Diplomatie

Nouvelle étape

Le président du Togo, Faure Gnassingbé, sera reçu vendredi prochain à 15h par son homologue français, François Hollande (photo). Un communiqué de l’Elysée annonce la rencontre.

Le chef de l’Etat s’était rendu à Paris sous Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, mais jamais depuis l’élection de François Hollande qu’il avait vu longuement à New York en septembre 2012 lors de l’Assemblée générale des Nations Unies.

La visite de Faure Gnassingbé à l’Elysée en ce mois de novembre se situe dans le prolongement naturel de cette première rencontre et vient ainsi consacrer une nouvelle étape dans le développement des liens séculaires qui unissent le Togo à la France. 

Cette rencontre intervient dans un contexte particulier. En effet, les réformes lancées depuis 2005 au Togo se poursuivent à un rythme soutenu. Elles portent déjà leurs fruits, notamment dans le domaine de la gouvernance politique et économique. 

Le passage du président togolais à l’Elysée a également pour toile de fond, la bonne santé des relations de coopération entre Paris et Lomé. Jamais totalement rompues, même aux heures les plus difficiles de la crise socio-politique que le pays a connu au début des années 90, la coopération entre les deux pays est aujourd’hui au beau fixe.

Le succès des élections législatives de juillet 2013, organisées dans un climat consensuel et de totale transparence,  est sans doute l’une des manifestations les plus récentes de l’évolution positive  que connaît  le chantier de la démocratie au Togo. 

Amorcées depuis 2005, les réformes ont permis d’apaiser le climat politique, d’ouvrir le jeu politique et de faire rentrer le Togo dans une ère d’élections apaisées.

L’apaisement du climat politique est le fruit du processus de réconciliation nationale qui a pris un tournant décisif avec la création en mai 2009 d’une Commission ‘Vérité Justice et Réconciliation’. Le Président Faure Gnassingbé avait donné d’énormes chances de succès à cette Commission en portant à sa tête un prélat, Mgr Nicodème Barrigah, évêque d’Atakpamé.

Fait chevalier  de la Légion d’honneur en octobre 2013 pour le rôle éminent joué dans le processus de réconciliation nationale, Mgr Barrigah a mis ses qualités d’homme d’église et de diplomate au service d’une institution qui a sillonné tout le Togo pour panser les cœurs des victimes des violences  à caractère politique et des violations des droits de l’homme enregistrées entre 1958 et 2005.

Aujourd’hui, la mise en œuvre des recommandations formulées par la CVJR suit activement son cours. En aout 2013, le ministère des  droits de l’homme a été, nommément, chargé, lors de la formation d’un nouveau gouvernement, de veiller à la mise en œuvre effective des recommandations qui sont contenues dans son rapport final.

L’apaisement politique dont jouit aujourd’hui le pays n’aurait pas été possible sans une politique active de la main tendue visant à transcender les clivages politiques pour mobiliser tous les Togolais dans l’œuvre de réconciliation et de reconstruction nationale.

L’ouverture politique amorcée en 2005 a pris un relief particulier en 2010, notamment avec la signature d’un accord qui a permis au principal parti d’opposition, l’Union des forces de changement (UFC) ainsi qu’à d’autres formations politiques de faire leur entrée au gouvernement.

L’ouverture s’est également traduite par une série de réformes institutionnelles engagées dans le droit fil de l’Accord politique global (APG) signé en 2006. Cet accord  avait jeté les bases d’une refondation profonde de la vie politique au Togo.

Les grandes institutions de la République ont été ou sont en voie de réaménagement pour permettre aux représentants des différents courants de la vie politique d’y siéger et d’y faire valoir la diversité des opinions.

Il en va ainsi de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC), de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), de la Cour constitutionnelle, etc …

Dans sa déclaration de politique générale présentée devant l’Assemblée nationale en septembre dernier, le Premier ministre, Séléagodji Ahoomey-Zunu, avait réitéré la ferme volonté du gouvernement de poursuivre et de parachever les réformes institutionnelles et constitutionnelles nécessaires à l’ancrage de la démocratie et de l’Etat de droit au Togo.

En matière électorale, le Togo  a organisé depuis 2007,  avec un succès unanimement reconnu, trois scrutins de grande envergure. Il s’agit des élections législatives de 2007, de l’élection présidentielle de 2010 et des élections législatives de 2013. 

Ces trois grands rendez-vous électoraux se sont déroulés sans violence et dans un climat consensuel même si certaines formations usent systématiquement de leur droit de contester les résultats. Ce droit s’exerce au demeurant dans l’indifférence générale.

Mais d’année en année, la machine électorale s’est, de l’avis général, affinée au Togo. Le code électoral est constamment réaménagé au lendemain de chaque scrutin, notamment pour tenir compte des recommandations des missions électorales.

Un nouveau découpage électoral a même été acté en 2013. 

Au total, le Togo est entré depuis 2007 dans une ère d’élections apaisées qui créé un climat propice à la poursuite des efforts de relance économique.

Le train des réformes économiques a parallèlement permis de changer radicalement  les schémas de la gouvernance. Les efforts d’assainissement de l’économie ont été couronnés par l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative Pays pauvres très endettés (PPTE) en décembre 2010.

Depuis lors, le Togo a regagné la confiance des bailleurs de fonds et a accéléré dans la foulée son programme de relance économique. La stratégie accélérée de croissance pour l’emploi (SCAPE) met un accent tout particulier sur l’émergence économique qui s’appuie sur divers projets structurants notamment dans le domaine des infrastructures. Elle accorde également une place importante à la santé, à l’éducation, à l’accès à l’eau potable et à l’assainissement ; autant de domaines dans lesquels, le partenariat avec la France a contribué à la réalisation de projets concrets au profit des populations.

Les réformes politiques et économiques engagées au Togo sont saluées par les partenaires au développement dont la plupart avaient jadis pris leur distance en raison des incertitudes que créait un processus de démocratisation particulièrement difficile.

La France qui n’avait jamais rompu complètement a été la première à reprendre sa coopération avec le Togo. Les deux pays sont engagés dans un partenariat traditionnel qui a surmonté l’épreuve du temps.

Au moment où le président Faure Gnassingbé s’apprête à rencontrer François Hollande à l’Elysée, la coopération franco-togolaise vient de franchir tout juste le cap symbolique des cinquante années. C’est en effet le 10 juillet 1963 que le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République togolaise avaient signé les premiers accords de coopération.

Cette  coopération qui s’est diversifiée au fil des ans s’effectue aujourd’hui le long de trois axes majeurs : la défense et la sécurité, l’appui au développement et le social.

En mars 2009, le Togo a été le tout premier pays africain à réviser son accord de défense avec la France, conformément aux nouvelles orientations définies par Paris. 

Désormais, les relations entre les deux pays sont guidées par les principes de base que sont la transparence, la réciprocité, la concertation, le respect mutuel et la sécurité collective.

C’est à travers ce  cadre rénové et adapté au nouveau contexte international que le Togo et la France effectuent périodiquement des exercices mutuels d’entrainement à la manœuvre dans les eaux togolaises ainsi que des échanges d’expériences professionnelles. Le dernier exemple de ce type remonte à septembre 2013, lors de l’escale de la frégate de surveillance Germinal au port de Lomé.

Des exercices de simulation de lutte contre la piraterie maritime ont été également menés au large des côtes togolaises en mars 2013, lors de l’escale du bâtiment de protection et de commandement le Mistral.

La lutte contre le trafic des stupéfiants est devenue ces dernières un axe important de la coopération entre Paris et Lomé.

Le service de sécurité de l’ambassade de France au Togo s’est ainsi beaucoup investi pour le renforcement des capacités des gendarmes, policiers, douaniers et autres auxiliaires de justice togolais, en matière de conduite des auditions des trafiquants présumés. 

Compte tenu des proportions importantes que prend la cybercriminalité, la Cellule cybercriminalité de la Direction centrale de la Police judiciaire bénéficie régulièrement de modules de formation dispensés par des experts français.

La coopération au développement a pour principal canal d’intervention l’Agence française de développement (AFD).

Aujourd’hui l’AFD intervient par délégation de fonds de l’Union européenne à travers le programme d’aménagement urbain du Togo (PAUT) qui vise à assainir les quartiers Est de la ville de Lomé, déclarés zones vulnérables en raison des fréquentes inondations qui y sont enregistrées.

L’AFD a subventionné le PAUT à hauteur de 8,5 milliards de FCFA (13 millions d’euros) notamment pour la lutte contre les inondations et la gestion des déchets solides. 

Par ailleurs l’Agence a financé, grâce à une convention signée en août 2011, l’exécution du Programme de développement communautaire des quartiers vulnérables urbains et périurbains de la capitale à hauteur de 3,3 milliards de FCFA (cinq millions d’euros). Ce programme vise à améliorer les conditions de vie des habitants de ces quartiers et à faciliter leur accès aux services essentiels.

Les sujets de discussions ne manqueront pas entre Faure Gnassingbé et François Hollande.

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