fera naturellement le déplacement à Cannes pour sa deuxième participation à un sommet Afrique-France.

Un doute planait sur la participation du président sud-africain Thabo Mbeki, dont le pays est la première puissance économique du continent.

Quant à l'Ivoirien Laurent Gbagbo, dont les relations avec Jacques Chirac sont notoirement exécrables, il boycottera une nouvelle fois cette rencontre à laquelle il ne participe plus depuis 2002.

Faisant écho aux sentiments de beaucoup, le Sénégalais Abdoulaye Wade a assuré qu'il allait "beaucoup regretter" son "ami" Jacques Chirac, 74 ans, qui, très probablement, ne briguera pas en mai un troisième mandat présidentiel.

La ministre française de la coopération Brigitte Girardin a reconnu à Cotonou qu'il y avait "une inquiétude générale" en Afrique devant la perspective du départ de M. Chirac. Mais, a-t-elle lancé, "nous n'allons pas abandonner l'Afrique".

A Cannes, le président français, parfois surnommé "Chirac l'Africain", devrait ainsi se poser à nouveau en meilleur avocat de ce continent où 300 millions de personnes vivent avec moins de un dollar par jour et qui reste le plus touché par le sida.

"l'Afrique et l'équilibre du monde", le thème du sommet, tombe à pic au moment où la Chine mène une vaste offensive diplomatique et économique sur ce continent.

A l'écart de la mondialisation, l'Afrique qui représente moins de 2% des échanges internationaux, possède néanmoins d'énormes richesses naturelles (pétrole, gaz, minerais, bois) qui aiguisent tous les appétits.

La Chine, qui entend doubler ses échanges avec ce continent pour les porter à 100 milliards de dollars par an d'ici à 2010, est présente dans tous les secteurs (pétrole, logements, routes, télécommunications...), y compris dans l'ancien "pré-carré" de la France, comme au Sénégal ou au Gabon.

Symbole de son activisme, Pékin a organisé en novembre dernier un grand sommet sino-africain avec 48 nations africaines et 41 chefs d'Etat ou de gouvernement.

Hormis une "compétition économique", Paris ne veut voir toutefois dans la présence chinoise aucune menace pour son influence politique, et fait mine de se réjouir de l'intérêt de Pékin pour ce continent délaissé.

La France, qui n'a plus les moyens d'intervenir seule, prône désormais une approche multilatérale pour le règlement des conflits, ou sur les dossiers du développement et de la lutte contre l'immigration clandestine. Ce qui ne l'a pas empêché d'apporter récemment un soutien militaire direct au Tchad et à la Centrafrique, des régimes fragilisés par la menace de rebellions.

Le conflit du Darfour (ouest du Soudan) devait évidemment figurer au menu des discussions, de même que les violences en Guinée où l'opposition réclame le départ du président Lansana Conté au pouvoir depuis 23 ans.

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