Eco & Finance

Faure déploie son capital énergie

Le président Faure Gnassingbé a participé lundi aux côtés du Premier ministre des Emirats arabes unis (EAU), Cheikh Mohammed bin Rashid Al Maktoum, du secrétaire général adjoint de l’ONU, et d’un parterre de chefs d’Etat, à l’ouverture du Forum mondial sur l’énergie qui se déroule cette année à Dubaï du 22 au 24 octobre, en présence de 2000 délégués venus du monde entier ; officiels, ONG et secteur privé.

Cette conférence abordera les problématiques des politiques énergétiques, y compris celle de l’eau et des énergies renouvelables. Autant de questions prioritaires pour le Togo.

Le président du Togo, qui a pris la parole dans l’après-midi, a rappelé les investissements importants consacrés par son gouvernement pour répondre  aux besoins en énergie en milieu urbain. Des efforts aussi importants sont en cours en milieu rural. Toutefois, le chef de l’Etat a de souligné que les besoins en investissements étaient importants pour les années à venir et que le soutien des partenaires internationaux etait indispensable pour appuyer la réalisation de l’ensemble de la politique énergétique du pays.

Voici le discours prononcé par le chef de l'Etat

Je tiens avant toutes choses à remercier les autorités et le peuple des Emirats arabes unis pour l’accueil très chaleureux qui nous a été réservé, à moi-même et toute ma délégation, et les féliciter pour toutes les dispositions prises, en vue d’assurer le succès de nos travaux. 

La question de l’énergie étant aujourd’hui au cœur de tous les enjeux, je voudrais vous dire combien le Togo se sent privilégié et honoré de prendre part au Forum de Dubaï. Ce Forum  nous donne une fois encore, l’occasion d’ouvrir de nouvelles pistes de réflexions et de coopération afin d’apporter des solutions durables au défi majeur que constitue la question de l’énergie pour notre planète. Il s’agit, aujourd’hui, de mener des actions vigoureuses et courageuses en vue de permettre à un milliard et demi de personnes d’avoir accès à l’électricité. Mais dans le même temps nous devons agir en toute responsabilité pour un développement durable, ce qui nous ramène au cœur du débat pour une énergie propre, je veux dire les énergies renouvelables. 

Mesdames et messieurs,

Chers participants,

Quel que soit leur niveau de développement, tous les pays mesurent  chaque jour le poids de la question énergétique sur la vie économique moderne. L’accès à l’énergie conditionne  aussi la paix sociale. Il influe depuis toujours sur les rapports entre les Etats. En Afrique, selon les estimations, 20% à peine de la population en moyenne, a directement accès à l’électricité. Dans certains pays ce chiffre tombe même à 5%. Et en milieu rural la moyenne n’est que de 2%. Cependant  on estime que la demande devrait augmenter de 5% environ par an les 20 prochaines années.

Nous savons tous que l’Afrique dispose des ressources suffisantes pour satisfaire tous ses besoins en énergie. Le continent compte en effet certains des plus grands fleuves au monde : le Nil, le Congo, le Niger…. Pour ne citer que ceux-là.

Il devient donc urgent d’intensifier la coopération internationale pour mieux organiser la  production et la consommation de l’énergie pour un développement économique et social durable de notre continent. 

En Afrique de l’Ouest, en matière de coopération, les 15 Etats membres de la Communauté Economique de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont décidé à partir de 2000, de lancer en commun un vaste programme visant à accroitre l’offre d’électricité dans la région. Il s’agit de mettre en commun les ressources énergétiques de la région en créant des sites de production énergétiques et en assurant l’interconnexion de leurs réseaux respectifs. Le programme d’un coût global estimé à 11,8 milliards de dollars, devrait permettre de doter la région d’une puissance installée de 10.000 mégawatts.

Dans le cadre de ce programme, les réseaux du Nigéria, du Bénin, du Togo, du Ghana, de la Côte d’Ivoire, du Burkina et du Mali sont déjà interconnectés.

GO

Faure Gnassingbé et le président gabonais Ali Bongo Ondimba lundi à Dubaï

Au sein de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) qui regroupe 8 pays de la zone partageant une monnaie commune, le franc CFA, un programme dénommé « Initiative Régionale pour l’Energie Durable » (IRED) a été lancé en 2009. Il a été doté d’un Fonds dénommé le Fonds de Développement de l’Energie (FDE) d’un montant initial de 1 milliard de dollars, dont la moitié a  déjà été mobilisée et engagée dans des projets énergétiques prioritaires. Mais les besoins, pour assurer l’autonomie énergétique de la zone et apporter l’électricité à tous,  sont estimés à 20 milliards de dollars à l’horizon 2020.

Au Togo, des investissements importants nous ont permis de répondre  aux besoins actuels en énergie en milieu urbain. Des efforts sont en cours en milieu rural. Cependant, les besoins en investissements dans le secteur de l’énergie sont importants pour les années à venir, compte tenu de notre plan stratégique de développement.

Comme on peut le constater, d’importants efforts ont été déployés et des programmes ont été élaborés en vue de couvrir les besoins des pays africains, en dépit des insuffisances relevées au niveau de l’offre d’électricité. Mais les ressources financières nécessaires à la mise en œuvre de ces programmes font encore cruellement défaut.

Nous comptons sur tous nos partenaires pour nous appuyer dans la réalisation de tous ces programmes énergétiques.

 Cette coopération internationale nous permettra de  matérialiser ensemble notre engagement en faveur de la promotion de l’accès universel aux services énergétiques de base et du développement durable.

C’est pourquoi je tiens à saluer l’initiative qui a été prise de nous réunir ici, à Dubaï,  dans le cadre de l’année internationale de l’énergie durable décrétée pour  2012, par les Nations Unies.

Comme vous le savez, nos assises se tiennent dans un contexte particulier,  marqué à la fois par l’accroissement exponentiel  de nos besoins en énergie  et l’amoindrissement continuel des réserves d’énergie fossile, en particulier le pétrole et le gaz. Le tout, marqué par l’impact des changements climatiques sur notre environnement.

C’est un double défi qui nous impose,  d’engager collectivement une réflexion stratégique sur la promotion et le développement des énergies renouvelables.

L’Afrique, regorge de ressources en énergies renouvelables diversifiées et abondantes : éolien, solaire, hydraulique, biomasse….pour ne citer que celles-là.

Malheureusement, cet énorme potentiel est encore largement inexploité. Nous savons tous cependant que la promotion des énergies renouvelables pourrait être pour nous, pays en développement, sources de création d’entreprises, d’emplois notamment pour les jeunes, et aussi sources de richesses et d’amélioration des conditions de vie en milieu rural, notamment en matière de santé, d’éducation et d’assainissement.

Nous devons dans cette perspective trouver ensemble les moyens de satisfaire les besoins en énergie de nos populations respectives, sans compromettre notre avenir commun. Cette double exigence appelle un minimum de régulation des politiques énergétiques afin d’atténuer les tensions qui naissent çà et là et le décalage récurrent entre la demande et la production des sources d’énergie traditionnelle.

 Malgré la diversité des situations, malgré la répartition inégale des ressources et des besoins en énergie, je reste convaincu que la solution n’est pas dans le repli sur soi. Nous devons travailler ensemble pour la gestion durable de nos ressources énergétiques, pour nous forger un destin commun, où  les priorités des uns ne doivent pas constituer une menace pour la survie des autres.

Fort de cette conviction, le Togo a non seulement fait du secteur de l’énergie l’une des grandes priorités de son action en faveur du développement, mais il s’est toujours efforcé à l’inscrire  dans le cadre des initiatives sous-régionales, CEDEAO et UEMOA notamment. J’en ai déjà longuement parlé.

En tout état de cause, nous adhérons avec une conviction profonde à l’approche qui mise désormais sur les énergies renouvelables. Elles sont en effet la voie de l’avenir. Au Togo, nous accordons un degré de priorité élevé à ces énergies car elles sont plus en phase avec les exigences du développement durable. 

C’est pour cette raison que nous privilégions depuis quelques années l’énergie solaire  pour l’électrification des établissements  scolaires  sur toute l’étendue du territoire national et plus particulièrement en milieu rural. 

Je voudrais à cet égard me féliciter des avancées notables réalisées grâce aux travaux de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables.  

L’IRENA est pour nous un partenaire important. Nous continuerons à mettre à contribution, le dynamisme de cette institution  pour vulgariser davantage l’accès à une énergie propre, disponible et abordable et qui favorise le développement humain durable. 

Mesdames et messieurs,

Chers participants,

Malgré les efforts déployés ces dernières années pour la vulgarisation de l’énergie solaire, nous ne perdons pas de vue  une donnée constante : la fracture technologique. On dit généralement que dans la plupart des cas, le soleil est toujours au Sud mais que les panneaux solaires sont au Nord. 

La fracture technologique est une réalité du monde contemporain. Nous devons donc en tenir compte dans toutes nos stratégies.

Cette fracture technologique doit impérativement être comblée avec le concours de tous. Il me paraît essentiel à cet égard d’œuvrer de concert, afin que le transfert de technologie devienne l’un des axes majeurs de la coopération internationale pour le développement durable.

Je souhaite vivement que nos assises permettent de mener des réflexions afin d’apporter des réponses concrètes à toutes ces préoccupations et qu’elles ouvrent la voie à un monde où grâce à la coopération internationale et à la coordination des politiques, la sécurité énergétique devienne une réalité pour un plus grand nombre. 

Vive la coopération internationale.

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