Politique

Une volonté de réforme manifeste

Deux ans à peine après le décès de Gnassingbé Eyadéma le 5 février 2005, beaucoup de tabous ont sauté et de choses ont changé au Togo, dirigé sans partage pendant 38 ans par le "Vieux", le surnom du général Eyadéma.

Certains signes ne trompent pas. Ainsi le 9 janvier le colonel Rock Gnassingbé a été battu à la régulière pour la présidence de la fédération nationale de football. L'information serait anecdotique s'il ne s'agissait du demi-frère de l'actuel président Faure Gnassingbé et surtout d'un des fils de feu le général Eyadéma."En d'autre temps, on aurait eu des magouilles", affirme Edem Amouzouvi, un financier togolais.

La Primature est désormais occupée par Yawovi Agboyibo, un opposant historique qui a fait six mois de prison sous Eyadéma, les législatives tant attendues sont théoriquement programmées pour juin et l'Union européenne envisage sérieusement de reprendre une coopération financière suspendue en 1993 pour "déficit démocratique".

Il y a même un projet en cours pour rebaptiser des avenues et des places de Lomé au nom de Sylvanus Olympio, le président assassiné le 13 janvier 1963 lors d'un coup d'Etat auquel avait participé Gnassingbé Eyadéma.

Jusqu'ici, il n'y avait de 13 janvier que l'"officiel", celui de 1967 marquant la prise de pouvoir du général-président.

Or depuis deux ans, on commence à célébrer des services religieux à la mémoire du chef d'Etat assassiné et cette année le 13 janvier a été pour la première fois critiqué publiquement, l'opposition jugeant cette célébration contraire à l'esprit de réconciliation. Le Premier ministre et certains ministres de l'opposition ont été jusqu'à bouder l'évènement.

Autant de signes qu'une normalisation est en cours et que le Togo revient de loin par rapport à il y a deux ans.

A la mort de son père, Faure Gnassingbé avait été installé d'autorité par les militaires dans le fauteuil paternel, ce qui avait déclenché une tempête de protestations à l'étranger. Il avait dû se résoudre à se faire élire en avril lors d'un scrutin contesté par l'opposition et émaillé de violences.

"Il y a chez Faure Gnassingbé une volonté de réforme manifeste, les évolutions vont dans le bon sens", juge un diplomate étranger à Lomé.

Un dirigeant d'opposition, Cornélius Aïdam, parle quant à lui d'"élan nouveau à consolider".

"Les choses changent progressivement. Les libertés fondamentales sont de plus en plus respectées et la manière de gérer la chose publique a changé avec de +nouvelles têtes+", estime Claude Vondoly, responsable d'une organisation des droits de l'homme.

Depuis l'arrivée de Faure, comme tout le monde l'appelle, les caciques du Rassemblement du peuple togolais (RPT, parti fondé par Eyadéma), ont pour leur part été mis sur la touche en douceur. Actuellement un seul ministre, celui de la santé Charles Kondi, a exercé une fonction ministérielle du temps du "Vieux".

Réputé pragmatique, Faure Gnassingbé a ainsi réussi en quelques mois à préserver ce qui pouvait l'être du régime de son père, assurer une continuité familiale, tout en décrispant le climat grâce à la signature d'un "accord politique global" le 20 août 2006.

La traduction la plus spectaculaire en a été l'entrée au gouvernement de plusieurs partis d'opposition.

Du coup toute la classe politique, de l'opposition jusque là figée dans des rivalités intestines, au RPT, qui fait l'apprentissage du partage du pouvoir, semble jouer le jeu en vue de législatives "libres et transparentes", comme le réclame l'UE.

Reste à tenir la date du 24 juin souhaitée par la Commission électorale indépendante (Céni), ce qui techniquement "demeure encore possible si les acteurs le veulent vraiment", estime un diplomate.

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