Eco & Finance

L'indispensable relance

Le secteur sinistré du phosphate au Togo, vital pour le pays, est en cours de redressement depuis un an, mais cette relance est jugée trop lente par les syndicats qui avaient appelé à la grève cette semaine.

Le phosphate est le premier produit d'exportation du Togo avec 40% des recettes. Mais la production s'est effondrée ces dix dernières années, passant de 5,4 millions de tonnes en 1997 à 800.000 en 2007.Selon des services techniques des mines, un arrêt de travail de 24 heures en début de semaine a occasionné à l'Etat une perte de plus de 140.000 dollars.

Très remontés, les syndicats avaient déclenché cette grève pour obtenir le départ des liquidateurs des anciennes sociétés qui exploitaient le phosphate. Ils accusent les liquidateurs de freiner la Société nouvelle des phosphates du Togo (SNPT, publique), créée en mai 2007.

Prévu pour 48 heures, le mouvement a été suspendu mardi, les travailleurs ayant apparemment obtenu ce qu'ils voulaient: "Les liquidateurs vont partir au plus tard fin juillet", a dit Mathurin Atintoh, un conseiller du syndicat des cadres du secteur. Selon lui, les autorités ont également promis que le personnel, environ 2.500 personnes, serait embauché par la nouvelle société.

Le prix de vente du phosphate - 70 dollars la tonne - sera également augmenté dans les prochains jours, selon un représentant syndical.

Les autorités n'ont pas confirmé cette hausse.

L'Etat a engagé en août 2007 deux experts pour liquider l'Office togolais de phosphate (OTP) et l'International Fertilizers Group (IFG-Togo), les deux dernières structures ayant géré le phosphate.

Leur mission devait durer trois mois mais elle continue, les dossiers étant "lourds", selon des sources proches du dossier.

Sur fond de mauvaise gestion, voire de corruption, la saga du phosphate a démarré en 1952. Cinq ans plus tard, l'extraction et la commercialisation sont confiées à la Compagnie togolaise des mines du Bénin (CTMB), une société dont l'Etat détient alors 35% du capital.

En 1974, la CTMB est nationalisée avec la création de l'OTP (Office togolais des phosphates).

Plombé par une mauvaise gestion, l'OTP doit ouvrir son capital à des partenaires tunisiens en 2002, et devient l'IFG-Togo. Cette société est à son tour dissoute en mai 2007 pour donner naissance à la SNPT.

Pour relancer l'activité, l'Etat togolais obtient en septembre un prêt de plus de 45 millions d'euros (environ 30 milliards de francs CFA) de la Banque islamique de développement (BID) mais, selon des responsables du ministère des mines, les fonds n'ont pas encore été décaissés en raison de la lenteur à liquider les anciennes sociétés.

Le plan de redressement lancé il y a plus de six mois par la SNPT prévoyait un quasi-doublement de la production cette année à plus de 1,4 million de tonnes, mais cet objectif ne pourra pas être respecté, estiment des responsables du ministère.

Selon des chiffres syndicaux récents, le Togo n'a produit que 420.890 tonnes de phosphate entre janvier et juin 2008.

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