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Un ministre, ça ferme sa gueule !

Un ministre, ça ferme sa gueule. C'est en substance ce qu'a indiqué le Premier ministre du Togo, Komlan Mally, lors du séminaire gouvernemental de Nangbéto. L'hebdomadaire L'Union paru vendredi rapporte les propos du PM qui demande à ses troupes « l'obligation de réserve, l'obligation de discrétion, l'obligation de loyalisme ». Le journal revient aussi sur le mécontentement qui agite l'Intersyndicale des travailleurs avec une interview du secrétaire général de l'ISTT, Norbert Gbikpi-Bénissan

##S_B##Voici une sélection d'articles publiés par l'Union cette semaine.

Revendications sociales : L'Intersyndicale ne jure que par Faure Gnassingbé

Une rencontre de haut niveau en lieu et place de la rencontre au sommet. Voilà qui résume la poursuite des discussions en début de semaine entre l'Intersyndicale des travailleurs du Togo (ISTT) et le pouvoir exécutif depuis que le Togolais n'en peut plus de supporter le coût cher de la vie. En dépit des mesures salutaires récemment prises par le gouvernement pour parer au plus pressé. Pour en savoir plus, le journal L'Union est allé à la rencontre de M. Norbert Gbikpi-Bénissan, nouveau porte-parole de l'ISTT…en attendant que la base soit informée. Seul Faure doit conclure les débats sociaux.

L'Union : La rencontre tant attendue n'a-t-elle véritablement pas eu lieu ?

Norbert Gbikpi-Bénissan :

Nous devrions rencontre le chef de l'Etat ; c'est l'une des perspectives qui ont permis de surseoir à la marche du 1er mars que l'ISTT avait organisé pour le respect du travailleur et la défense du pouvoir d'achat. Evidemment, il y a d'autres raisons du sursis. En remplacement de cela, nous avons été obligés d'accepter le cadre d'une rencontre de haut niveau avec une équipe dépêchée par le chef de l'Etat et composée du ministre de l'Administration territoriale –visiblement le représentant personnel du chef de l'Etat–, du ministre du Travail et de la sécurité sociale, du ministre de la Fonction publique et du ministre des Finances. Cela a essentiellement donné lieu à des précisions concernant des réponses à nos revendications telles que formulées dans les perspectives de la marche du 1er mars. Nous avons insisté, lors de cette rencontre, sur la nécessité absolue pour nous de rencontrer le chef de l'Etat. Et, pour nous, tant que nous n'avons pas vu le chef de l'Etat, nous n'avons pas conclu à la rencontre qui s'est développée le mardi passé. Pour le reste, en ce qui concerne le contenu concret des précisions que j'ai évoquées, nous en gardons évidemment la primeur à nos mandants qui sont les travailleurs. C'est à cet effet que nous convoquerons une nouvelle assemblée générale dans les premiers jours de la semaine prochaine.

Que répondez-vous alors à ceux qui disent que le chef de l'Etat et le Premier ministre vous ont encore dribblé en ne vous recevant pas directement ?

Non. Cela peut se dire de l'extérieur, mais nous demeurons extrêmement sereins par rapport à ces pics qui sont de bonne guère, à partir du moment où ceux qui les lancent ne sont pas réellement dans le processus. Nous n'estimons pas avoir été dribblés, nous estimons qu'il y a un certain nombre de circonstances qui sont intervenues et qui, à notre avis, ont empêché la rencontre telle qu'elle était initialement prévue. C'est d'ailleurs pourquoi nous avons insisté de rencontrer le chef de l'Etat.

Est-ce que le travailleur togolais, qui croit que rien n'est obtenu jusque-là, doit toujours continuer d'espérer ?

Pour être objectif, on ne peut pas dire que toutes les démarches aient été sans issue. Ce qui est certain, nous sommes au niveau des syndicats en train de créer un rapport de force pour qu'on puisse avancer sur les revendications des travailleurs. Dans ce cadre, les choses avancent. Ce n'est pas le Pérou, on n'a pas obtenu grande chose jusqu'à présent, mais les travailleurs doivent rester mobilisés. Il ne faut pas céder à des sentiments de découragement. C'est maintenant au contraire que tout le monde doit se réveiller pour faire avancer nos revendications. Ce n'est pas au moment où les choses sont en train de s'engager de manière positive qu'il faut casser le mouvement ou se décourager soi-même individuellement. C'est la condition sine qua non.

Est-ce que l'Intersyndicale compte battre le pavé si jusqu'à un moment vous ne semblez rien obtenir ?

L'Intersyndicale a la maîtrise de son ordre du jour. Les activités et l'évolution des syndicats reposent sur la Convention 98 sur le droit d'organisation et de négociation collective. Ce que nous pouvons dire, c'est que lorsque les revendications sont extrêmement pressantes, que la dégradation du pouvoir d'achat et des salaires est considérable et que nous sommes dans une situation de grogne sociale, la grève par exemple couve en permanence, mais aussi tout l'éventail des recours légaux qui sont à la disposition des syndicats pour obtenir gain de cause.

Pour être sincère, nous avons voulu battre le pavé le 1er mars, mais vous savez les différentes considérations qui nous ont amené à prendre une décision responsable. Dans l'incapacité de recouper toutes les informations que nous avions, nous nous sommes repliés sur le principe légitime de précaution. La grève, elle, est reportée (non annulée) et nous verrons, en fonction de la conjoncture, comment développer toutes les actions qui sont à notre disposition. Mais, c'est aux travailleurs de le décider à travers le mode de concertation entre la direction et la base.

Le CNDS, un organe simplement consultatif

Mécanisme mis en place à l'issue du dialogue social, le Conseil national du dialogue social (CNDS) doit permettre aux partenaires sociaux de se retrouver régulièrement au sein d'un cadre légal de dialogue pour prévenir les conflits collectifs ou individuels, nationaux ou liés aux branches des secteurs d'activités. C'est l'un des premiers engagements demandés et obtenus avec l'aval du gouvernement à l'issue du dialogue social qui a accouché d'un protocole d'accord social.

Mais, pour l'heure, il a du mal à prendre son envol. Simple constat. Une dernière rencontre entre les syndicats et le président Faure Gnassingbé avait accouché d'un comité ad hoc qui précéda l'adoption du nouveau Code de travail le 13 décembre 2006. Ce code a institutionnalisé le CNDS.

Depuis 2006, le CNDS s'est réchauffé. Du coup, courant 2007, les deux réunions ordinaires ont été tenues. Le CNDS tient annuellement deux sessions régulières, par semestre, en mars et en octobre.

Mis en forme après le vote de la loi de finances 2007, le CNDS a dû fonctionner sans la subvention de l'Etat. Contrairement aux autres organes créés par la loi comme la CNDH, la HAAC, … En 2008, l'organe n'a toujours pas son budget finalisé, le précieux sésame, alors même qu'il doit être l'outil de promotion sociale et économique. C'est le problème essentiel. Aux dernières nouvelles, des contre-propositions liées au budget ont été faites par la partie gouvernementale aux syndicats le mardi dernier, mais le cadre ne s'y prêtait pas pour l'approfondir puisqu'il manque la partie patronale du dialogue social.

Le Conseil a pour rôle de cultiver le dialogue social et de faire des concertations sur les lieux de travail. En clair, dans les sociétés, on doit normalement mettre en place un cadre institutionnel d'échanges de base pour collecter toutes les informations et tous les problèmes qui minent le monde du travail, les faire remonter au niveau du CNDS qui doit en tenir compte dans ses avis en temps opportun. Organe consultatif, le CNDS ne prend pas des décisions. Après une décision mûrie du gouvernement, celui-ci envoie ses premières idées au CNDS –composé des trois groupes de partenaires sociaux  que sont le gouvernement, les travailleurs et les employeurs– qui donne son avis. A ce titre, il cultive la prévention des conflits de travail, participe à la résolution des conflits majeurs du monde du travail, participe à la réflexion sur la législation sociale et participe à la réflexion sur les outils de gestion du monde du travail notamment les politiques en matière d'emploi, de travail, de santé et de sécurité au travail, de formation professionnelle et de sécurité sociale.

En rappel, l'Intersyndicale réclame l'effectivité des engagements prioritaires qui devraient être tenus dans la première année du Protocole : arriérés de salaire ; revalorisation du salaire par la refonte du SMIG ; augmentation du SMIG. A cela s'ajoute la flambée des prix. Aujourd'hui, on parle plus de la dynamisation du cadre de discussion permanente (le CNDS) qui ne peut pas demeurer «une sorte de fantôme sans la moindre efficience».

Le Premier Komlan Mally en est conscient à travers son speech inaugural du séminaire gouvernemental de Nangbéto : «nous avons, certes, pris des mesures d'apaisement mais il faudrait inscrire  cet apaisement dans la durée afin de soulager les souffrances de nos compatriotes».

Séminaire gouvernemental, Mally responsabilise individuellement les ministres

Remise à niveau pour les uns, renforcement de capacités pour les autres autour du thème central, «La gestion des dépenses publiques». C'est dans ce décor que le gouvernement Mally au grand complet tient son premier séminaire gouvernemental (du 5 au 7 mars 2008) à Nangbéto, ville située à plus de 200 kilomètres de Lomé, pour mettre à jour les données fondamentales de gestion du portefeuille ministériel. Un véritable cadre de bilan en interne, car il s'est agi d'évaluer le parcours collégial réalisé qui connaît la semaine prochaine ses cent (100) jours. En plus des sujets vitaux, sont à l'ordre du jour : organisation et fonctionnement des départements ministériels, gestion des projets de développement, passation des marchés publics, rigueur et transparence dans la vérification budgétaire.

«C'est l'occasion pour nous de jeter un regard rétrospectif sur le travail que nous venons d'accomplir voilà trois mois déjà, avec comme objectif, de lutter contre la pauvreté, la cherté du coût de la vie du togolais, bref l'amélioration des conditions de vie et de travail de nos concitoyens», a précisé Komlan Mally, avant de se demander si son équipe est, en cent jours de gestion de l'action gouvernementale, en phase avec les préoccupations des Togolais. «Si oui, il y a lieu de poursuivre et d'intensifier nos efforts ; sinon, il convient d'en identifier les entraves et blocages afin de réorienter nos actions à venir». Une vraie prudence.

Dans un passé récent, le doublonnage ou l'éclatement de certains départements ministériels ont créé quelques brouilles entre des titulaires du poste, surtout qu'ils sont venus d'horizons divers avec la politique d'ouverture de Faure Gnassingbé depuis 2005. Et Komlan Mally y va de sa touche : «le respect de la hiérarchie, règle d'or de toute administration, doit être de mise. Que chacun exerce sa tâche dans le strict respect de la mission à lui confiée afin d'éviter d'éventuels chevauchements et les télescopages entre ministres». Récemment, les journalistes présents à la rencontre avec la partie culturelle de la délégation du vice-chancelier allemand Frank-Walter Steinmeier ont été surpris d'apprendre que jusque-là le décret devant organiser le nouveau département de la Communication, de la Formation civique et de la Culture n'était pas encore pris. Du coup, pour un seul ministère, deux directeurs de cabinet s'étaient présentés.

Plus est, le gouvernement Mally veut mettre les garde-fous d'une passation des marchés publics qui a toujours posé problème. Allusion faite au favoritisme et au laisser-aller qui amènent des fois les partenaires à perdre confiance. Ces derniers sont maintenant plus exigeants depuis qu'ils annoncent leur retour fracassant à la faveur des grandes innovations proclamées par le président Faure. La dernière sortie du ministre Gilbert Bawara à l'endroit des entreprises impliquées dans la réfection des pistes rurales en dit long.

Le corollaire est que des moyens soient envisagés pour contrôler efficacement les pièces comptables et les travaux exécutés. Le ministre ne devant pas être lui-même un élément de la chaîne de corruption.

Les grands chantiers sont toujours en attente et les Togolais continuent de croire à leur réalisation prochaine.

A terme, de sources proches du gouvernement, le chef de l'Etat et le Premier ministre envisagent opérer des descentes inopinées de contrôle au niveau des départements ministériels. En ce moment, c'est le ministre qui sera personnellement responsable de toutes les défaillances relevées. Car, il aura extériorisé son incapacité manifeste à faire partie du gouvernement parce qu'on lui aura donné les armes pour y arriver.

Les assises de Nangbéto, premières du genre pour l'équipe Mally, se doivent de relever le défi par rapport à la rencontre de Notsè initiée en 2006 par Edem Kodjo. Apollinaire Agboyibo en était tenté, mais, par deux fois, il a reporté l'échéance, au point de ne plus jamais l'organiser. Comme pour dire que ces conclaves ne peuvent changer grand-chose si la volonté n'y est pas.

Un appel aux ministres « bavards »

Il est connu que la «cuisine interne» à la gestion gouvernementale est de plus en plus livrée à la place publique par voie de presse. D'aucuns pensent que c'est l'effet de la cohabitation des personnes qui ne sont pas toutes entrées au gouvernement pour la même discipline.

C'est vite limiter la pratique aux seuls opposants qui participent à la gestion des affaires publiques depuis 2005. Du coup, la convivialité entre les ministres peut être atteinte quand l'un soupçonne l'autre d'être à l'origine de sa diabolisation par «ses journaux». Pure manifestation de la non maîtrise de la real politik ; en interne, on voit mieux la possibilité à satisfaire le dehors. «Cela doit rester un couvent où il faudra entrer pour tout connaître. Dans le cas contraire, il faudra suivre la sortie des initiés», ironise-t-on.

Une leçon que semble donner Komlan Mally : «nous devons créer en notre sein et sur les lieux de notre travail, un climat de convivialité, d'amitié et de fraternité. Pour remettre le Togo au travail et créer les richesses nécessaires pour combattre la pauvreté, il faut nécessairement observer quelques préceptes qui devront caractériser l'action gouvernementale: l'obligation de réserve, l'obligation de discrétion, l'obligation de loyalisme. Nous devons constituer une équipe particulièrement soudée et résolument engagée à obtenir des résultats. Pour y arriver il faut de la collégialité, de la solidarité et de la responsabilité. La collégialité suppose le sentiment d'appartenance à un groupe et la prise en commun des décisions alors que la solidarité et la responsabilité, qui en sont des conséquences logiques, signifient que chacun réponde de tout et assume les décisions prises ensemble».

En d'autres termes, tout ministre participe à la définition, à l'expression et à l'exécution de la politique gouvernementale ; tout ministre agit au nom du gouvernement, de l'Etat, dans les matières relevant de ses attributions.

L'obligation de réserve sous-tend qu'il faut faire preuve de retenue et de mesures dans les critiques en Conseil des ministres ou dans d'autres cercles restreints et maintenir à tout prix la courtoisie entre collègues. Il est recommandé de toujours rechercher le compromis sur les dossiers.

L'obligation de discrétion, elle, veut que les informations et faits dont on a connaissance dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de ses fonctions de ministres ne soient pas à divulguer. En clair, il est recommandé de garder religieusement le secret des délibérations du Conseil des ministres. Seul, le porte-parole du gouvernement pourra donner à la presse des informations sur la teneur des délibérations du Conseil des ministres. En dehors bien sûr du communiqué rendu public.

Plutôt, l'heure doit être au TRAVAIL. «Cela exige de nous, qu'il faut soustraire de nos

habitudes, de celles de tous les agents de l'Etat et de tous les Togolais la paresse, la passivité, le laxisme, l'absentéisme, le retard, l'indiscipline, la nonchalance dans le traitement des dossiers», a lancé le Premier ministre.

Rappel est donc fait à l'endroit des ministres au sujet de récentes notes circulaires, notamment sur la permanente présence dans l'administration de fonctionnaires admis à la retraite. Et qui occupent toujours les bureaux. Il y a lieu de faire le ménage au sein des agents afin d'en garder ceux qui sont effectivement en activité. A ces maux s'ajoute l'appropriation du matériel mobile de l'Etat, devenu bien privé de certains responsables qui ne se gardent point de se pavaner, même à des heures tardives, avec des véhicules administratifs.

Alliance Gnassingbé-Mally pour la gestion du Togo

100 jours déjà !

La semaine prochaine, le Gouvernement Komlan MALLY aura passé cent jours. Un parcours qui suscite beaucoup de passion. Tellement les attentes sont grandes et ne respectent pas forcement la logique des choses. Que fera alors le Premier Ministre pour rassurer ses compatriotes qui lui veulent un bilan à mi-parcours ? Ira-t-il devant l'assemblée pour prononcer un discours bilan?

La constitution togolaise a prévu la présentation d'un programme de politique générale par le Chef de l'exécutif devant les élus du peuple dès la formation de son gouvernement. Cependant, elle ne dispose aucunement d'un texte obligeant ce dernier à faire un bilan formel devant quelque institution de l'Etat que ce soit, encore moins devant le législatif.

Toutefois, comme toute Œuvre humaine, le Premier Ministre pourra s'arrêter un instant pour apprécier le chemin parcouru en cent, deux cents…jours. Le tout dépend donc de lui. En tout état de cause, il lui faudra trouver un canal pour expliquer aux populations ce qu'il a pu faire pour améliorer leurs conditions de vie comme il l'a promis dans sa déclaration de politique générale le 17 décembre 2007. En tout cas, s'il ne le fait pas, personne ne lui en tiendra rigueur. Car de tous les premiers ministres que le Togo a connus depuis 1991, seul Edem KODJO a adressé le bilan de ses 100 jours au cours d'une conférence de presse pendant son deuxième passage à la primature en 2006.

En attendant que Komlan MALLY se décide, nous pouvons d'ores et déjà établir le constat que les Togolais sont restés sur leur faim.

Avec l'annonce de la reprise de la coopération de l'UE suite aux élections législatives d'octobre 2007, tous s'attendaient à ce que Bruxelles déverse des milliards sur le pays pour que le gouvernement puisse régler tous nos problèmes qui durent depuis quinze ans. On s'attend à voir sûrement de grands chantiers, de grands travaux poussés partout et des salaires multipliés par deux. Pour l'heure, l'UE n'a pas ouvert les vannes.

D'autre part, les institutions de Brettons Wood qui ont suivi l'UE dans sa reprise avec le Togo sont plus encore pointilleuses sur la gestion des finances publiques. Selon Washington, les fins liniers de la Banque Mondiale et du Fond Monétaire International seront encore à Lomé pour passer aux peignes fins la gestion du budget 2008 en cours d'exécution. Ce qui réduit, on le voit, la marge de manŒuvre des hautes autorités du pays qui se battent pour une reprise complète et définitive de la coopération avec les deux institutions.

Faudra-t-il alors faire serrer les ceintures quelques mois encore aux populations pour respecter toutes les conditionnalités des bailleurs de fonds et bénéficier des concours financiers énormes ou régler tout de suite et d'une manière éphémère les problèmes de l'heure des populations et perdre le parapluie financier de ces deux institutions qui servira à financer les projets vitaux dans le secteur social ? Voilà l'équation à plusieurs inconnues sur laquelle cogite certainement le tandem Faure-Komlan depuis 100 jours.

La première option choisie, tout se passe comme si les deux plus hauts responsables du pays ne se soucient aucunement des conditions difficiles dans lesquelles vivent leurs populations. Mais ont-ils les moyens immédiats pour régler les problèmes des Togolais ? Nous sommes un peu sceptiques. A moins que le pétrole annoncé aux larges de nos côtes jaillisse spontanément.

Sans jouer à l'avocat du diable, nous pouvons mettre à l'actif du tandem Gnassingbé-Mally l'apaisement du climat social sous fond de hausse des prix des produits de première nécessité dont la recherche de solution s'active, le renforcement de la démocratie et de l'Etat de droit apprécié par tous les observateurs.

Ne nous leurrons pas. Les problèmes d'un pays sorti d'une longue crise de quinze ans ne pourront se résoudre en un clin d'Œil. Mais disons déjà que le Premier Ministre Mally pourra certainement mieux faire pour les populations en améliorant leurs conditions de vie si son gouvernement était plus entreprenant.

Relance du développement : La BAD va soutenir le Togo

A l'instar de la Côte d'Ivoire, de la RD Congo et d'autres pays, le Togo est admis à bénéficier des facilités de la BAD pour la relance de l'économie et du développement des pays sortis d'une crise profonde. La décision est à l'actif de la reprise de la coopération avec l'institution.

En décembre dernier, les actionnaires de la Banque africaine de développement (BAD) ont approuvé la FEF – Facilité pour les Etats Fragiles – afin d'appuyer les économies sorties fraîchement de crises ayant anéanti l'appareil productif. Il s'agit, explique la BAD, d'un mécanisme de financement supplémentaire destiné à fournir des ressources additionnelles à des pays comme la Côte d'Ivoire, la Centrafrique, la République démocratique du Congo… pour leur permettre de rattraper le temps du développement consacré à se tirer dessus. Après près de 14 ans de crise sociopolitique, le Togo élu également élu à ce mécanisme, renouant de fait avec la Banque africaine de développement.

La reprise

«Le Togo y est éligible, tout comme la Côte d'Ivoire, la RD Congo et d'autres pays qui ont connu des crises profondes», a déclaré à la presse, samedi à Lomé, le président de la BAD Donald Kaberuka. Le Rwandais – qui effectuait sa toute première visite au Togo, le 29 février et 1er mars, depuis son arrivée à la tête de la BAD en septembre 2005 – venait de réaffirmer aux hautes autorités togolaises l'engagement de son institution à accompagner le pays dans la relance de l'économie. Tout comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international en ont pris la décision après que les acteurs politiques sont arrivés à boucler, en août 2006, la feuille de route de l'Union européenne par un accord politique.

Pendant qu'ils se faisaient des coups bas, depuis 1991, l'économie en prenait sa part. Résultat : elle en est arrivée au point de plus honorer les engagements auprès des créanciers du pays. «Le Togo a beaucoup reculé depuis quelques années sur le plan des indicateurs socioéconomiques. Donc, il faut donner la chance à ce pays d'évoluer positivement vers les objectifs de développement du millénaire», a indiqué Donald Kaberuka. Rappelant que le rôle de la BAD en tant que banque, «c'est d'appuyer le pays au moment où les conditions sont réunies».

La BAD note une croissance positive de l'économie de 2% et de 2,2% en 2006 et 2007. Le niveau de l'inflation a baissé au cours des mêmes périodes en dessous de la barre des 3% fixée par l'UEMOA. La situation des finances publiques, elle aussi, s'est considérablement améliorée, d'après le FMI et la Banque mondiale, grâce à une politique de rigueur dans le recouvrement des recettes fiscales. C'est le moment de donner le coup de pousse.

Vis-à-vis de la BAD, le Togo doit aujourd'hui environ 20 millions de dollars à la BAD. Mais, ensemble avec le FMI et la Banque mondiale ainsi que d'autres institutions, le BAD va s'attaquer en priorité aux arriérés du Togo pour lesquels les capacités actuelles du pays à honorer ses engagements envers ses bailleurs de fonds sont très limitée en ce moment. Etape incontournable dans le cadre de la normalisation avec les bailleurs de fonds. «Ensuite, nous allons participer avec d'autres bailleurs de fonds à la relance de l'appareil productif togolais», précise Donald Kaberuka. Une mission de la banque africaine est prévue à cet effet dans les prochaines semaines au Togo. Le pays a grand besoin d'investissements. C'est ce qui ressort d'ailleurs de la visite du président de la BAD principalement au site phosphatier de Kpomé et de Kpémé, livré à la ruine.

La Banque africaine de développement a financé au Togo, depuis 1972 jusqu'à la suspension de sa coopération, 27 opérations dont 24 projets ou programmes et 3 études pour près de 121,5 milliards de francs CFA.

Revue de presse

POLITIQUE : LE GOUVERNEMENT COMME IL BAT !

Du moins, comme il fait battre la presse privée. Au moment où le bihebdomadaire Forum de la Semaine ne veut pas comprendre que le premier symbole fort de l'Etat togolais se transforme en un hôtel de ville où «Faure célèbre un mariage à la nouvelle présidence de la République» –allusion faite à la «visite privée et familiale» le week-end du président Yayi Boni du Bénin, venu assister à l'union entre son beau-frère (grand patron de la BCEAO-Bénin) et une des filles de feu Gal Eyadéma–, Le Regard fait sa manchette : «l'Intersyndicale offre une dernière chance au gouvernement». On lira que les responsables syndicaux sont l'objet de pressions intenses de la part du pouvoir et de leur base. Pis est, ils sont également soupçonnés par leur base d'être soudoyés par les autorités pour taire leurs revendications (…)

Quoiqu'il en soit, on saura un peu plus sur les intentions réelles du chef de l'Etat. Gouverner, c'est prévoir. Il est temps que les gouvernants cessent de se faire menacer avant d'agir, écrit le journal. Et à Forum de la Semaine de croire déjà à la problématique des «syndicats alimentaires» dans la crise sociale au Togo.

Un ministre à l'honneur. «Intox ou sensationnel : le ministre des Sports déshonore son Président», titre le journal Le Regard, montrant que le politique n'a pas perdu les réflexes du temps du COD2 où il passait le plus clair de son temps à semer l'intox au sein de la classe politique pendant la transition de Koffigoh. Antoine Folly a choisi de créer un événement et d'alerter l'opinion par voie de presse. Il était en séance de travail à son ministère avec le bureau de la FTF et a reçu un coup de téléphone du Gal Zoumarou Gnofame le menaçant d'envoyer des militaires pour l'arrêter.

Il a quitté ses bureaux pour se réfugier auprès de son collègue de l'Administration territoriale Pascal Bodjona à son insu. Cette version des faits ne peut provenir que du ministre, car si le Gal Gnofame l'a appelé au téléphone, il est le seul à savoir le contenu de ce qu'il lui a dit. «Lorsqu'un ministre se sent menacé, ce qu'il y a de plus simple à faire est de saisir son collègue de la sécurité pour des dispositions à prendre. Dans le cas contraire, il informa directement le chef de l'Etat qui l'a nommé», fait remarquer le journal avant de s'interroger : «Folly comme Harry?».

Sous d'autres cieux, ce scandale suffit pour qu'un tel ministre indigne du gouvernement démissionne et parte de lui-même.

Peut-être avec tout le gouvernement. Certains journaux y croient. «Le gouvernement Mally bientôt remanié» (Les Arcanes), «Vers la dissolution du gouvernement du Premier ministre Mally?» (Liberté tri hebdo), «Le gouvernement Mally sur un siège éjectable» (Le Changement)… Dans une même approche, on veut faire croire que certains ministres posent problème ou certains départements sont le moins visibles.

En attendant, le gouvernement reste soudé et veut réattaquer les grands chantiers du pays depuis Nangbéto.

© L'Union du 7 mars 2008

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