Diplomatie

McCain ou Obama : pas de changements dans la politique africaine

Une possible victoire du candidat démocrate Barack Obama à la présidentielle américaine suscite peu d'espoirs immédiats en Afrique, où l'on juge majoritairement que la couleur du futur président ne sera pas un élément fondamental de la diplomatie de Washington. Dans certaines capitales africaines, des collectifs de soutien au candidat métis, dont le père était kényan, se sont montés. Mais à Addis Abeba, capitale de l'Ethiopie où siège l'Union africaine (UA), aucune mobilisation de ce genre n'a lieu. Pourtant près d'un million d'Ethiopiens vivent aux Etats-Unis.

C'est plutôt dans les cercles diplomatiques ou intellectuels que la présidentielle américaine est discutée et ses conséquences envisagées pour l'Afrique."Il est contre nos principes de parler de la couleur de la peau des uns ou des autres. Ce n'est pas un paramètre", assure le Commissaire à la paix et à la sécurité de l'UA, Ramtane Lamamra, notant que l'ancien président démocrate Bill Clinton était "très proche de l'Afrique".

"Les retombées pour l'Afrique d'une élection américaine ne sont pas liées aux origines des candidats, cela dépend des tendances lourdes que doit gérer le locataire de la Maison Blanche. Il n'y aura pas de changement significatifs", pronostique-t-il.

Pour Joseph Ebode, professeur de sciences politiques à l'université de Yaoundé au Cameroun, "Obama est avant tout Américain, il est là pour renforcer les intérêts américains".

"De plus, souligne-t-il, la crise économique aura un impact parce que l'administration américaine devra d'abord résoudre ce problème qui a des implications financières pour leur propre économie".

D'autres experts renvoient dos à dos les deux candidats en estimant que la politique africaine de Washington sera la même, que John McCain ou Barack Obama soit élu.

"Je pense que vous allez avoir une continuité de la politique africaine des Etats-Unis, les propositions des deux candidats sont presque les mêmes", note Steven Ekovich, chercheur en sciences-politiques de l'Université américaine de Paris.

"Barack Obama propose plus d'aide pour l'Afrique, mais en fait c'est déjà le cas puisque l'aide a triplé sous le président Bush. Mais le style va changer (...) en fait Obama va peut-être même parler un peu plus durement aux Africains que ne le pourrait un président blanc. Il est probablement mieux placer pour leur dire +vous devez faire mieux+", estime le chercheur.

Akuei Bona Malwal, ambassadeur adjoint du Soudan à Addis Abeba, juge qu'"il est impossible que la politique américaine change parce qu'elle est basée sur des institutions. L'administration Obama ne sera pas différente de l'administration Clinton puisque ses conseillers sont Susan Rice et Anthony Lake", deux anciens proches de Clinton en charge à l'époque de l'Afrique.

"A chaque élection américaine, on se demande ce qui ça va changer pour l'Afrique et au final, quel que soit le parti ou la personnalité qui gagne, le résultat reste le même: America first", renchérit un diplomate sénégalais sous couvert d'anonymat.

"La seule chose qui peut changer c'est qu'en Afrique, on se dise que tout est possible désormais si un Noir, descendant d'Africain, devient président de la première puissance du monde", estime-t-il.

Selon lui, "l'image que les Africains, en Afrique ou en Europe, ont d'eux-mêmes peut changer et son élection pourrait donner des idées aux Africains d'origine dans d'autres pays, comme en France. C'est là le principal espoir pour les Africains: que les Noirs partout dans le monde sortent de leur complexe d'infériorité".

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