Eco & Finance

ACP : reprise des négociations commerciales

Après le bras-de-fer de la fin 2007, l'UE a relancé doucement ses négociations commerciales avec les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) en espérant les convaincre de conclure d'ici la fin de l'année des accords censés développer leurs économies fragiles. "Ca reprend tout doucement et à des degrés divers selon les régions. On ne veut pas mettre la charrue avant les boeufs et pousser des processus qui ont besoin de temps pour être digérés", note une source européenne.

De nombreux pays ACP qui ont conclu en décembre des accords commerciaux intérimaires avec l'UE ont effectivement besoin de "digérer" des textes que certains n'ont accepté qu'à contrecoeur, soulignent des sources proches des négociations.L'UE a conclu à l'arraché en décembre des accords commerciaux intérimaires avec 35 pays ACP sur 77, conformément aux exigences de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC).

La plupart des Pays les moins avancés, qui eux ne risquaient pas de voir augmenter les droits de douane européens sur leurs exportations, n'ont pas signé ces accords intérimaires qui ne portent que sur les marchandises et pas sur les services.

C'est notamment le cas du Togo. Le pays est entré depuis le 1er janvier 2008 dans le Système de Préférences Généralisées (SPG) de l'Union européenne. Cette situation se poursuivra jusqu'au moment où des négociations seront conclues et que le Conseil Européen approuvera l'application d'un nouveau régime commercial.

Mais si ces accords commerciaux permettent depuis le 1er janvier à tous les produits (sauf le riz et le sucre) des ACP signataires d'entrer dans l'UE sans droit de douane ni quota, certains d'entre eux craignent malgré tout qu'ils ne fragilisent leurs économies, en imposant une libéralisation progressive de leurs propres marchés.

Cette crainte risque d'accroître la difficulté à convaincre les trois pays africains (Nigéria, Congo, Gabon) qui ont refusé un accord intérimaire comme les pays les moins avancés de signer ces accords.

Sans le ralliement de ces pays, Bruxelles verra s'envoler son espoir de conclure d'ici fin 2008 des accords complets, incluant les services, avec l'ensemble des cinq régions ACP (Pacifique, Afrique de l'Ouest, de l'Est, australe et centrale). Une sixième région, les Caraïbes, a elle déjà conclu un accord complet.

"La manière cynique de voir les choses est que ceux qui ont signé ne l'ont pas fait pour des perspectives de développement mais simplement pour conserver leur accès au marché. Alors qu'est-ce qui va inciter les autres à négocier un accord de partenariat économique complet?", s'interroge San Bilal, expert au Centre européen de gestion des politiques de développement.

"La pression de l'OMC et le risque de fermeture du marché européen n'est plus là. Alors il y un risque que les négociations s'enlisent", continue-t-il.

Malgré tout, la Commission espère profiter de la dynamique créée fin 2007 pour faire aboutir les discussions cette année.

"Nous avons maintenant besoin de nous rassembler, région par région, de nous mettre d'accord sur la façon de faire avancer ces négociations", a déclaré cette semaine le commissaire au Commerce Peter Mandelson.

"J'espère que les deux parties seront là parce qu'elles voient que c'est dans leur intérêt", a-t-il ajouté, rejetant une fois encore les accusations de pression portées contre la Commission par certains leaders africains et par les ONG.

Pour aplanir ces différends, le président de la Commission José Manuel Barroso avait promis lors du sommet UE-Afrique de décembre d'organiser avec les différentes régions des réunions "au plus haut niveau", "probablement" en février.

Mais les préparatifs ont pris du retard et les discussions ne reprennent pour l'instant qu'au niveau technique, selon la source européenne.

Ce qui ne devrait pas empêcher ces accords d'être au menu des chefs d'Etat et de gouvernement africains lors du sommet de l'Union africaine qui s'est ouvert jeudi à Addis-Abeba.

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