Politique

Cicatriser les plaies

La Commission «Vérité, justice & réconciliation» (CVJR) a poursuivi ce week-end les audiences privées à Atakpamé. Une dizaine de témoins a été entendue sur les conflits intercommunautaires liés aux déplacements forcés de populations dans la région des Plateaux en 1992 et dans la région de Yoto. Abordés également, les violences consécutives à l’élection présidentielle de 2005.

Créée à l’initiative du président Faure Gnassingbé, la CVJR doit faire la lumière sur les évènements violents survenus au Togo entre 1958 et 2005.

 Voici un extrait du rapport d'activités de samedi

S’agissant des déplacements de populations, une victime a été auditionnée et lecture a été donnée d’un dossier y afférant. Les témoignages donnent à voir que les conflits fonciers ont été instrumentalisés par les tensions politiques qui ont caractérisé le contexte national dans les premières années du processus démocratique. Ces conflits ont conduit à des déplacements forcés de populations avec leurs lots de détresse.

Quant aux violences de 2005, l’audience des dix témoins et victimes a permis de savoir que les mécanismes de conciliation mis en oeuvre avant le déroulement du scrutin n’ont pas suffi à calmer la tension déjà perceptible avant le vote. A la proclamation des résultats, les passions déjà vives se sont donc déchainées dans une spirale de violences encore jamais vues à Atakpamé : les militants de tous les bords politiques munis d’armes blanches et de fusils se sont livrés bataille. Au total, on déplore des destructions de biens meubles et immeubles, des déplacements de personnes, de nombreux blessés et des pertes en vies humaines.

Deux enseignements peuvent être tirés des auditions de ce jour : d’abord, l’histoire du peuplement de notre pays et les enjeux liés à la gestion du foncier apparaissent comme une des causes majeures des conflits intercommunautaires. Ensuite, la disparition du Président Gnassingbé

Eyadéma, et le scrutin présidentiel organisé en avril 2005 pour mettre fin à la vacance du pouvoir ont exacerbé les antagonismes et contribué aux violences électorales. Atakpamé dont le caractère cosmopolite du peuplement a été mis en exergue par le président de la CVJR dans son allocution lors du lancement des audiences, pour le compte de l’Antenne régionale d’Atakpamé, a beaucoup souffert de ces événements tragiques. Par ailleurs, il apparait que les plaies sont loin d’être cicatrisées. Les attentes des populations, ici plus qu’ailleurs, sont grandes vis-à-vis des conclusions de nos travaux qui visent à apaiser les coeurs et à consolider la concorde nationale.

Le président de la CVJR, Mgr Nicodème Barrigah-Bénissan a exprimé à chacun et à tous la compassion de la Commission pour les souffrances subies. Il a lancé aux chefs traditionnels un appel solennel pour qu’ils contribuent à rassembler leurs populations. En outre, Mgr Barrigah-

Bénissan a rappelé qu’aucun témoin ne peut être poursuivi ni cité en justice pour ses propos au cours des audiences conformément au décret portant création de la CVJR.

Conformément à sa méthodologie, la Commission tient à rappeler que c’est à la lumière des différentes informations fournies par les différents intervenants au cours des audiences (publiques, in caméra et privées) ainsi que des rapports de ses investigations, qu’elle fera ses recommandations finales à l’attention du peuple togolais dans le sens de l’apaisement.

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